En vue d’accélérer la mise en œuvre du décret-loi n°3 de 2025 sur les sociétés communautaires, le ministre de l’Emploi Riadh Chaoued a tenu une séance de travail consacrée à l’élaboration d’un programme exécutif concret, durable et efficace. Dans la même dynamique, la secrétaire d’État Hasna Jiballah, chargée des sociétés communautaires, affiche sa détermination à renforcer la gouvernance de ces structures et à soutenir les porteurs de projets, afin de faire des sociétés communautaires un véritable moteur de développement local.
Ainsi les sociétés communautaires ne doivent plus être perçues comme de simples expériences sociales, mais comme un véritable levier stratégique de croissance, d’emploi et de justice territoriale. Dans cette optique, le développement ne peut plus être dicté uniquement par le centre. Les régions marginalisées doivent concevoir et gérer elles-mêmes leurs projets, en fonction de leurs besoins réels. Ce sont les sociétés communautaires qui sont censées offrir, justement, un cadre juridique permettant aux citoyens, aux collectivités locales et à l’État de collaborer dans une logique de partenariat et de cogestion. Pour Hasna Jiballah, il s’agit d’un modèle économique durable basé sur la participation et la responsabilité.
Dans cette optique, le nouveau décret présidentiel a été émis dans le but de simplifier les procédures de création desdites sociétés et à encourager la participation locale et les promoteurs dans les régions, en leur accordant des avantages fiscaux et notamment la priorité d’accès à la location à long terme des terres domaniales, agricoles et non agricoles. Riadh Chaoued a, de son côté, souligné lors de cette séance de travail, que le transfert du dossier des sociétés communautaires à son département, à la suite de la publication du décret de 2025, marque une étape décisive dans la mise en œuvre d’une vision renouvelée axée sur l’évaluation des réalisations, la valorisation des acquis et la réforme continue, dans le but d’assurer l’intégration économique et sociale des citoyens.
Réduire les inégalités et renforcer la souveraineté économique
En effet, pendant des années, des projets ont été lancés dans les régions sans consultation des habitants, souvent à des fins politiques ou partisanes. Tandis que les sociétés communautaires introduisent plus de transparence, de contrôle local et de redevabilité, évitant ainsi la corruption et les gaspillages. C’est la raison pour laquelle, elles seront accompagnées, selon le décret-loi de 2025, avec la nécessité selon le ministre de l’Emploi, de créer incessamment une plateforme numérique dédiée aux sociétés communautaires, et de former les ressources humaines intervenant dans le dossier.
L’État entend donc redonner confiance aux promoteurs et aux partenaires économiques en modernisant la gouvernance des sociétés communautaires. En fixant des règles claires de transparence, de renouvellement et de responsabilité, il espère créer un cadre propice à une gestion collective durable, où la solidarité retrouve sa véritable signification Certes, les sociétés communautaires constituent une nouvelle voie face à l’essoufflement du modèle de développement centralisé et à la marginalisation persistante de nombreuses régions, aussi bien durant l’ancien régime qu’au cours de la dernière décennie. Toutefois leur mise en œuvre soulève de nombreux défis. C’est une transformation en profondeur de la manière de produire et de gérer. Contrairement aux entreprises classiques, les sociétés communautaires reposent sur la participation directe des habitants. Elles ont pour ambition de créer des emplois durables dans les régions délaissées, de favoriser l’exploitation des ressources locales, de générer des bénéfices réinvestis dans la communauté. Cela permet de réduire les inégalités régionales et de renforcer par là-même la souveraineté économique du pays.
Problèmes de financements et de gestion
Cependant, la création d’une société communautaire nécessite divers moyens dont un investissement de départ, avec un accompagnement technique. Or les régions concernées manquent de ressources. C’est la raison pour laquelle Hasna Jiballah ne cesse d’œuvrer à développer des financements en intervenant auprès de certaines banques de la place afin de faciliter à ces sociétés l’obtention de crédits à un taux qui ne soit pas excessif. Le financement de plusieurs sociétés communautaires a déjà été soutenu par la Banque de solidarité (BTS) ainsi que d’autres banques privées. Par ailleurs, il y a eu des mesures de soutien et un renforcement du financement prévu par la loi de finances 2026. Des crédits sont accordés pour le financement des sociétés communautaires régionales. A titre d’exemple, celles qui sont dans le gouvernorat de Zaghouan, ont bénéficié d’un crédit de 91 000 dinars. Par ailleurs, outre le développement des financements publics ciblés, il est important d’une manière générale, de simplifier aux sociétés communautaires l’accès aux crédits. A côté de la question des financements, une gestion démocratique et professionnelle est de nature à mieux préserver la société communautaire de tout ce qui est de nature à entacher son développement et son essor.
Entre espoir et défis
Ainsi, afin de bâtir un monde plus égalitaire, il est nécessaire de résoudre les difficultés auxquelles se heurtent toutes les activités en milieu rural et notamment les ouvrières agricoles. Leur intégration dans des sociétés communautaires est dans le but de mieux les soutenir. C’est ce à quoi œuvrent actuellement le ministère de l’emploi et la secrétaire d’Etat chargée des sociétés communautaires qui, au cours de la séance du travail du 16 octobre 2025, a salué le soutien constant du Président de la République Kaïs Saïed au projet des sociétés communautaires, qu’elle a qualifié de « projet national pionnier », basé sur l’initiative citoyenne et le travail collaboratif et productif. Elle porte ainsi, une vision ambitieuse consistant à transformer les régions oubliées en pôles de prospérité, grâce à des projets ancrés dans le terrain.
Toutefois cette vision ne réussira que si l’État met en place des mécanismes solides, si les citoyens participent réellement et si les dérives du passé sont stoppées. Car, pendant des décennies, les promesses sans suite ont créé une profonde méfiance. C’est la raison pour laquelle, les citoyens attendent des résultats concrets. Entre espoir et défis, les sociétés communautaires pourraient bien incarner la prochaine révolution du développement en Tunisie.
Ahmed NEMLAGHI
