Après une saison estivale réussie, place à un autre genre de tourisme qui n’exige ni mer ni soleil de plomb. Il s’agit de la saison du tourisme saharien qui débutera très bientôt et qui promet, selon les premiers indices, de belles performances même si ce qui s’est passé au cours des dernières années a causé une certaine léthargie en l’absence de bonnes initiatives et de nouveautés pour attirer un plus grand nombre de touristes.
Au ministère de tutelle, l’heure est à la saison du tourisme saharien qui débute au mois de décembre. Que va-t-il offrir pour relancer cette activité qui peine à aller de l’avant ? Pour expliquer les déboires des dernières années, on a évoqué des projets bloqués et des problèmes d’environnement. Verra-t-on, cette année, les choses changer dans le bon sens après quelques années de léthargie ? L’année passée, il y a eu un léger mieux et tout doit être déployé pour confirmer ce redressement et pour donner à ce secteur, très important pour une région très étendue du pays (Tozeur, Gafsa, Kébili, Matmata, Médenine et Tataouine en particulier), plus de valeur et de notoriété du moment où rien ne manque, côté nature, pour en faire une destination très privilégiée lorsque le froid hivernal envahit les autres régions du monde, particulièrement en Europe.
Le ministère de tutelle, qui a résumé l’état des lieux au cours des dernières années en parlant d’un secteur en phase de redéfinition, a pu redresser un tant soit peu la barre lors de la dernière saison, et il est appelé à continuer sur cette lancée pour atteindre les objectifs visés qui paraissent encore loin malgré des atouts très enviables.
Nous sommes déjà aux portes du mois de décembre avec un climat hivernal qui commence à s’installer de manière plus évidente sur la moitié nord du pays. Pour la partie sud, les données climatiques diffèrent avec des températures plus clémentes et plus de soleil au moment où il commence à s’éclipser encore plus ailleurs.
Ce facteur est en lui-même suffisant pour attirer plus de gens vers les régions du sud, et pas uniquement les Tunisiens. En Europe, le froid a commencé à sévir et, pour une population vieillissante, la recherche de lieux plus réchauffés et plus ensoleillés, non loin du continent, est de plus en plus évidente, ce qui fait du Sud tunisien une destination privilégiée et même prisée pour ceux qui en prennent connaissance.
Or, cette activité touristique, appelée à se développer et à attirer encore plus de touristes, ne semble pas aller dans le bon sens. Les chiffres officiels n’indiquent pas des indices de progression et donnent l’impression que le secteur stagne pour ne pas parler de recul, même si les choses ont un peu bougé la saison passée.
Pour les experts en la matière, cette situation est due à plusieurs facteurs dont, essentiellement, l’absence de rénovation et de création pour mettre en place de nouveaux aspects de ce tourisme aux abords ou même en plein désert qui intervient à un moment idéal de l’année pour fuir le froid des régions du Nord.
De grandes opportunités s’offrent, mais…
C’est que le Sud tunisien est une région stratégiquement importante pour un tourisme durable qui permet le passage d’un tourisme balnéaire, basé sur un seul produit, au tourisme saharien développant de multiples sous-produits et valorisant d’autres richesses naturelles et patrimoniales. Dès lors, on peut même parler de tourisme du patrimoine naturel et culturel saharien qui offre une évolution vers un rôle durable qui concilie rentabilité économique et équité sociale et contribue à la naissance d’un rapprochement entre tous les acteurs. L’intégration économique et sociale du tourisme de circuit en milieu saharien suppose que celle-ci cohabite avec les secteurs traditionnels pour les promouvoir. Elle est supposée profiter à une majorité de la population locale de façon à créer plus d’emplois et pouvoir maintenir la population sur le territoire dans un équilibre harmonieux. En outre, l’approche environnementale doit être prise en compte dans l’élaboration des circuits touristiques et dans le processus de développement socioéconomique des régions sahariennes.
C’est dire que le secteur est fortement important et vital pour cette région et l’Etat doit l’exploiter à fond et lui procurer toutes les garanties pour prospérer et attirer davantage de touristes.
Dépasser la phase de redéfinition
Le secteur est, dit-on, en phase de redéfinition, ce qui confirme l’actuelle situation de stagnation, du reste injustifiée pour une région capable de faire beaucoup mieux à ce niveau. Or, certains indices peuvent permettre un optimisme mesuré. On ne s’attend pas à des merveilles en l’absence de grandes initiatives innovantes qui valorisent les multiples richesses du Sud et du Sahara, mais on croit savoir que certains professionnels du secteur, capables de donner un nouvel élan à cette saison, sont passés à l’action pour le booster et assurer la réussite d’une saison qui s’étalera jusqu’au printemps avec un cycle régulier proposé aux touristes qui veulent y trouver un refuge idéal en ces temps froids, et d’autres mis en place en fonction de dates favorables comme les vacances scolaires de fin d’année ou du printemps qui voient beaucoup de citoyens migrer vers les établissements hôteliers du Sud et profiter des loisirs proposés, particulièrement les circuits à travers le désert et les festivals organisés annuellement.
Pour relancer ce secteur sur des bases solides, il y a plusieurs pistes à explorer : la formation des jeunes du Sud aux métiers du tourisme et du numérique, la promotion des investissements privés dans les zones sahariennes via des incitations fiscales, la mise en place d’un label «Tourisme saharien durable», garantissant le respect de l’environnement et des communautés locales et la promotion du Sahara tunisien à l’international à travers des campagnes ciblées sur le tourisme d’aventure, le bien-être et le cinéma.
D’ailleurs, des films cultes comme «Star Wars» ou «Le Patient anglais» ont déjà mis en lumière les paysages surréels du Sud tunisien. Qu’attend-on pour en profiter, même avec un certain retard, dans un monde où l’essor du tourisme cinématographique et du «slow travel» battent leur plein, avec un désert qui pourrait redevenir une scène mondiale, à condition d’être bien raconté, bien protégé et bien géré. A ce propos, les industries cinématographiques montantes, notamment chinoise, turque et coréenne, pourraient être ciblées.
C’est dire que toute une région attend avec ferveur le lancement de cette saison touristique hivernale et une amélioration est attendue à plus d’un niveau en attendant les grandes manœuvres pour débloquer les grands projets à l’arrêt et pour permettre de profiter de tout ce que cette région pourrait offrir comme opportunités.
Le coup est jouable et la balle est entre les mains des responsables du secteur qui n’ont plus de droit à l’erreur dans la gestion de ce secteur vital.
Kamel ZAIEM