Il est vrai que, dans nos contrées, l’hiver arrive avec un certain retard, mais il a suffi d’un week-end hivernal pour faire comprendre que le froid risque de frapper fort cette année, avec tout ce qui en résulte comme problèmes face à d’éventuelles inondations, des chutes de neige, une pénurie du gaz en bouteille ou la propagation de la grippe saisonnière. Notre pays est-il prêt à faire face à ce changement climatique ?
Du côté de l’Institut national de météorologie (INM), les bulletins quotidiens commencent à se ressembler pour annoncer l’installation quasi totale de la saison hivernale. Certes, le beau temps a persisté pour aller titiller les mois de novembre et décembre, mais ce qui se passe depuis une semaine annonce l’arrivée de l’hiver et probablement d’une imposante vague de froid.
Du côté d’Aïn Drahem, on n’a pas attendu l’arrivée des mois froids de janvier et de février pour enregistrer la chute de neige puisqu’elle a déjà débuté et la ville et les hauteurs qui l’entourent ont été couvertes de ce beau manteau blanc avec tout ce qu’il engendre pour les habitants de ces régions, avec leurs craintes et leurs moyens limités pour y faire face, et les visiteurs curieux qui y trouvent des raisons pour vivre une aventure inédite et flirter avec des caprices de la nature qui font l’exception dans notre pays.
Une météo capricieuse
Selon les prévisions de l’INM, la Tunisie est entrée pleinement, au mois de novembre, dans la saison fraîche avec une nette baisse des températures qui varient en moyenne entre 11°c dans les régions de l’Ouest et 19°c dans l’extrême Sud. Côté précipitations, le Nord reste la zone la plus humide, recevant entre 40 mm et 160 mm, alors que le Centre et le Sud connaissent un climat beaucoup plus sec, avec des cumuls souvent inférieurs à 411 mm.
En ce qui concerne le mois de décembre, il correspond à la période hivernale et sera caractérisé par un climat doux à frais. Selon les normales climatiques de la période 1991-2020, les températures oscilleront généralement entre 7,5°c et 15°c avec une moyenne autour de 12,5°c. La pluviométrie sera alors plus importante, atteignant en moyenne 80 mm, mais elle présente de fortes disparités spatiales : les précipitations les plus abondantes concerneront le Nord-Ouest et l’extrême Nord, tandis que le Sud restera particulièrement sec.
Avec les changements climatiques constatés ces dernières années, il faut s’attendre à des contrastes peu familiers avec des journées chaudes et des températures supérieures à la normale, et des journées de grand froid avec des averses qui dépassent, à leur tour, les moyennes habituelles.
Face à une météo aussi capricieuse, il va falloir se préparer à affronter d’autres aléas et difficultés. Dans les régions habituées aux fortes précipitations et aux inondations, les autorités régionales ont préparé leur plan d’action pour limiter au maximum les dégâts, mais on ne peut juger de l’efficacité de ces mesures que par leur réelle capacité de bloquer les débordements des eaux pluviales.
Mobilisation pour éviter les pénuries du gaz en bouteille
Qui dit froid, dit consommation élevée de gaz en bouteille pour se réchauffer. Chez nous, à chaque fois qu’on a à affronter une telle situation, les bouteilles de gaz domestiques se font très rares à cause d’une forte moyenne de consommation. Qu’en sera-t-il pour cette année ? A priori, on écarte la possibilité d’une éventuelle pénurie, si l’on se fie aux responsables de ce secteur. A ce propos, Mohamed Mnif, le président de la Chambre nationale des distributeurs de bouteilles de gaz domestique, a assuré, dans une déclaration aux médias, que l’approvisionnement en gaz sera garanti durant toute la saison hivernale. Et d’ajouter que Ie secteur est «totalement mobilisé» et prêt à éviter les perturbations constatées l’année dernière.
Selon Mnif, les centres de remplissage ont nettement amélioré leurs capacités, permettant une augmentation du rythme de production avant l’entrée dans la période de froid. Les entreprises ont également consolidé leurs dispositifs logistiques pour éviter toute rupture d’approvisionnement, un point qui avait fortement fragilisé la distribution l’hiver dernier. Il affirme que toutes les mesures anticipatives ont été prises : coordination renforcée entre distributeurs, plan de rotation intensifié des camions et suivi quotidien des stocks. Le président de la Chambre insiste sur le fait que «l’ensemble du réseau est prêt à répondre à la demande, même en cas de vagues de froid successives».
Mesures préventives contre la grippe saisonnière
Comme c’est le cas pendant la saison hivernale, la grippe se présente comme le principal danger pour la santé. En Tunisie, on s’attend à voir cette épidémie connaître son pic à la fin du mois de janvier, mais elle commence déjà à s’installer. Au ministère de la Santé, un plan national de prévention contre la grippe saisonnière et les infections respiratoires aiguës vient d’être lancé il y a trois semaines. Le ministère a annoncé, à cet effet, une série de mesures préventives destinées à anticiper la propagation du virus et à renforcer la capacité de réponse du système sanitaire, à travers la vaccination, bien entendu, mais également avec le renforcement du dispositif de surveillance et d’alerte précoce dans les hôpitaux et les laboratoires, l’extension des campagnes de vaccination, notamment en faveur des groupes les plus vulnérables (personnes âgées, femmes enceintes, malades chroniques), la formation du personnel médical et paramédical pour améliorer le diagnostic rapide et la prise en charge sur le terrain, ainsi que le lancement de campagnes de sensibilisation nationales incitant à l’adoption de gestes simples mais efficaces : lavage régulier des mains, port du masque en cas de symptômes et évitement des espaces surpeuplés.
Concernant le vaccin antigrippe, il est actuellement disponible dans les pharmacies avec un prix (40 dinars environ) relativement cher pour les petites bourses.
C’est dans un tel décor que la Tunisie accueille la saison du froid et des précipitations. Théoriquement, toutes les précautions ont été prises pour minimiser les effets du froid et de la grippe, mais c’est sur le terrain que nous aurons à évaluer objectivement l’efficacité de ces mesures.
Kamel ZAIEM