Le Ministère de la Jeunesse et des Sports a annoncé le lancement de sa campagne nationale contre le tabagisme sous le slogan « Sport sans tabac ». Dans son communiqué, le ministère a précisé que cette initiative de sensibilisation, menée en partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), vise à informer le public sur les dangers du tabagisme pour la santé physique, en mettant particulièrement l’accent sur ses effets négatifs sur les sportifs et leurs performances.
La campagne met en lumière l’importance de la pratique sportive comme moyen de prévention et d’amélioration de la qualité de vie, tout en encourageant l’activité physique comme outil de lutte contre le tabagisme. Selon le ministère, l’activité physique réduit l’envie de fumer, aussi bien pendant qu’après l’effort, jusqu’à 50 minutes après la pratique. De plus, la pratique régulière du sport aide à renforcer le contrôle de soi et à mieux gérer l’humeur pendant la période de sevrage tabagique.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère a annoncé que la campagne s’accompagnera de multiples initiatives concrètes destinées à sensibiliser le public et à promouvoir un mode de vie sain.
Tout d’abord, des journées de sensibilisation ouvertes seront organisées dans les centres sportifs et les délégations régionales, combinant démonstrations sportives et examens médicaux gratuits.
Ainsi, des événements sportifs seront lancés afin de stimuler l’activité physique et l’esprit de compétition saine. Parallèlement, des ateliers de sensibilisation se tiendront dans les lycées sportifs, accompagnés de la diffusion de vidéos éducatives sur les réseaux sociaux, avec la participation de sportifs pour inspirer les jeunes.
En outre, des séminaires interactifs seront animés par des médecins, spécialistes de la santé publique, entraîneurs et sportifs, afin de présenter de manière concrète les bénéfices immédiats de l’arrêt du tabac et d’inciter chacun à adopter un mode de vie plus sain et équilibré.
Environ 20 % des décès annuels
À ce sujet, Olfa Saidi, représentante du bureau de l’OMS en Tunisie, a souligné qu’une étude menée par le Ministère de la Santé en 2016 révélait que 25 % de la population tunisienne âgée de plus de 25 ans consomme régulièrement des produits du tabac. « La consommation de tabac concerne près d’un homme sur deux dans le pays », a-t-elle précisé lors d’une interview à la radio nationale.
Olfa Saidi a affirmé que cette situation entraîne des conséquences sanitaires lourdes. « En effet, 65 000 décès sont enregistrés chaque année en Tunisie à cause de diverses maladies, dont 13 200 décès directement liés au tabagisme, soit un cinquième des décès annuels (20,31 %) », a-t-elle indiqué.
Mais le tabagisme ne concerne pas seulement les adultes. Chez les jeunes, il progresse de manière inquiétante. 22,8 % des adolescents tunisiens âgés de 13 à 15 ans consomment aujourd’hui des produits du tabac sous différentes formes. « Ces adolescents, dont 30 % sont des garçons et 15 % des filles, sont exposés très tôt aux risques liés au tabagisme », a-t-elle déclaré.
Ainsi, la responsable a alerté que les statistiques révèlent une augmentation préoccupante du tabagisme chez les jeunes filles par rapport aux données de 2005.
Par ailleurs, selon une étude conjointe entre le Ministère de l’Éducation et le Ministère de la Santé, 45 % des enfants de moins de 12 ans ont déjà expérimenté la cigarette au moins une fois.
Face à ces chiffres préoccupants, Olfa Saidi a insisté sur l’urgence d’une action coordonnée. Elle a notamment appelé à réviser les lois et les textes réglementaires afin d’interdire strictement la vente de tabac aux enfants et de renforcer les mécanismes de contrôle et de prévention.
Deux milliards de dinars chaque année
Ce sujet avait déjà été abordé au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) lors d’une séance de travail qui s’est tenue en juillet 2024. Cette réunion a réuni la Commission de la Santé, de la Femme et de la Famille, des Affaires Sociales et des Personnes Handicapées, la Commission des Finances et du Budget, ainsi que les représentants du Bureau régional de l’OMS.
Lors de cette rencontre, la représentante du bureau de l’OMS en Tunisie, Olfa Saidi, a présenté un exposé intitulé « Lutte contre le tabagisme en Tunisie : réalité et défis », dans lequel elle a fourni de nombreux chiffres et indicateurs sur cette problématique.
Elle a souligné que les cigarettes électroniques sont très répandues chez les jeunes, avec 17 % d’entre eux qui en consomment, en rappelant qu’il s’agit d’un produit du tabac et non d’un outil pour arrêter de fumer. Olfa Saidi a également évoqué l’impact économique du tabac, estimant que les maladies liées au tabac coûtent chaque année près de deux milliards de dinars à la Tunisie.
« 25 % de la population tunisienne est fumeuse, 15 % des jeunes consomment du tabac, et selon les dernières études, l’âge moyen de la première cigarette est désormais de sept ans », a-t-elle indiqué.
Ainsi, la responsable a mis en lumière les lacunes de la législation tunisienne sur ce sujet, notamment en ce qui concerne l’interdiction de la vente de tabac aux mineurs, et a présenté les propositions de l’OMS au niveau législatif, telles que l’interdiction stricte de la vente aux mineurs et l’augmentation des taxes sur le tabac.
À l’échelle mondiale, le tabagisme reste une menace majeure pour la santé publique. Selon l’OMS (25 juin 2025), il est responsable de plus de 7 millions de décès chaque année, ainsi que de handicaps et de souffrances à long terme liés aux maladies causées par le tabac.
« Parmi les 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, plus de 80 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où la mortalité liée au tabac est la plus lourde », a souligné l’OMS.
En outre, l’organisation a précisé que le tabac tue jusqu’à la moitié de ses consommateurs qui n’arrêtent pas. Chaque année, 1,6 million de non-fumeurs meurent à cause de l’exposition involontaire à la fumée.
Nouha MAINSI
