L’Agence de Protection et d’Aménagement du littoral (APAL), qui fête, cette année, ses 30 ans, a organisé, jeudi 25 septembre, la Journée méditerranéenne du littoral. Comme il a été plusieurs fois mentionné, la Tunisie est l’un des pays méditerranéens les plus exposés à l’érosion côtière, et le changement climatique commence à transformer son littoral, un littoral qui s’étend sur environ 2.300 km.
Selon un communiqué, l’Agence de Protection et d’Aménagement du littoral (APAL), sous l’égide du ministère de l’Environnement, le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE), le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) et le Centre d’Activités Régionales pour le Programme d’Actions Prioritaires (CAR/PAP) ont organisé, le jeudi 25 septembre, la Journée méditerranéenne du littoral.
Il faut savoir que la Journée du littoral célèbre, chaque 25 septembre depuis 2021, le patrimoine naturel, économique et culturel de la zone côtière méditerranéenne, en mettant en lumière l’importance des zones côtières pour les populations et la planète, et en promouvant des solutions pour assurer leur durabilité sur le long terme face aux pressions environnementales et sociales croissantes.
Notons que 150 millions de personnes vivant le long des côtes voient menacer leurs moyens de subsistance, leurs modes de vie et leur bien-être.
Toujours selon le communiqué, la journée a permis des études et des réflexions afin d’impulser des changements significatifs en Méditerranée, à travers l’élaboration de politiques inclusives, la mise en œuvre de mesures de protection de l’environnement côtier et marin, le renforcement de la recherche et la diffusion des connaissances. D’autre part, des projets pilotes de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) chez nous et en Méditerranée ont été présentés, et une exposition sur la biodiversité marine a été présentée à l’initiative de l’Université des Sciences de Sfax dans le cadre du projet Orientate.
Rappelons, au passage, qu’Orientate est un projet de recherche de trois ans, qui a débuté en mars 2022 et s’est clos en mars de cette année, inspiré et alimenté par la nature, et qu’il visait à relever le défi de la réduction de l’érosion côtière grâce à des solutions fondées sur la nature. Notre pays est l’un du bassin méditerranéen où le recul du littoral est le plus rapide, avec une moyenne de 64 cm par an
Il est, également, noté que cette édition 2025 a coïncidé avec la célébration du 30e anniversaire de l’APAL et du 50e anniversaire du PAM.
Les îles de Kerkennah, la priorité
Etablissement public à caractère non administratif, créé par la loi N°95-72 promulguée le 24 juillet 1995, l’APAL a 30 ans de carrière entre activités et stratégies côtières. Comme indiqué sur son site,
elle est appelée à exécuter la politique de l’État dans le domaine de la protection et de l’aménagement du littoral, protéger le domaine public maritime contre les empiétements et les occupations illicites et donner son approbation à tout projet d’aménagement et d’équipement sur le littoral avant son exécution.
Parmi ses missions et objectifs, l’on trouve la gestion des espaces littoraux par la réalisation, le suivi et le contrôle des opérations d’aménagement et de protection, l’élaboration d’études d’expertise et de recherches relatives à la protection du littoral et à la mise en valeur des zones naturelles et des zones sensibles, la réhabilitation et la gestion des zones côtières naturelles.
Le communiqué mentionne que l’APAL a, récemment, élaboré des cartes de vulnérabilité détaillées, projetant l’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2100, ne s’agissant pas de modèles abstraits, mais d’outils d’aide à la décision pour renforcer certaines zones urbaines ou se retirer d’autres, plus à risque, ajoutant que Kerkennah constitue un terrain d’expérimentation pour ces stratégies en constante évolution.
Il faut savoir qu’en 2017, la partie nord Kerkennah faisait partie des sites prioritaires recommandés par la stratégie de développement des Aires Marines et Côtières Protégées dans notre pays. Comme indiqué sur le site de l’APAL, il a, donc, été adopté et débuté une approche participative et intégrée consistant à présenter et à discuter avec les acteurs locaux des objectifs du plan de gestion, de son phasage et de la stratégie de mobilisation des parties prenantes. Le plan de gestion de Kerkennah devait se baser sur une synthèse des données et des études, avec, par la suite, une analyse des différentes interactions et la proposition d’un plan de gestion comprenant des actions de protection, de préservation et de valorisation.
Rappelons qu’en avril dernier, le ministre de l’Environnement avait souligné l’importance de poursuivre les programmes de protection du littoral, précisant que 20% du littoral des îles de Kerkennah est menacé par l’érosion à cause des effets du changement climatique -qui se manifeste, dans la région, 20% plus rapidement que la moyenne mondiale-, et que les travaux de protection demandaient 11,6 millions de dinars.
Vers une augmentation du niveau des mers de 40 cm
Quant au PAM, il a été créé en 1975 en tant qu’accord multilatéral sur l’environnement dans le cadre du Programme des mers régionales du PNUE. Notre pays a signé la convention (pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée) de Barcelone de 1976 en mai de la même année, l’a ratifiée en juillet 1977, l’a fait entrer en vigueur en juillet 2004.
Il a signé le Protocole relatif à la GIZC de la Méditerranée en janvier 2008 et l’a ratifié en 2022, s’engageant, ainsi, à transformer ses dispositions juridiquement contraignantes en droit national, afin de prendre des mesures actives pour protéger les côtes dans le cadre du développement durable.
La journée méditerranée du littoral est un appel pour l’action. Comme indiqué dans la brochure de présentation de la journée réalisée par le Centre d’Activités Régionales pour le Programme d’Actions Prioritaires, l’urbanisation rapide et le tourisme de masse dégradent les écosystèmes côtiers fragiles, tandis que la pollution, l’exploitation non durable des ressources et la perte d’habitat menacent la biodiversité marine.
Selon «La Méditerranée à l’horizon 2050. Une prospective du Plan Bleu» (2025), les projections ne sont pas rassurantes, si rien n’est fait. Ce Plan Bleu prévoit, entre autres, un scénario dans lequel les températures seront supérieures de 2,3°C à la moyenne de l’ère préindustrielle, le niveau des mers
s’élèvera de 40 cm, les écosystèmes marins seront «tropicalisés» et périodiquement frappés par des «vagues de chaleur marine» mortelles, les populations d’espèces marines exploitées chuteront de 20%, les rendements agricoles diminueront de 17%, la quasi-totalité de la population du bassin souffrira de pénuries d’eau, la population régionale augmentera de 20 à 30%, pour atteindre 690 millions d’habitants, et au moins la moitié de la population et des activités de la région sera concentrée sur le littoral, représentant une forte augmentation par rapport aux 30 à 40% actuels.
Zouhour HARBAOUI