Les députés ont décidé, lors d’une réunion des commissions des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et au Conseil national des régions et des districts (CNRD) tenue mercredi, d’ajouter un article prévoyant une réduction progressive de l’impôt sur les pensions de retraite au projet de loi de Finances pour l’exercice 2026.
Le député Abdeljelil Heni, président de la Commission des finances à l’ARP, a précisé que cet article prévoit une réduction de 5% par an de l’impôt sur les revenus des retraités durant trois ans à partir de 2027, ce qui doit permettre aux personnes appartenant à cette catégorie sociale de bénéficier d’une augmentation salariale d’environ 15% au bout de ces trois années. D’autres députés ont cependant indiqué que le taux de réduction n’est pas encore officiel, notant que le taux définitif sera décidé suite à des discussions qui se tiendront dans les jours à venir avec les responsables du ministère des Finances.
La Fédération générale des retraités rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a réclamé, à plusieurs reprises ces dernières années, la suppression ou, du moins, la réduction de l’impôt sur les pensions des retraités afin de compenser la détérioration rapide de leur pouvoir d’achat en ces temps marqués par l’envolée de l’inflation et la baisse de la qualité des services sociaux comme les soins de santé et le transport public.
«Nous avons plaidé maintes fois pour l’amendement de l’article 26 du Code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés pour réduire le taux d’imposition des pensions de retraite, ainsi que pour la suppression des prélèvements sur les pensions au titre de la contribution sociale de solidarité», souligne le secrétaire général de la fédération, Abdelkader Nasri.
«Nous enregistrons une hausse vertigineuse des prix qui grignote sans cesse le pouvoir d’achat des retraités et influe négativement sur leurs conditions de vie, en l’absence de toute vision stratégique de la part du gouvernement à l’égard de ces personnes âgées qui ont rendu de loyaux services à la communauté tout au long de leur vie active», a-t-il ajouté.
«Pension de retraite minimum garantie»
Selon le même responsable syndical, une paupérisation rampante touche de plus en plus de retraités, qui ont du mal à satisfaire leurs besoins élémentaires comme l’alimentation, le loyer et les soins de santé.
Outre la réduction de l’impôt, la Fédération générale des retraités revendique la promulgation d’une loi prévoyant un seuil minimum pour les pensions de retraite équivalente au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Cette «pension de retraite minimum garantie» vise à couvrir les dépenses de base des retraités, afin de leur permettre de mener une vie décente.
Actuellement, plus de la moitié des retraités perçoivent une pension de vieillesse représentant deux tiers du salaire minimum garanti, soit environ 350 dinars. Il s’agit de 620 mille personnes, dont 600 mille affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et 20 000 affiliés à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS).
Les retraités réclament également la révision automatique des pensions des retraités affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), au lieu de l’indexation des pensions au salaire minimum garanti, ainsi que l’abrogation de la loi n° 2007-43 et de l’article 86 de la loi N° 123 de l’année 2011 modifiant et complétant les lois régissant les pensions servies au titre des régimes de retraite, d’invalidité et de survivants dans les secteurs public et privé et des régimes spéciaux, au motif que ces textes autorisent des prélèvements sur les pensions de retraite et portent préjudice au droit des retraités à une vie décente.
Selon des données publiées par l’Institut national de la consommation (INC), 39% des retraités perçoivent des pensions inférieures à 500 dinars, 30% entre 500 et 1000 dinars et 12,8% entre 1000 et 1500 dinars. Ces statistiques montrent aussi que 78% des retraités ne reçoivent pas d’aides financières de la part de l’Etat, et que 35% sont obligés d’aider souvent financièrement certains membres de la famille comme des descendants au chômage ou porteurs d’un handicap.
Walid KHEFIFI
