Nombreux sont les cas de harcèlement qui ont toujours été perpétrés dans nos institutions scolaires, mais ils passaient souvent sous silence, de peur du scandale ou de représailles. Et le fait qu’on n’en parle pas ou qu’on n’ose pas en parler n’exclue pas l’existence de tant de victimes qui ont subi de tels actes lors de leur enfance ou durant leur scolarité dont certaines vivent encore traumatisées sous l’effet du choc, sans oublier les souffrances que leurs familles ont dû endurer.
Les élèves peuvent subir du harcèlement à l’école sous forme physique (coups, bousculades), verbal (insultes, moqueries), psychologique (menaces, humiliation) et social (exclusion). Il peut également être matériel (vols, racket) ou sexuel (attouchements, gestes ou paroles déplacés). A tout cela , s’ajoute depuis quelques années le cyberharcèlement (rumeurs en ligne, diffusion de photos), une nouvelle forme de harcèlement scolaire de plus en plus fréquente parmi nos élèves. Cette forme de harcèlement se fait à l’aide de technologies numériques. Il peut inclure la publication de rumeurs, d’insultes ou de commentaires humiliants sur les réseaux sociaux, la diffusion de photos ou vidéos privées et embarrassantes ou encore la création de groupes ou de pages sur les réseaux sociaux à l’encontre d’un élève.
C’est malheureusement courant !
Partant du fait que le harcèlement sexuel est un acte, un comportement ou des paroles désagréables susceptibles d’offusquer ou d’humilier quelqu’un, on pourrait dire sans ambages que ce phénomène se pratique aujourd’hui dans nos écoles. Même si des chiffres officiels concernant les actes de harcèlement n’existent pas, il n’en demeure pas moins évident que dans nos écoles le phénomène se pratique quotidiennement, entre les élèves, filles et garçons, dans nos écoles, notamment lycées et collèges, de par le comportement des garçons envers les filles où les gros mots, le langage sexuel, les attouchements corporels etc. en plein public sont fréquents. D’ailleurs, par le passé, on a même relevé des cas de harcèlement sexuel pratiqués sur des élèves de la part de leurs professeurs. Mais, ces cas ont toujours été minimisés et camouflés, car tout simplement cela ne devrait pas se passer dans une école, lieu de savoir et de bonnes mœurs, entre le professeur et son élève !
En effet, il faut le reconnaître, le harcèlement sexuel pourrait se produire entre élèves dans une salle de classe, sur le terrain de sport, dans la cour ou dans les escaliers, tout comme dans une bousculade à la sortie ou à l’entrée de l’école ou durant leur groupement aux alentours de l’école. On nous racontait qu’un jour, un élève de 8e année de l’enseignement de base, dans un collège de la banlieue sud, se trouvant seul, en fin de séance, avec quelques filles, s’est totalement dévêtu, ce qui était horrifiant pour ces filles qui se sont plaintes à l’administration. On a également entendu parler d’un autre cas où un jeune professeur envoyait par SMS des messages à l’une de ses élèves qui est allée, preuve à l’appui, se plaindre auprès d’une autre professeur qui n’a pas hésité d’en parler à l’administration. On croit savoir que l’année suivante, ce professeur a été muté dans un autre collège !
Pratiques devenues monnaie-courante
Personne ne peut donc dénier les faits. Dans nos écoles, les cas de harcèlement sont fréquents et les victimes sont habituellement des filles. Dans le contexte scolaire, le harcèlement peut prendre d’autres formes : la plus connue et la plus répandue parmi les élèves, c’est ce qu’on appelle le cyber-harcèlement. En effet, avec le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, les élèves harceleurs peuvent poursuivre leurs victimes hors des murs de l’école, en leur envoyant, via leurs téléphones portables des messages obscènes et dégoûtants et des photos ou des vidéos obscènes. Lors des sessions de chat sur le net, ils peuvent choquer leurs victimes par des propos malsains et pervers qui peuvent les mettre dans un état permanent d’insécurité et d’angoisse.
Il s’agit en général de paroles moqueuses ou flatteuses sur le physique de l’autre ou sur son aspect vestimentaire, d’une propagation de rumeurs mensongères autour d’un camarade de classe, concernant ses relations intimes avec d’autres copains ou copines. La drague des filles passe elle aussi pour un acte de harcèlement sexuel, dans la mesure où elle échappe aux règles de la courtoisie et de la galanterie et devient un art qui a sa propre nomenclature de paroles osées, choquantes et souvent humiliantes qui ne peuvent que vexer et intimider l’autre. Ce n’est pas une flatterie ni une taquinerie plaisante non plus, surtout que la drague n’est plus discrète comme avant, mais se pratique en plein public, comme si on voulait intimider la personne en question ! De telles situations existent bel et bien dans nos écoles. La question est de savoir si on pourrait endiguer ces comportements bizarres chez nos élèves, garçons et filles ! Et si toute victime d’un acte de harcèlement osait en parler à ses parents, à une personne confidente ou à un proche parent, on pourrait peut-être y remédier !
Des parents affolés. Et pour cause !
Il est vrai que les cas de harcèlement survenus dans nos écoles ne sont pas toujours médiatisés, mais il y a toujours des cas effrayants d’élèves harcelés au cours de leur scolarité. Certains parents remarquent un changement de comportement chez leur enfant et, en cherchant les causes, ils finissent par découvrir que leur enfant est victime d’un harcèlement quelconque à l’école. Cela suscite sans doute leur peur et leur inquiétude. Que de plaintes déposées auprès de l’administration par ces parents à cause d’un harcèlement subi par leur enfant. Mais parfois les mesures punitives à l’encontre des élèves harceleurs ne sont pas toujours efficaces, car le harcèlement a tendance à se vulgariser à travers les réseaux sociaux, moyennant les nouvelles technologies dont les élèves sont de grands manipulateurs. Aujourd’hui, les enfants harcelés à l’école continuent à l’être sur les réseaux sociaux, à tout moment. Et souvent à l’insu de leurs parents parce qu’ils n’osent pas souvent dénoncer leur harceleur. Dans ce cas, les parents sont appelés à contrôler leurs enfants au cas où ils remarquent un quelconque changement sur leur comportement.
Hechmi KHALADI
