«La sécurité, c’est mon droit», tel est le titre qui accompagne les deux guides publiés sur un site à l’occasion de la rentrée scolaire et qui traitent de ce qui se passe et ce qui doit être fait pour protéger nos enfants de ce fléau qui, malheureusement, continue à faire du mal à un nombre considérable de jeunes élèves.
Ledit site a publié deux guides pédagogiques destinés à protéger les enfants contre le harcèlement sexuel : l’un pour les 6-10 ans, l’autre pour les 11-16 ans. Ces supports, intitulés «La sécurité, c’est mon droit», basés sur des histoires illustrées en bande dessinée, des jeux et des exercices adaptés à chaque tranche d’âge, visent à sensibiliser les enfants, faciliter la parole et accompagner parents et éducateurs dans la prévention.
Les guides expliquent comment identifier les comportements à risque, reconnaître les signaux d’alerte et dénoncer les agressions, tout en renforçant la confiance en soi et la prise de conscience corporelle.
L’auteure de ces deux guides, Khouloud Faïzi, sage-femme de formation, militante pour les droits de la femme et titulaire d’un master en droits humains, révèle d’entrée l’importance de ce sujet et ses conséquences, ainsi que ses effets sur le comportement des jeunes enfants. Elle n’a pas manqué de mettre en exergue une citation de Nelson Mandela : «Il n’existe pas de révélation plus sincère de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants». Le ton est déjà donné avec cette expression qui donne à réfléchir et à méditer sur la nécessité de lutter contre ce délit de haute gravité.
Lors d’une déclaration accordée aux médias, Khouloud Faïzi tient à préciser que ces guides constituent une initiative citoyenne. Ils visent à offrir aux enfants, aux parents et aux éducateurs des outils concrets pour reconnaître, prévenir et dénoncer les violences sexuelles et le harcèlement.
D’ailleurs, cette experte ne fait pas les choses à moitié puisqu’elle a choisi de présenter deux versions distinctes avec un guide pour les enfants de 6 à 11 ans et un autre pour les adolescents de 11 à 16 ans.
Un message clair et pédagogique
Quel contenu pour ces deux guides ? L’auteure précise qu’elle a choisi de présenter ces deux ouvrages dans un langage simple et accessible, et a assuré que ces supports tiennent compte des particularités psychologiques et cognitives de chaque tranche d’âge : «Ils proposent des dialogues réalistes, des situations du quotidien rencontrées à l’école, dans les espaces publics ou encore sur les réseaux sociaux, afin d’apprendre aux enfants que leur corps n’appartient à personne et qu’ils doivent et ont le droit de dire non».
L’auteure a ajouté que lors de la rédaction de ces guides, une attention particulière a été accordée au respect du contexte social et des valeurs culturelles. Tout langage choquant ou inadapté a été soigneusement évité, afin que le message reste clair, pédagogique et accessible aussi bien aux enfants qu’aux parents et éducateurs.
Et si ce sujet demeuré parfois tabou doit être évoqué et bien traité pour protéger nos jeunes enfants, il faut faire beaucoup plus pour arrêter ces dérives dont on parle, malheureusement, peu. Et c’est pour cette raison que Khouloud Faïzi insiste sur le fait que «protéger les enfants contre toutes les formes de violence est une responsabilité partagée entre la maison, l’école et la société. C’est une base essentielle pour construire une génération dans un environnement sûr, respectueux de sa dignité et garant de son droit à un développement sain».
L’auteure insiste sur le fait que, longtemps, des situations graves sont passées inaperçues ou ont été banalisées. Aujourd’hui, face à la montée du harcèlement sous toutes ses formes, y compris en ligne, il devient urgent de briser le silence et de donner aux enfants les moyens d’agir.
Le rôle des adultes
C’est dire que ces deux guides viennent à point nommé pour relancer le débat sur ce sujet préoccupant et pour inciter les autorités à agir de manière plus consistante et efficace. Car, au-delà de la sensibilisation, ces guides appellent à une mobilisation plus large. Le texte introductif des guides souligne la nécessité de politiques publiques ambitieuses, capables de traduire dans les faits les engagements de la Tunisie en matière de protection de l’enfance : «Nous avons aujourd’hui un besoin urgent de politiques publiques globales qui soient à la hauteur de l’évolution du cadre législatif pour la protection des enfants et qui traduisent l’engagement national et international à leur garantir sécurité et dignité».
Et comme elle a tenu à le dire, «il va falloir affronter la réalité avec courage, sans peur ni complaisance, car le vrai scandale serait de se taire».
Et si les enfants sont les principales victimes de l’harcèlement sexuel sous toutes ses formes, les adultes, particulièrement les parents, doivent également s’inspirer de ces deux guides pour ajuster leur comportement vis-à-vis de ce qui pourrait menacer leurs enfants. C’est qu’ils doivent adopter une approche basée sur l’écoute, le dialogue et la sincérité, plutôt que sur la peur ou la répression. Ces guides offrent aux parents et aux enseignants des outils pratiques pour instaurer un climat de confiance, essentiel pour que les enfants osent parler et demandent de l’aide lorsqu’ils se sentent en difficulté. «Nos enfants sont notre responsabilité. Soyons à leurs côtés avec l’écoute, le dialogue et la franchise», insiste-t-elle pour mettre en valeur l’importance du rôle des parents.
Côté statistiques et chiffres, une analyse de la situation des enfants en Tunisie réalisée par l’UNICEF en 2020 montre que 58,2% des élèves tunisiens ont déclaré avoir été victimes de violence physique et 3,3% avoir été victimes de violence sexuelle en milieu scolaire. De plus, 11,5% des élèves se sont plaints de négligence parentale.
Kamel ZAIEM