Les aires protégées sont une part essentielle de la réponse globale au changement climatique à l’échelle planétaire. Elles permettent de s’attaquer aux causes du changement climatique en protégeant les écosystèmes naturels et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, par le biais du stockage et du captage du carbone.
Dans ces espaces, la nature est touchée de plein fouet par le changement climatique. On peut notamment citer la remontée du niveau de la mer qui submerge certains sites, la disparition de milieux enneigés et des espèces qu’ils abritent, le décalage des cycles de vie des espèces, la migration de certaines espèces vers le Nord ou en altitude, ou encore des dépérissements dans les forêts. Si la nature est victime de ce changement climatique provoqué par les activités humaines, c’est aussi une solution face à ce défi, tant en termes d’atténuation (stockage de carbone) que d’adaptation. En ce sens, les aires protégées, où cette nature est la plus présente, préservée et fonctionnelle, sont de véritables atouts pour nos territoires face au changement climatique.
Ces aires protégées aident également les populations à s’adapter aux effets des changements climatiques en préservant les services environnementaux essentiels dont elles dépendent. Elles sont une solution naturelle, écologique, rentable et efficace éprouvée pour faire face à la crise du climat. Ces zones protégées sont des espaces essentiels pour la conservation de la biodiversité, l’éducation environnementale et la recherche scientifique. Elles représentent également en Tunisie un réservoir de connaissances traditionnelles et des espaces importants pour le développement durable. Cependant, elles font aujourd’hui face à des défis croissants tels que le dérèglement climatique, la dégradation des ressources naturelles, les pressions humaines et la perte de biodiversité. Face à ces défis, l’Institut sylvo-pastoral de Tabarka et l’Institut National de Recherche en Génie Rural, Eau et Forêt (INRGREF), avec le soutien du Fonds mondial pour la nature en Afrique du Nord, ont organisé la quatrième journée scientifique du Club des forêts et du changement climatique intitulée «Les zones protégées en Tunisie : l’inclusion sociale et la résilience face aux changements climatiques».
Des solutions d’adaptation fondées sur la nature
Cette journée scientifique a été un espace de dialogue et d’échange d’expériences entre les chercheurs et les étudiants, les gestionnaires des zones protégées, les acteurs locaux et les organisations intéressées, visant à promouvoir la gouvernance participative et à proposer des solutions innovantes contribuant à renforcer la résilience des zones protégées en Tunisie. Elle représente aussi une occasion précieuse de mettre en avant les résultats de la recherche, de développer la coopération et d’unir les efforts pour préserver les zones protégées, ainsi que leurs richesses naturelles. La résilience de la nature, favorisée par les aires protégées, permet ainsi de soutenir la résilience des territoires face au changement climatique et à ses impacts. Une nature «en bonne santé» est en capacité de fournir de façon pérenne des services écosystémiques dont les territoires ont besoin : air, eau, alimentation, fraîcheur…
Certains de ces services contribuent directement à l’atténuation du changement climatique (stockage de carbone) et à l’adaptation, notamment la limitation des risques d’inondation ou d’érosion mais aussi en réponse au besoin de nature et de bien-être des habitants face au changement climatique. Les aires protégées constituent en elles-mêmes ce qu’on appelle des solutions d’adaptation fondées sur la nature. Ancrées dans nos territoires, elles proposent des lieux de gouvernance partagée où le changement climatique a toute sa place et développent de nombreux partenariats avec les acteurs publics et socio-économiques. Elles sont aussi des lieux de sensibilisation et de mobilisation citoyenne autour du changement climatique et de ses effets sur la nature, contribuant à atténuer les risques naturels accrus par le changement climatique et plus largement, améliorer la résilience des territoires. A l’entrecroisement des enjeux climat et nature, ce sont des solutions pour nos territoires face au changement climatique.
Kamel BOUAOUINA
