Les agressions et les actes de vandalisme contre les moyens de transport public, notamment les bus et les métros, prennent de plus en plus de l’ampleur. Le dernier en date a eu lieu hier et a touché une rame de la ligne 5. Certes, on entend parler d’arrestations, mais il va falloir faire beaucoup plus pour dissuader ces hors-la-loi qui semblent profiter allègrement d’une impunité qui n’a pas sa raison d’être dans de pareilles situations…
Et rebelote. Un nouvel acte de vandalisme dans les transports publics de la capitale vient de se produire. Dans la matinée d’hier, le métro n°5 de la Société des Transports de Tunis (TRANSTU) a été attaqué à coups de pierres à l’intérieur de la station d’El Omrane supérieur. Conséquences : plusieurs vitres ont été brisées, selon les responsables de la TRANSTU, qui n’évoquent pas, heureusement, d’éventuels blessés, le trafic a été bloqué pendant près d’une demi-heure, le temps de voir le calme et la sécurité reprendre leurs droits.
On n’a pas encore oublié ce qui s’est passé au mois d’octobre à la station principale de la République, qu’un nouvel épisode d’agression vient d’avoir lieu. Après le précédent épisode, Abderraouf Salah, le PDG de la TRANSTU, a dénoncé, à travers les médias, un «comportement totalement injustifiable» et n’a pas manqué de condamner cette mystérieuse recrudescence de ce type d’agressions devenues, selon lui, «presque quotidiennes». Ces actes, a-t-il rappelé, détériorent le matériel public et perturbent le service, privant les usagers de moyens de transport essentiels.
Des agressions quasi quotidiennes
Et ce n’est pas tout puisque ce même responsable a révélé qu’un bus neuf a également été pris pour cible, son pare-brise avant ayant été fracassé. Ce véhicule venait tout juste d’être mis en service, a précisé la TRANSTU, soulignant le coût financier et opérationnel que représentent ces dégradations.
On se rappelle encore qu’un autre drame a eu lieu un jour avant. Un jeune homme est décédé après être tombé d’une rame du métro n°4 à Tunis, entre les stations Bab El Assel et Bab Saâdoun. L’accident s’est produit vers 17h30, et malgré l’intervention des secours, la victime est décédée sur place des suites de ses blessures.
Et si on va s’amuser à compter et à rappeler les incidents similaires, la liste risque d’être très longue. Ces dernières années, les transports en commun dans le Grand Tunis ont connu plusieurs épisodes marquants de vandalisme comme le saccage d’un bus tout juste mis en service, le 30 juillet dernier, et les actes répétés contre les métros des lignes 5 et 6, incluant la casse de vitres et des tentatives de sabotage technique.
Que doit-on faire pour arrêter cette hémorragie d’actes de destruction et de vandalisme ? Jusqu’à quand la sécurité des citoyens usagers des bus et métros ainsi que les moyens de transport vont-ils être sous cette menace grandissante qui ne donne pas l’air de s’apaiser ?
Il faut dire que la multiplication de ces incidents, qui touchent également les trains de la SNCFT, interroge sur la capacité des autorités et des opérateurs concernés à garantir la sûreté des transports publics. Car, qu’on le veuille ou non, on ne peut plus se limiter à la réparation des dégâts et à la dénonciation de tels actes. Aujourd’hui, il est clair que nous faisons face à des bandes organisées qui utilisent des jeunes pour la mise en exécution de ces attaques qui, curieusement, se ressemblent et donnent l’impression d’être bien préparées.
Pour davantage de rigueur
C’est dire que ces parties prenantes doivent redoubler d’efforts pour renforcer la surveillance dans les rames et à l’intérieur des stations avec une rigoureuse vidéo-protection et une présence d’agents en civil pour intervenir rapidement à chaque déclenchement d’un acte irresponsable et menaçant la vie des citoyens et l’infrastructure du transport public.
Certes, il va falloir insister sur les campagnes de sensibilisation auprès des jeunes pour ne pas se plier aux criminels donneurs d’ordre, mais il faut également durcir les sanctions et les procédures juridiques pour dissuader ces vandales et leur faire comprendre qu’ils risquent de payer très fort leurs actes.
Aujourd’hui, on nous fait savoir que des jeunes et moins jeunes sont arrêtés après chaque acte de vandalisme, mais en l’absence d’information et de transparence, nous n’avons aucune idée sur la suite des événements ni sur la nature et la durée des peines infligées à ces hors-la-loi. Or, pour faire comprendre aux fauteurs et brigands qu’ils risquent gros et qu’ils ne peuvent bénéficier d’aucune impunité quand il s’agit d’attaques contre les citoyens et les moyens de transport, il faut dévoiler les peines prononcées pour montrer qu’on ne badine pas avec la justice et avec la loi quand il s’agit de telles véritables dérives. Il faut même changer quelques aspects de la juridiction concernant de tels crimes.
Est-ce trop demander pour arrêter l’hémorragie de ces actes dangereux ? Le citoyen ne cesse de réclamer son plein droit de se déplacer dans des moyens de transport confortables et sécurisés, or, avec ces crimes, la TRANSTU, déjà confrontée à ses propres problèmes, ne peut, à elle seule, satisfaire une telle demande et les autres parties prenantes doivent se montrer plus percutantes et plus sévères lorsqu’elles ont affaire à de telles situations.
Kamel ZAIEM
