«La main-d’œuvre féminine dans le secteur agricole constitue une force dynamique et essentielle, contribuant directement à la réalisation de la sécurité alimentaire. 14% de ces femmes sont salariées permanentes, tandis que 43% exercent en tant que saisonnières», a dévoilé la ministre de la Femme, de la Famille et des Personnes âgées, Asma Jebri.
L’intégration économique de la femme dans le secteur agricole demeure un enjeu majeur, régulièrement abordé afin d’identifier des solutions favorisant à la fois son inclusion économique et son épanouissement social. Dans cette perspective, plusieurs initiatives ont été mises en place pour renforcer sa présence et sa contribution dans le domaine agricole.
À ce titre, lors d’une séance d’étude consacrée à ce thème, la ministre a souligné que l’intégration économique des femmes dans le secteur agricole représente une priorité nationale. Elle a insisté sur le fait que cette démarche s’inscrit pleinement dans les orientations de l’État, guidé par la perspective de justice sociale.
«En effet, la participation économique des femmes n’est pas seulement un levier de développement et de croissance, mais également une garantie d’indépendance financière et un moyen de consolider l’équité et la cohésion sociale», a-t-elle révélé, rappelant l’importance d’accompagner les femmes à chaque étape de leur parcours professionnel.
Défis et inégalités
Malgré les initiatives de l’État visant à garantir aux femmes agricoles une intégration économique et sociale en tant qu’actrices essentielles de la sécurité alimentaire, ces dernières continuent de faire face à des inégalités et à des défis persistants.
À ce sujet, Florence Basty, représentante d’ONU Femmes en Tunisie, a indiqué que seulement 5% des femmes rurales sont propriétaires de terres, alors qu’elles représentent 70% de la main-d’œuvre agricole, mettant ainsi en lumière les inégalités structurelles auxquelles les femmes rurales sont confrontées.
Lors de la célébration de la Journée internationale de la femme, placée sous le thème de «L’intégration économique des femmes en milieu rural : commercialisation, défis et opportunités», Florence Basty a également révélé que 80% des femmes rurales travaillent dans l’économie informelle. «Les femmes rurales continuent de faire face à des obstacles majeurs pour accéder aux ressources, aux marchés et aux opportunités économiques», a-t-elle précisé.
Diversification des programmes
«Le ministère veille à diversifier les programmes de soutien économique en faveur des femmes et des filles, notamment par l’octroi de crédits ou la création de sources de revenus adaptées à leurs compétences et spécificités», a indiqué Asma Jebri.
La ministre a précisé qu’une partie de ce soutien est spécialement dédiée aux femmes travaillant dans le secteur agricole, en particulier celles employées de manière saisonnière. L’objectif est de faciliter leur accès aux moyens de production, de leur permettre de générer des revenus et de favoriser leur passage du secteur informel vers le secteur structuré.
«Depuis 2023, environ 200 bénéficiaires ont profité de ce programme, avec des crédits dépassant 2 millions de dinars», a-t-elle dévoilé.
Parallèlement, parmi les programmes d’inclusion économique menés par le ministère en faveur des femmes, elle a cité le Programme national pour l’entrepreneuriat féminin et l’investissement «Raidet», qui soutient les initiatives féminines dans le secteur agricole en finançant des projets adaptés à leurs qualifications et à leur situation sociale. «Grâce à ce programme, 400 bénéficiaires ont pu lancer des projets agricoles, pour un total de financements dépassant 5 millions de dinars», a ajouté la ministre.
Par ailleurs, elle a annoncé que cette année, le ministère a lancé la création d’espaces de formation et de commercialisation des produits féminins locaux dans différentes régions. Cette initiative vise à accompagner les femmes et les filles à chaque étape de leurs projets tout en facilitant la commercialisation de leurs produits et en renforçant leurs compétences professionnelles.
En outre, parmi les mesures mises en place par l’État pour favoriser l’intégration économique des travailleuses agricoles figure le Fonds de protection sociale. Ce fonds a pour objectif de créer des mécanismes d’autonomisation économique afin d’améliorer leurs revenus et de garantir des conditions de vie dignes. Il vise également à renforcer leur rôle dans l’économie, en reconnaissant leur contribution essentielle au développement du secteur agricole et à l’amélioration de sa productivité.
Ainsi, ce fonds assure une couverture santé pour les travailleuses agricoles, les protège contre les accidents de travail et les maladies professionnelles, tout en leur offrant une pension de retraite. Il garantit également des conditions de transport sécurisées, contribuant ainsi à leur sécurité et à leur bien-être au quotidien.
Depuis 2017, l’inclusion économique et sociale des femmes agricoles constitue une priorité majeure pour le ministère de la Femme. Dans ce cadre, une Stratégie nationale pour l’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles en milieu rural a été mise en place. Cette stratégie vise à renforcer le rôle des femmes rurales dans le développement agricole tout en promouvant leur autonomie financière et sociale.
La stratégie (2017-2020) repose sur plusieurs axes complémentaires pour assurer une participation active des femmes et des filles dans la société. Elle cherche d’abord à favoriser l’autonomisation économique, en améliorant l’employabilité, en facilitant l’accès aux moyens de production et aux marchés, et en intégrant les femmes dans l’économie.
Parallèlement, elle œuvre pour l’autonomisation sociale, en garantissant des conditions de travail décentes, des transports sécurisés et la protection des femmes actives dans le secteur agricole, tout en facilitant leur affiliation aux systèmes de sécurité sociale. Cette dimension sociale inclut également la lutte contre le décrochage scolaire des filles et la protection de leur droit à poursuivre leurs études.
Nouha MAINSI
