La grippe saisonnière commence à s’installer dans notre pays et ailleurs dans le monde. Et comme c’est le cas chaque année, il y a de nouveaux virus qui font l’actualité, dont le fameux Alpha qui n’est pas plus dangereux, mais qui se propage très vite grâce aux… moustiques.
En attendant le coup d’envoi de la campagne de vaccination contre la grippe qui ne va pas concerner tout le monde puisque le prix demeure encore élevé (près de 40 dinars pour la seule dose), les Tunisiens vont devoir composer avec de nouveaux virus de la même famille que le Covid ou les grippes courantes.
Ces dernières semaines, on commence à trop parler du virus Alpha qui a déjà «installé» ses bases dans notre pays avec beaucoup de cas déjà enregistrés. De quel type de virus s’agit-il et est-il aussi redoutable que le Covid et ses variants ?
Les premières réponses nous parviennent du Dr Hakim El Ghard, le responsable du Programme national de prévention et de lutte contre la grippe saisonnière et les maladies respiratoires aiguës, qui a confirmé la présence de ce virus sur nos terres, indiquant que la Tunisie connaît actuellement une circulation accrue des virus automnaux, dont le virus Alpha. Il a également précisé que le virus respiratoire syncytial devrait apparaître entre la fin octobre et janvier prochain : «Ces infections surviennent dans le cadre du pic saisonnier habituel, généralement observé entre novembre et fin février».
Mieux vaut se vacciner
Peut-on compter sur le vaccin contre la grippe pour se protéger contre ce virus ? Pour ce même spécialiste, il ne peut en être autrement et il appelle les citoyens à se faire vacciner afin d’assurer une protection efficace, surtout pour les personnes âgées de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les patients souffrant de maladies chroniques ou d’obésité et les enfants, en particulier ceux présentant des maladies chroniques.
En parallèle, Dr El Ghard rappelle, à cette occasion, l’importance de mesures préventives : lavage régulier des mains à l’eau et au savon ou avec solution hydroalcoolique, ventilation des pièces, port du masque, respect de la distanciation physique…
Pour sa part, Dr Zouheir Souissi, vice-président de l’Association tunisienne des maladies respiratoires, a expliqué que la Tunisie connaît actuellement une propagation de plusieurs virus saisonniers, dont le virus Alpha, appartenant à la famille des coronavirus, mais différent du Covid-19 par son degré de gravité. Il a ajouté que ce virus touche les voies respiratoires inférieures et provoque des symptômes similaires à ceux du rhume saisonnier, tels que la toux, la fièvre et la fatigue, tout en soulignant qu’il peut entraîner des complications graves chez les enfants, les personnes âgées et les patients souffrant d’asthme ou de maladies chroniques.
Il a insisté sur le fait que les antibiotiques sont inefficaces contre ce type de virus, recommandant le repos, une bonne hydratation et la prise d’antalgiques légers comme traitement, tout en appelant à consulter un médecin en cas de symptômes sévères ou prolongés.
Doit-on craindre pour autant ce nouveau virus ?
Pour clarifier davantage, le variant Alpha est le nom attribué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à la lignée B.1.1.7 du SARS-CoV-2. Cette nomenclature a été introduite pour simplifier les appellations scientifiques et éviter la stigmatisation des pays où les variants ont été détectés.
Le variant Alpha présente un taux de reproduction plus élevé que la souche initiale : certains travaux estiment sa transmissibilité augmentée d’environ 54%. Il serait également associé à une sévérité légèrement accrue : une étude britannique a montré un risque de décès 73% plus élevé et un risque d’hospitalisation 62% supérieur à celui observé avec la souche d’origine.
D’autres recherches indiquent que le variant Alpha a développé des mutations facilitant l’évasion de la réponse immunitaire innée, notamment via une réduction de la production d’interférons, ce qui a contribué à sa rapide diffusion.
Ah, ces moustiques !
Pourquoi il va falloir doubler sa vigilance face à ce virus ? Tous les spécialistes s’accordent à dire que la principale cause de contamination provient des piqures de moustiques qui transportent facilement ce virus et peuvent le transmettre à l’être humain. Et comme il s’agit de moustiques, des insectes habituées à nous «tenir compagnie» pendant quasiment toute l’année, la contamination va être plus facile et plus large.
Certes, le virus peut être transmis par d’autres espèces (batraciens, chevaux, oiseaux sauvages, rats, serpents et souris…), mais en Tunisie, nous avons presque tous affaire aux moustiques et c’est là, la principale source de danger.
Quant aux principaux symptômes, ils ressemblent à ceux de la grippe avec quelques petites différences concernant la durée et l’intensité. Toutefois, il faut agir vite lorsque ces symptômes deviennent plus dangereux avec de la fièvre, une éruption cutanée, une arthrite (inflammation des articulations, gonflées et douloureuses), pouvant se compliquer d’encéphalite (inflammation du cerveau) et d’hémorragies.
C’est dire que la vigilance doit être de mise sans craindre outre mesure ce virus qui n’est pas plus dangereux et plus redoutable que ceux qui sont apparus depuis 2020 pour accompagner le Covid-19 et le relayer après. Il s’agit de la même famille, mais scientifiquement, il est évident que ces virus ne font plus peur comme avant, surtout pour les personnes qui ont été vaccinées ces dernières années.
Kamel ZAIEM
