L’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a organisé, le vendredi 14 novembre 2025, une séance d’audition conjointe réunissant la Commission de l’éducation, de la formation, de la recherche scientifique, de la jeunesse et du sport, ainsi que la Commission des services et du développement social du Conseil national des Régions et des Districts. Cette séance a été consacrée à l’examen de la mission du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dans le cadre du projet de loi de Finances pour l’année 2026.
Lors de la séance d’audition, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mondher Belaïd, a présenté le projet de budget du ministère pour l’année 2026, qui s’élève à 2 379,180 millions de dinars, contre 2 293,393 millions de dinars en 2025, soit une augmentation de 85,787 millions de dinars, équivalente à 3,74%.
Le ministre a détaillé la répartition des dépenses, précisant que les dépenses salariales, s’élevant à 1 704,172 millions de dinars, connaissent une hausse de 4,47%, tandis que les dépenses de fonctionnement, à hauteur de 120,132 millions de dinars, augmentent de 4%. Les dépenses d’intervention atteignent 288,471 millions de dinars, soit une progression de 1,03%, et les dépenses d’investissement, fixées à 266,405 millions de dinars, enregistrent une hausse de 2,04% par rapport à 2025.
Dans la continuité de cette présentation, le ministre a dressé un panorama des établissements relevant de son département. Le secteur de l’enseignement supérieur comprend 13 universités, 209 institutions d’enseignement supérieur et de recherche, ainsi que 90 universités privées. Quant aux services universitaires, ils se composent de 175 foyers universitaires, 84 restaurants universitaires et 17 centres culturels. Du côté de la recherche scientifique, le ministère supervise 40 centres de recherche, 544 laboratoires et unités de recherche, ainsi que 42 écoles doctorales. S’agissant des ressources humaines, le ministère compte 22 297 enseignants et chercheurs, 7 814 agents administratifs et techniques et 9 110 agents relevant directement du ministère.
144 projets en cours de suivi et de réalisation dans l’enseignement supérieur
Le ministre a indiqué, au cours de cette séance, que l’action du département s’articule autour de quatre programmes stratégiques. Le premier, consacré à l’enseignement supérieur, bénéficiera d’un budget de 1 636,763 millions de dinars en 2026, contre 1 563,492 millions de dinars en 2025, soit une augmentation de 4,69%.
Pour illustrer l’état du secteur, le ministre a partagé plusieurs indicateurs clés : «272 366 étudiants sont inscrits dans le secteur public et 51 647 dans le secteur privé, avec un taux d’encadrement de 1 enseignant pour 11 étudiants. Le nombre de diplômés atteint 58 496 dans le public et 11 797 dans le privé, tandis que 76 178 nouveaux bacheliers ont intégré l’enseignement supérieur cette année», a-t-il souligné.
Les objectifs stratégiques de ce programme s’articulent autour de deux axes principaux. Le premier vise à améliorer la qualité de la formation et à l’orienter vers l’excellence, tandis que le second concerne l’adéquation entre la formation universitaire et l’employabilité.
Parallèlement, le ministre Mondher Belaïd a annoncé qu’un vaste programme d’amélioration des infrastructures universitaires est en cours. 144 projets sont suivis, 67 en phase d’étude, 25 en appel d’offres ou contractualisation, et 52 en cours de réalisation. Une attention particulière est accordée à la construction de nouveaux sièges pour les établissements encore installés dans des locaux provisoires, sept sont en chantier, dont cinq devraient être livrés avant la rentrée universitaire 2026-2027.
Recherche scientifique : 215,524 millions de dinars en 2026
Le deuxième programme stratégique concerne la recherche scientifique. «Le paysage scientifique national compte aujourd’hui 42 écoles doctorales, 544 structures de recherche, et a produit 11 593 publications scientifiques en 2024», a souligné Mondher Belaïd.
«Le budget dédié à ce programme s’élèvera à 215,524 millions de dinars en 2026, contre 204,787 millions en 2025, soit une hausse de 5,24%», a-t-il précisé.
Le programme repose sur deux objectifs majeurs. Le premier vise à soutenir l’excellence de la recherche et à renforcer son rayonnement. Dans ce cadre, une stratégie nationale de recherche est en cours d’élaboration, parallèlement à la révision des textes régissant les études doctorales. Le ministère soutient également le développement de programmes répondant aux priorités nationales et sectorielles, la valorisation des résultats et le transfert de technologie. L’encouragement à la création de startups issues de la recherche et la promotion de la propriété intellectuelle constituent également des priorités.
Le second objectif consiste à renforcer l’impact de la recherche et de l’innovation sur le développement économique et social. À ce titre, le ministère diversifie les partenariats scientifiques internationaux, crée des pôles et clusters de recherche et développe un système de financement compétitif fondé sur la performance.
175 foyers, 84 restaurants et 14 millions de repas pour les étudiants
Le troisième programme concerne les services universitaires, un pilier essentiel de l’accompagnement social et matériel des étudiants. Le ministre a présenté les principaux indicateurs. «Le réseau national comprend 175 foyers universitaires, offrant 64 122 lits pour l’année universitaire 2024-2025, avec un taux de satisfaction de 85% des demandes de logement. La contribution mensuelle des étudiants demeure symbolique, fixée à 10 dinars», a-t-il expliqué.
Le dispositif comprend également 84 restaurants universitaires, assurant chaque année la distribution de près de 14 millions de repas, pour un coût global estimé à 45 millions de dinars. Par ailleurs, les aides et bourses universitaires mobilisent une enveloppe de 227 millions de dinars, bénéficiant à un nombre important d’étudiants.
Le budget consacré aux services universitaires s’élèvera à 477,476 millions de dinars en 2026, contre 479,589 millions en 2025, soit un léger recul de 0,44%.
Ce programme s’articule autour de deux axes principaux. Le premier, à dimension sociale, vise à élargir la base des bénéficiaires des bourses, améliorer la qualité de la restauration et du logement, intégrer les établissements dans un système de qualité et de certification et renforcer les ressources humaines (agents, personnel médical, psychologues et travailleurs sociaux).
Le second axe porte sur la modernisation des infrastructures, avec la poursuite de 101 projets, dont 62 en phase d’étude, 12 en appel d’offres et 27 en cours de réalisation. Ces projets comprennent 66 opérations de maintenance et de réhabilitation, ainsi que 35 projets de construction et d’extension.
S’agissant du logement universitaire, le ministre a révélé que l’objectif est d’augmenter la capacité d’accueil grâce à 7 000 lits supplémentaires intégrés dans les projets en cours, auxquels s’ajoutent 1 200 lits prévus au budget 2026 (dont 1 000 à Médenine et 200 à Gafsa). «Un foyer universitaire de 270 lits à Sidi Thabet est en cours de réception, tandis qu’un foyer de 300 lits à Bizerte devrait être achevé avant la rentrée 2026-2027», a-t-il ajouté.
Nouha MAINSI