Les enseignants du primaire ont observé, hier, une grève dans l’ensemble des écoles publiques pour dénoncer le blocage des négociations avec le ministère de l’Education sur leurs revendications, dont notamment la majoration des salaires, la révision du temps scolaire et la création d’une indemnité récompensant l’effort pédagogique.
«La grève a été bien suivie, avec des taux de participation dépassant 90% dans la plupart des régions», a indiqué la Fédération générale de l’enseignement de base dans un communiqué.
Le secrétaire général adjoint de cette fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Taoufik Chebbi, a rappelé que le ministère de tutelle refuse catégoriquement le dialogue avec la partie syndicale, en dépit des multiples correspondances qui lui ont été adressées ces derniers mois.
«Notre mouvement de grève n’est pas une fin en soi. Ce débrayage avait été décidé le 1er août pour laisser le temps à des négociations, mais le ministère fait depuis, la sourde oreille. La dernière séance de dialogue remonte à mars 2025, et nous n’avons même pas été convoqués à une séance de conciliation avant la grève, comme le stipulent les dispositions des législations du travail en vigueur», a-t-il déclaré.
La Fédération de l’enseignement de base, qui avait déjà organisé une série de rassemblements de protestation devant tous les commissariats régionaux de l’Education en juillet et une «journée de colère nationale» le 28 août, réclame en premier lieu des majorations salariales conséquentes pour compenser la détérioration du pouvoir d’achat des enseignants au cours des dernières années.
Elle demande également la création d’une «indemnité d’effort pédagogique» et la révision du temps scolaire, estimant que les conditions de travail des enseignants ne cessent de se détériorer sous l’effet du manque de moyens de travail, du recours massif aux heures supplémentaires, de l’encombrement des classes, de la dégradation des services de base dont la disponibilité de l’eau courante et de l’électricité dans de nombreuses écoles primaires, et plus particulièrement dans les petites villes situées à l’intérieur du pays et dans les zones rurales.
Des revendications qui ont un impact financier considérable
Les revendications portent aussi sur la création d’une fonction de directeur adjoint dans les écoles les plus surchargées, ainsi que sur la révision du mouvement des directeurs des écoles primaires et du mouvement périodique des enseignants, qui ont été décidés avant la rentrée scolaire de façon «unilatérale et non transparente» par le ministère, la régularisation de la situation des titulaires de la licence appliquée en éducation et enseignement (LAEE) et le reclassement des instituteurs appartenant à la catégorie «A3» (niveau bac+4 et maîtrise).
La Fédération de l’enseignement de base presse par ailleurs le ministère de l’Education de reprendre le dialogue sur les modalités de mise en œuvre de plusieurs accords en suspens conclus depuis 2022. Ces accords concernent essentiellement la titularisation des enseignants stagiaires, la reconnaissance du droit des instituteurs à l’avancement professionnel à travers l’organisation de sessions d’inspection périodiques et l’octroi d’une «note de base» à l’ensemble des enseignants, le décaissement des arriérés de salaire au profit des enseignants suppléants et contractuels et de l’indemnité de travail dans les zones rurales.
Le ministère de l’Education estime cependant que la majorité des revendications exprimées par les enseignants a un impact financier considérable qui risque de grever les équilibres budgétaires, alors que la masse salariale de la fonction publique représente déjà près de 15% du produit intérieur brut (PIB) du pays et à l’heure où le gouvernement se penche sur des dossiers plus urgents tels que l’intégration de plusieurs milliers d’enseignants suppléants et la suppression des diverses formes de travail précaire telles que la sous-traitance et l’intérim dans le secteur public.
Walid KHEFIFI
