Le chapitre des migrants subsahariens en Tunisie n’est pas encore clos malgré tout ce que l’Etat a entrepris pour régler ce problème en usant des normes internationales et de la situation du pays. Aujourd’hui, les opérations de rapatriement et de retour volontaire se poursuivent alors que la prudence est de mise pour éviter de nouveaux flux de migrants vers notre pays.
Selon les derniers échos à propos de ce phénomène que la Tunisie connaît depuis trois à quatre ans, ceux qui n’ont pas encore quitté la Tunisie se comptent encore par milliers. Toutefois, ils demeurent sous contrôle dans l’attente d’un proche retour dans leurs pays d’origine.
Ce que l’on sait, également, c’est que les opérations de retour volontaire se poursuivent et l’Etat continue à offrir les meilleures conditions possibles pour que cette action aboutisse, dans une totale transparence, à évacuer un bon nombre de ces migrants subsahariens.
Avant-hier mardi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Tunisie a annoncé avoir assuré le retour volontaire de 138 citoyens guinéens vers leur pays d’origine, à bord d’un vol affrété de Tunis à Conakry (Guinée), à l’initiative de l’OIM, dans le cadre de son programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration. Dans un communiqué, l’organisation a précisé que l’équipe de l’OIM en Guinée est chargée d’accueillir les migrants concernés à leur arrivée à Conakry et les accompagnera dans la mise en œuvre de projets de réinsertion destinés à faciliter leur intégration sociale et économique dans des conditions durables et dignes, répondant à leurs aspirations.
Ni un pays de transit , ni d’accueil
L’OIM a souligné que ce programme est mis en œuvre par son bureau en Tunisie, avec le soutien de l’Union européenne et du gouvernement suédois, et en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes et le consulat concerné.
Il faut également rappeler que la Tunisie continue à prendre en charge les billets d’avion pour le retour volontaire des migrants subsahariens en situation irrégulière, sans attendre l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mise en œuvre ces derniers mois, cette nouvelle mesure permet le transfert quotidien de groupes de migrants volontaires vers l’aéroport international de Tunis-Carthage puis vers les pays concernés, les frais de voyage étant intégralement assumés par l’État tunisien.
Ceci nous rappelle les propos du président de la République concernant la politique entreprise par l’Etat face à cet épineux dossier : « La politique tunisienne vis-à-vis des migrants irréguliers originaires d’Afrique subsaharienne est fondée sur des principes humanitaires et éthiques. Le traitement des Africains subsahariens en situation irrégulière en Tunisie a été fait selon une approche humaine et éthique, unique au monde ».
C’est dire que la Tunisie insiste à faire comprendre à tout le monde qu’elle n’est pas un pays de transit, ni d’accueil pour les immigrés non réglementaires, mais qu’elle les traite en fonction des valeurs humaines, d’ailleurs non adoptées ailleurs.
A propos de ces retours volontaires, les chiffres confirment un nouvel état d’esprit de ces migrants qui ont fini par comprendre qu’il vaut mieux rentrer au pays que de risquer tout ce qui se rapporte à leur statut de migrant illégal.
Selon les autorités tunisiennes, 7 250 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont bénéficié du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en 2024, contre un peu plus de 2 250 en 2023.. Pour l’année 2025, on avance un chiffre encore plus signifiant puisqu’on s’attend à ce que ce nombre atteigne près de 15 mille.
Des statistiques édifiantes
Et si le nombre d’étrangers non réglementaires en Tunisie, essentiellement des Subsahariens, se compte par des dizaines de milliers, celui des résidents réglementaires est assez limité. Ainsi, le nombre des étrangers résidents légalement en Tunisie entre 2019 et 2024 a atteint 14.570 résidents, la plupart de l’Afrique subsaharienne. Les principales motivations de la migration sont les études et la recherche d’emploi, selon les résultats du recensement 2024 de l’Institut National de la Statistique (INS).
Les migrants en provenance de l’Afrique subsaharienne viennent en tête avec (33,6%), suivis des pays du Maghreb avec la Libye (13,2%), l’Algérie (9,1%) puis d’autres pays arabes (17,9%). S’agissant des pays européens, la France est classée première avec (8%) suivie de l’Italie avec (2,8%).
Les migrants résidents en Tunisie sont répartis comme suit : Tunis capitale (37,3%), Ariana (18,2%) puis dans les villes côtières comme Sousse (11,3%), ensuite Médenine (5,8%) et Sfax (5,2%). Selon la même source, les plus faibles taux de migrants sont enregistrés dans les gouvernorats de Siliana, Zaghouan et Tozeur.
Les principales motivations des migrants sont, professionnelles (27%), ou induites par des raisons familiales (23%) ou d’études (23%). Le rapport de l’INS indique que 33,2% des résidents étrangers ont pu accéder au marché du travail entre 2019 et 2024.
S’agissant du niveau d’instruction, les statistiques montrent que (42,5 %) des étrangers ont un niveau de l’enseignement supérieur et (31%) ont un niveau secondaire. Seulement (8,7%) des migrants résidents en Tunisie ont un niveau de l’enseignement primaire et (17,8%) sont analphabètes, précise la même source.
Kamel ZAIEM
