Par Samia HARRAR
Que Marwane Barghouti soit tabassé dans sa cellule par ses bourreaux israéliens, ce n’est pas si grave. Qu’il ait quatre côtes cassés et quelques « égratignures »: il n’y a pas là de quoi fouetter un chat parce que, il faut bien en convenir, terroriste un jour, terroriste toujours, il s’agit juste de lui rappeler, par conséquent, que ses geôliers ne le torturent pas pour rien, puisqu’il n’a toujours pas, et même après toutes ces longues années, suffisamment expié ses péchés pour qu’il puisse mériter d’être absous, n’est-ce pas, de tous ses crimes. Entendons-nous bien sur l’essentiel: par essence et par définition, un Palestinien qui s’insurge contre l’occupation et l’injustice, et qui ose y opposer de la résistance, c’est forcément un terroriste. Et pour ce qui regarde les Palestiniens, en Cisjordanie ou à Gaza, il est un fait qu’ils sont tous coupables, jusqu’à preuve du contraire, qui ne viendra pas. Jamais. Il va de soi que face à la nation la plus civilisée du Moyen-Orient, la seule démocratie qui vaille, et excusez du peu, il n’est pas admis de parler de résistance parce qu’il ne faut surtout pas mélanger les genres, étant donné que l’affaire est entendue justement. Non, il n’y a pas lieu d’évoquer, fut-ce en y mettant la forme, la résistance palestinienne : ce serait le sacrilège et la meilleure façon d’encourager le terrorisme. A partir de là, il est permis de discuter. Enfin, discuter n’est pas une exigence en soi puisque, en réalité, le seul point de vue qui vaille, c’est celui d’une entité sioniste qui n’admet pas, on l’aura compris, que l’on confonde la résistance avec le terrorisme. « Confortée » en cela par la bienpensance d’un certain Occident dévoyé, dont les instances officielles sont intimement convaincues que les Ukrainiens, lorsqu’ils se battent contre les Russes, font œuvre de résistance et c’est leur droit le plus fondamental, et il s’inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des citoyens, qui est sans équivoque sur la question de l’auto-détermination et des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce droit qui sonne creux depuis Gaza, ô combien, puisqu’il est de fait que tout Palestinien qui lutte pour sa survie et pour sa liberté est forcément un terroriste. Double-standard?
D’un côté, il y a les otages israéliens, enfin libres, et rendus aux leurs, pour ceux qui sont encore en vie. De l’autre côté, il y a les prisonniers palestiniens envers lesquels l’empathie n’est ni évidente ni de mise. Pas de compassion et pas de pitié pour les terroristes. Femmes et enfants, aussi. Pour l’heure, la question est de savoir si Israël va respecter le pacte. Dans toutes ses phases. La parole d’honneur d’un premier ministre génocidaire, on sait ce que ça vaut. Tous les peuples libres du monde, ont fini par comprendre, qu’il ne fallait pas trop y compter. Alors, ne quittons surtout pas, les Palestiniens des yeux! Que ce soit à Gaza, ou en Cisjordanie, tant qu’un État palestinien, dans les frontières de 1967 n’a pas encore vu le jour, la paix n’est pas solvable, aussi fragile que ténue. Tant que les criminels de guerre israéliens n’auront pas été jugés, aussi…
