Par Slim BEN YOUSSEF
Retenons ceci : le sport est un forgeron. Il façonne les forces vives, aiguise les volontés, alimente les économies. Un stade qui s’élève, et une ville respire. Un centre de formation qui s’ouvre, et une jeunesse réapprend l’horizon. Une arène qui rassemble, et une communauté bat à l’unisson. Et déjà, sur le terrain, le forgeron s’anime : les Aigles de Carthage s’envolent vers le Mondial 2026. Une qualification qui dépasse le sport, rappelant à la nation que l’effort collectif ouvre toujours les portes du monde.
La Tunisie a déjà su tremper son acier. El Menzah dans les années soixante, Radès au tournant des années deux mille : pierres dressées, mémoires gravées. Jeux méditerranéens, Coupes d’Afrique, Mondial de handball : autant d’étincelles où le pays fut scène et vitrine. Fêtes populaires, cela va de soi ; ces compétitions furent catalyseurs de croissance, ferments de tourisme, braises de fierté.
Puis vint la torpeur. Corruption rampante, vandalisme endémique, mal-gestion chronique : une décennie de chaos nahdhaoui qui a creusé les tribunes et fracturé les rêves. Pourtant, le sport n’a rien perdu de son pouvoir stratégique. Socialement vital, sanitairement nécessaire, économiquement fécond, touristiquement décisif : il demeure un secteur incandescent d’avenir.
Relancer le sport, c’est relancer l’État social. Il faut des mégaprojets visibles : stades, complexes, villages olympiques, infrastructures handisports. Et des projets moins spectaculaires mais tout aussi cruciaux : centres d’entraînement, circuits locaux, terrains de quartier. C’est dans l’alliage du monumental et de l’intime que se joue la grandeur d’un pays.
Et pourquoi brider l’imaginaire ? Un village olympique à Sidi Bouzid, un autre à Béja, un troisième à Médenine, un quatrième au Kef. Des Jeux méditerranéens à Tabarka, Kélibia, Kerkennah, Mahdia. Des Jeux panarabes à Kairouan, Gabès, Bizerte, Tozeur. Et demain, peut-être, une Coupe du monde partagée avec l’Italie ou des Jeux Olympiques sur l’île-monde de Djerba. Le rêve aussi est une infrastructure, aussi solide que le béton.
Pour avancer, une voie : une vision ferme, des bailleurs nouveaux, la proclamation du sport comme secteur stratégique. Trois actes pour une renaissance. Quatre piliers pour un édifice durable : élan, financement, transparence, créativité.
Le sport : battement commun, intensité de futur.
Supplément d’âme ? Supplément de nation.
