Par Slim BEN YOUSSEF
Il faut croire en ceci : l’Éducation est la seule richesse inaltérable. Elle traverse les générations comme une flamme têtue. Sans elle, la cité s’anémie, les institutions se vident, les rêves se taisent. Aphorisme : sans école, il n’y a pas de nation. Croire en l’Éducation, c’est croire encore en la patrie.
Aujourd’hui, le système se lézarde. Les enseignants tiennent bon, cernés par des murs ternis, des plafonds fissurés, des pupitres grinçants. Leur mission reste la même : transmettre. Non un programme. Mais une manière d’habiter le monde. Entre la craie usée et la patience érodée, ils prolongent la République.
Réformer l’Éducation, c’est d’abord ranimer la forge d’excellence que furent les écoles normales. C’est restituer au maître la dignité d’une avant-garde, le sacerdoce d’une mission centrale. L’enseignant : citoyen, repère, fondateur. Trois définitions pour un seul métier. Trois exigences : science, conscience, liberté.
Réformer, c’est aussi panser les lieux – penser la matière. Le bâtiment inspire, la cour apaise, le drapeau élève. Pierre, bois, sentiment national : pédagogies muettes qui éduquent l’élève autant que la parole du professeur.
Mais le chantier doit creuser plus profond. L’apprentissage ne peut se réduire à la stérile répétition d’un savoir. Il est analyse, questionnement, reconstruction. Quatre gestes – découvrir, douter, imaginer, créer. Ultime offrande : la liberté de l’esprit.
Notes et classements ne disent rien de l’intelligence. Ils rangent, ils figent. L’échec enseigne. Une chute est parfois plus fondatrice qu’un triomphe trop vite acquis. L’école doit chercher d’autres échelles, d’autres confiances, d’autres manières de croire aux singularités de chaque enfant.
Et surtout, l’école doit respirer l’air du temps. Culture, technologie, histoire, actualité, art, science : tout doit entrer. Dialogue constant, brassage de savoirs. Là s’accomplit l’émancipation : apprendre à habiter le monde plutôt que le réciter.
L’émancipation ? Résister à l’uniformisation.
Nos aînés ont cru à l’Éducation. Leur labeur, leurs sacrifices, leurs victoires y demeurent. À nous d’en prolonger l’élan. L’École publique, socle de la République. L’Éducation, foi dans la patrie.
