En septembre, la Tunisie a intensifié ses actions de promotion sur le marché asiatique, plus particulièrement en Chine (comme étayé dans notre édition d’hier), où l’Office national du tourisme tunisien dispose d’une antenne à Pékin.Cette présence active a permis au pays de prendre part à plusieurs manifestations internationales de premier plan, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour attirer une clientèle dont le potentiel économique est considérable. À travers ces initiatives, les responsables du secteur cherchent à inscrire la destination tunisienne dans une démarche stratégique de long terme, en conjuguant patrimoine culturel, innovation numérique et diplomatie économique.
La participation tunisienne au Salon international du tourisme de Guangzhou a constitué un moment fort de cette stratégie.
Ce rendez-vous, l’un des plus importants en Chine, a permis à la Tunisie de mettre en avant la diversité de son offre : un mélange de sites historiques, de paysages naturels et d’expériences alternatives qui intéressent particulièrement les visiteurs chinois en quête de découvertes culturelles. Au-delà de la promotion classique, le bureau de Pékin a mené des échanges ciblés avec de grands voyagistes et des compagnies aériennes. Ces rencontres bilatérales ouvrent la voie à de futures campagnes conjointes et à des projets de coopération qui devraient faciliter l’arrivée des touristes chinois vers la Tunisie. Des médias chinois ont également relayé ces démarches, donnant une visibilité accrue à la destination auprès d’un public qui connaît encore peu le pays.
Par ailleurs, la région de Tozeur a occupé une place particulière lors des initiatives de coopération internationale organisées en marge de ces salons. Située aux portes du Sahara, cette destination a été mise en avant comme un exemple de tourisme alliant authenticité, nature et culture. Des vidéos promotionnelles ont présenté la richesse de ses paysages, son artisanat et ses traditions, tandis qu’un accent particulier a été mis sur les événements à venir, comme le Festival international des montgolfières, prévu pour la fin octobre à Douz, Tozeur et Djerba. Ces manifestations constituent des occasions uniques de diversifier l’offre touristique et d’attirer une clientèle à la recherche d’expériences originales, loin des circuits balnéaires classiques. En mettant Tozeur en avant sur la scène internationale, la Tunisie cherche aussi à corriger l’image trop étroitement associée au tourisme de plage et à montrer qu’elle dispose d’un éventail d’atouts adaptés aux nouvelles tendances du voyage.
Le numérique et le durable au centre des débats
La Tunisie a également pris part à la Conférence mondiale sur la coopération et le développement touristique, organisée dans le cadre du Salon CIFTIS 2025. Réunissant plus de 600 participants issus de 66 pays, cette rencontre avait pour thème «Tourisme numérique et intelligent pour un avenir commun». Ce choix de thématique n’est pas anodin. Le secteur touristique mondial connaît une transformation rapide, avec l’essor des plateformes digitales, l’utilisation de l’intelligence artificielle pour cibler les voyageurs et l’importance croissante du tourisme durable. La Tunisie, en s’associant à ce type de débats, montre qu’elle entend s’adapter à ces évolutions et intégrer de nouvelles technologies dans sa stratégie de promotion.
Les touristes chinois représentent aujourd’hui l’un des segments les plus convoités par les destinations internationales. Leur nombre croissant, leur appétence pour les voyages culturels et leur capacité de dépense en font une cible stratégique. Pour la Tunisie, qui souhaite diversifier ses marchés émetteurs et réduire sa dépendance traditionnelle vis-à-vis de l’Europe, il s’agit d’un axe essentiel de développement. En misant sur la Chine, le ministère du Tourisme espère attirer une clientèle curieuse de découvrir des sites comme Carthage, Kairouan ou le désert du Sud, tout en valorisant les opportunités d’investissement dans l’hôtellerie et les infrastructures touristiques. La dimension économique de ces actions est donc double : attirer plus de visiteurs, mais aussi encourager la coopération avec des acteurs chinois dans le domaine du tourisme et au-delà.
Au-delà de la promotion commerciale…
La participation tunisienne à ces grands rendez-vous ne relève pas uniquement de la promotion commerciale, elle s’inscrit également dans une logique de diplomatie culturelle et économique. La présence d’un stand tunisien dans des plateformes internationales est l’occasion de projeter une image positive du pays, de renforcer ses relations bilatérales et de créer des synergies avec des partenaires stratégiques. Cette diplomatie touristique est d’autant plus importante que la concurrence est rude. L’Afrique du Nord, le Bassin méditerranéen et même plusieurs pays africains misent eux aussi sur le marché chinois. Pour se démarquer, la Tunisie doit valoriser ses spécificités, son hospitalité et la complémentarité entre mer, culture et désert.
Un enjeu de rayonnement international
Au-delà des retombées immédiates, ces initiatives visent à repositionner la Tunisie sur la carte mondiale du tourisme. Le pays ne se contente plus de séduire ses marchés traditionnels, il cherche à conquérir de nouveaux publics et à se placer dans les débats internationaux sur l’avenir du secteur. En combinant promotion numérique, rencontres professionnelles et mise en avant de régions comme Tozeur, la Tunisie tente de bâtir une image moderne et compétitive. L’objectif est clair : consolider son rayonnement à l’international et faire du tourisme non seulement un moteur économique, mais aussi un levier de coopération culturelle et diplomatique. Les actions menées en Chine témoignent d’une volonté claire d’élargir les horizons du tourisme tunisien. La participation aux salons internationaux, la mise en valeur du Sud, la présence dans les débats sur le numérique et le développement durable traduisent une approche plus intégrée et ambitieuse.
Il reste à voir si ces efforts se traduiront par une augmentation significative du nombre de visiteurs chinois et par des partenariats concrets avec les acteurs du secteur. Mais une chose est certaine : en choisissant de miser sur l’Asie, la Tunisie montre qu’elle veut s’adapter aux nouvelles dynamiques mondiales et inscrire son tourisme dans une logique de diversité et de compétitivité.
Leila SELMI
