Le Bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a refusé de signer la motion votée par la commission administrative sectorielle de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, qui comprend une décision de boycott de toutes les formes d’évaluation lors du deuxième trimestre de l’année scolaire. La direction de la centrale syndicale se désolidarise donc du mouvement de protestation, qui sera ainsi «illégal» où cas où la fédération s’accrocherait à l’escalade, selon les dispositions du règlement intérieur de l’organisation syndicale et de la législation du travail.
«Le Bureau exécutif de l’UGTT a désavoué la Fédération générale de l’enseignement secondaire, en refusant de signer la motion issue de la réunion de sa commission administrative tenue le 16 novembre pour ne pas s’attirer les foudres des autorités et de la rue, surtout que le mouvement de protestation coïncidera avec la tenue du prochain congrès de la centrale syndicale», a souligné Fakhri Smiti, membre de la commission administrative de la fédération rattachée à l’UGTT.
Du côté du Bureau exécutif de l’UGTT, on estime que le boycott des examens représente une «mesure contreproductive, qui risque de prendre les élèves en otage et de perturber le bon déroulement de l’année scolaire», selon un membre de la haute instance dirigeante de l’organisation ouvrière qui a préféré garder l’anonymat.
Le Bureau exécutif de l’UGTT s’est déjà désolidarisé ces dernières années de plusieurs mouvements de protestations décrétés par les syndicats de l’enseignement, qu’il a jugé «excessifs et contreproductifs».
La commission administrative sectorielle de la Fédération générale de l’enseignement secondaire avait opté pour la méthode dure pour protester contre le blocage du dialogue social, en décrétant l’organisation d’un rassemblement de protestation national devant le ministère de l’Éducation durant les vacances du premier trimestre, ainsi que le boycott de toutes les formes d’évaluation notées à partir du deuxième trimestre, dont les épreuves orales, les devoirs de contrôle, les travaux pratiques et les devoirs de synthèse.
Des revendications ayant un important impact budgétaire
Elle a également dénoncé le refus du ministère de l’Education de mettre en œuvre des procès-verbaux conclus au cours des dernières années, la détérioration du pouvoir d’achat des enseignants du secondaire dans un contexte marqué par une hausse vertigineuse des prix, des violations du droit syndical, la dégradation des infrastructures dans les établissements éducatifs, ainsi que l’exclusion de la partie syndicale des concertations sur le mouvement des enseignants et du dialogue sur la réforme de l’éducation.
La Fédération générale de l’enseignement secondaire, qui avait organisé tout au long de l’année scolaire écoulée plusieurs actions de protestation contre le blocage des négociations avec le ministère de l’Education dont une grève générale le 26 février 2025, réclame notamment le lancement d’un dialogue national sur la réforme de l’éducation dans les plus brefs délais, l’intégration de la totalité des enseignants suppléants, la majoration des salaires des professeurs, la révision à la hausse du montant de plusieurs indemnités telles que celles de la rentrée scolaire, du contrôle et de la correction des examens, ainsi que l’octroi d’échelons et de grades exceptionnels.
Elle revendique également la revalorisation des primes dont bénéficient les directeurs et les proviseurs des collèges et des lycées secondaires et de l’indemnité pédagogique, ainsi que la révision à la hausse des budgets des établissements éducatifs secondaires, la généralisation des bourses universitaires aux descendants des enseignants et l’adoption d’une loi qui criminalise toutes les formes d’agressions ciblant le corps enseignant.
Les autorités de tutelle estiment cependant que la majorité des revendications des enseignants du secondaire a un impact financier considérable qui risque d’avoir des répercussions négatives sur les équilibres budgétaires à l’heure où le gouvernement se penche sur des dossiers plus brûlants tels que l’intégration de plusieurs milliers d’enseignants suppléants et la suppression des diverses formes de travail précaire telles que la sous-traitance et l’intérim.
Walid KHEFIFI
