Le problème des diplômés chômeurs ne cesse de préoccuper aussi bien les responsables que les centaines de jeunes entre docteurs et universitaires spécialisés dans différentes disciplines, technologiques, scientifiques ou médicales. Il reste parmi les défis les plus pressants et c’est pour cela qu’il est urgent de trouver une issue durable, mais surtout de mettre fin aux blocages administratifs par ceux qui essaient sciemment de mettre les bâtons dans les roues. C’est également une question de moyens et de disponibilités selon certains observateurs qui ne cachent pas leur scepticisme quant à la découverte d’une solution miracle à ce problème qui se heurte également à des questions matérielles et budgétaires.
Il n’en reste pas moins que pour le Président de la République, Kaïs Saïed, qui est revenu à plusieurs reprises sur cette question, il s’agit d’une urgence capitale car ce phénomène est symbole des inégalités et des injustices sociales. C’est pourquoi il a appelé à apporter des solutions radicales « pour ceux dont le chômage s’est prolongé et qui ont été victimes d’appauvrissement et de corruption ». Mais le schmilblick n’avance pas pour autant, à cause de ces éléments que Kaïs Saïed appelle les ennemis de la Révolution et dont certains sont encore infiltrés dans les services de l’administration publiques, mais qui n’en n’auront plus pour longtemps « leurs défauts ayant été dévoilés et leur vice apparu ». C’est ce qui a incité les représentants du groupe national des diplômés de l’enseignement supérieur chômeurs à réclamer mardi dernier la mobilisation de fonds dans la loi de finances de 2026 en vue de leur recrutement. A ce propos, la porte-parole du groupe national Yosra Néji, a , au cours d’une conférence de presse organisée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) appelé à la modification du projet de loi de finances 2026, en vue d’y inscrire des fonds destinés au recrutement sans concours des diplômés qui ont été pendant longtemps au chômage, dans la fonction publique. Selon ses déclarations, le projet de loi de finances 2026 (PLF 2026) se limite à encourager l’emploi des diplômés dans le secteur privé et dans les sociétés communautaires, sans prévoir de mécanisme pour leur intégration dans le secteur public, comme le réclament de nombreux chômeurs de longue durée. Par ailleurs, elle a évoqué la proposition de loi 23 de 2023 visant l’intégration des diplômés de l’enseignement supérieur au chômage de longue durée et âgés de plus de quarante ans dans le marché du travail au sein du secteur public qu’il est nécessaire d’adopter.
Recrutements adossés à un programme de départs à la retraite
En fait, prévoir un financement pour le recrutement des diplômés chômeurs dans la fonction publique, alors que les caisses de l’État sont sous tension, cela relève d’un exercice d’équilibrisme budgétaire. Entre impératifs sociaux et contraintes financières, le gouvernement se retrouve face à une équation difficile à résoudre sans bouleverser les équilibres macroéconomiques déjà fragiles. D’un côté, la pression sociale s’intensifie. Les diplômés de longue durée, parfois âgés de plus de quarante ans, estiment avoir été oubliés par les politiques publiques. Leur intégration, ne serait-ce que progressive, dans l’administration est perçue comme un acte de justice sociale et un gage de stabilité. D’un autre côté, le contexte économique impose une stricte discipline budgétaire car le déficit public reste élevé, les marges de manœuvre sont étroites et la masse salariale de la fonction publique représente déjà près de la moitié du budget de l’État, selon les experts. Face à ce dilemme, plusieurs pistes de financement intelligentes peuvent être envisagées. D’abord, un recrutement étalé sur plusieurs années, adossé à un programme de départs à la retraite anticipés, permettrait d’absorber progressivement les diplômés sans augmenter brutalement la charge salariale. Ensuite, la création d’un fonds spécial pour l’emploi public, alimenté par des taxes solidaires temporaires ou des redéploiements budgétaires ciblés, pourrait constituer une alternative transitoire.
Réconcilier justice sociale et responsabilité économique
Par ailleurs, certains experts plaident pour un mécanisme mixte consistant à associer recrutement public partiel et emplois subventionnés dans le privé, afin de partager le coût de l’intégration professionnelle entre l’État et les entreprises. D’autres suggèrent de réorienter les dépenses inefficaces, notamment certaines subventions énergétiques, vers des programmes d’emploi bénéficiant directement aux jeunes diplômés. Il s’agit donc moins de créer de nouveaux postes budgétaires que de repenser la structure de la dépense publique. L’objectif est de concilier responsabilité financière et justice sociale, tout en redonnant confiance à une génération longtemps marginalisée. En fait, le débat sur le recrutement des diplômés dépasse la simple question comptable. Il touche à la crédibilité de l’État social et à sa capacité à traduire en actes les principes d’égalité des chances et de dignité que consacre la Constitution. Jongler entre les contraintes budgétaires et les impératifs humains, telle est, aujourd’hui, la véritable épreuve de réalisme politique qui attend la loi de finances 2026.
Ainsi, prévoir le recrutement des diplômés chômeurs dans la fonction publique sans aggraver le déficit exige non pas des promesses, mais une véritable stratégie d’ingénierie budgétaire et une vision à long terme. Car il ne s’agit plus seulement de créer des emplois, mais de restaurer la confiance entre l’État et une génération qui se sent oubliée. Si la loi de finances 2026 parvient à concilier cette équation, elle marquera le début d’une réconciliation entre justice sociale et responsabilité économique.
Ahmed NEMLAGHI
