Les inégalités régionales demeurent une réalité tenace, résultat d’années de négligence et de décisions politiques déconnectées des besoins réels des populations. Qu’il s’agisse de l’ancien régime ou de la dernière décennie, les responsables successifs ont multiplié les promesses sans lendemain, privilégiant trop souvent des intérêts partisans ou personnels au détriment de ceux des citoyens.
Cette accumulation d’abandons et de demi-mesures a laissé de vastes régions en marge du développement, privées d’infrastructures essentielles et des opportunités auxquelles elles avaient pourtant droit.
C’est pourquoi la question de l’égalité entre les citoyens et de la présence effective de l’État sur l’ensemble du territoire s’est imposée comme l’une des priorités du Président de la République, Kaïs Saïed. Depuis son accession au pouvoir, il n’a cessé d’affirmer, avec constance et sans tergiversation, la nécessité pour l’État d’assumer pleinement ses responsabilités envers tous, afin de garantir la dignité, la justice sociale et l’équité territoriale. Rencontrant récemment le ministre des Affaires sociales Issam Lahmar, au palais de Carthage, il lui a réitéré sa position en lui soulignant que le projet de loi de Finances pour 2026, prévoyant entre autres des majorations salariales, «n’est pas une invention et ne fait pas figure de cas isolé, citant à titre indicatif et non limitatif, des dispositions traitant de la même question qui ont été inscrites dans le texte des lois de Finances des années 1973, 1974, 1975 et 1976. Il a mis ainsi le doigt sur le manque de diligence des responsables durant ces années, afin de garantir aux citoyens, où qu’ils se trouvent, les attributs de la dignité et de la justice sociale. Toutes les régions doivent bénéficier d’un développement équitable, fondé sur une répartition juste des investissements publics et la mise à disposition d’infrastructures essentielles dont les routes, l’eau potable, les services de santé, les équipements éducatifs afin de réduire les déséquilibres régionaux qui persistent depuis des décennies. Ces actions ne relèvent pas d’une politique conjoncturelle, mais s’inscrivent dans une démarche structurelle visant à renforcer l’État social, tel que consacré par la Constitution. D’où la nécessité de poursuivre les réformes et d’accélérer la mise en œuvre des projets annoncés, la dignité sociale et le développement équilibré constituant pour le Chef de l’Etat, des priorités nationales incontournables.
Répondre aux besoins immédiats des populations
Cependant, les disparités régionales demeurent importantes avec des zones entières qui souffrent encore de la faiblesse des services publics, du manque d’infrastructures de base, d’un accès limité aux soins, aux transports, à l’eau potable ou encore à l’emploi. À cela s’ajoute un tissu économique fragile dans plusieurs régions, où les projets d’investissement tardent à se concrétiser et où les jeunes peinent à trouver des opportunités. Le pays fait également face à une pression budgétaire significative, qui limite la capacité de l’État à intervenir de manière rapide et massive. Les mécanismes administratifs, parfois lourds, ralentissent la mise en œuvre des programmes, tandis que les attentes sociales s’intensifient, notamment dans le contexte actuel de hausse du coût de la vie et d’appauvrissement des ménages. Pour faire face à ces défis et comme l’a souligné le Chef de l’Etat, il est nécessaire d’acheminer des aides urgentes vers les régions les plus touchées. Ces interventions doivent être rapides, directes et efficaces, afin de répondre aux besoins immédiats des populations, qu’il s’agisse d’alimentation, de santé, de transport ou de soutien social. Ainsi, une transformation rapide s’impose, celle d’un développement réellement équitable entre les régions. Cela implique la modernisation des infrastructures, la réhabilitation des établissements publics, la construction de routes, d’écoles, de centres de santé, ainsi que la création d’écosystèmes économiques capables de générer des emplois durables.
Marginalisation des régions, fruit de décennies de négligences
La vision présidentielle repose sur un modèle d’État social qui ne se contente pas de corriger les urgences, mais agit en amont en anticipant les besoins. Cela passe par une meilleure coordination entre les ministères, une mobilisation accrue des gouvernorats et une approche de proximité permettant d’identifier les priorités réelles des citoyens, là où les besoins se font le plus sentir. Le Président Kaïs Saïed a tenu à rappeler que les catégories marginalisées «ne sont pas nées marginalisées», mais qu’elles sont le résultat direct de décennies de politiques publiques défaillantes. Selon lui, l’accumulation d’erreurs, de négligences et d’injustices structurelles a progressivement conduit à l’exclusion sociale, à l’appauvrissement de larges franges de la population et à l’aggravation des inégalités territoriales. «Ce n’est pas le peuple qui a failli, mais les politiques qui lui ont été imposées», a-t-il laissé entendre, en pointant la responsabilité de choix économiques et sociaux qui n’ont jamais permis un développement équilibré. Les catégories marginalisées doivent bénéficier en priorité des efforts de l’État, non par compassion, mais par justice et par droit. Il a rappelé que la refondation du modèle de développement ne peut réussir sans un rééquilibrage profond entre les régions, un renforcement du rôle social de l’État et un repositionnement des politiques publiques au service du citoyen. Pour Saïed, il s’agit d’un impératif moral autant que d’un choix stratégique pour reconstruire la confiance et restaurer la cohésion sociale.
Refonte des mécanismes de gouvernance
En définitive, le message du Président Kaïs Saïed traduit une volonté ferme de rompre avec les anciennes pratiques et de réorienter l’action publique vers un modèle fondé sur l’équité, la justice sociale et la dignité citoyenne. En rappelant que la marginalisation de larges franges de la population est le résultat de politiques longtemps défaillantes, le Chef de l’État dessine les contours d’une véritable feuille de route, celle d’un État qui reconnaît ses responsabilités, assume son rôle régulateur et s’engage à corriger les injustices accumulées au fil des décennies. Cette vision implique non seulement une présence accrue de l’État dans toutes les régions, mais aussi une refonte des mécanismes de gouvernance, une meilleure allocation des ressources et un suivi rigoureux des politiques publiques. Il s’agit de passer d’un discours de principes à une action concrète, mesurable et durable, capable de restaurer la confiance des citoyens et de redonner espoir aux catégories longtemps délaissées.
Le défi consiste désormais à traduire ces orientations en réalisations tangibles, perceptibles dans la vie quotidienne, à savoir infrastructures de base, services publics efficaces, emploi digne et égal accès aux opportunités. C’est à cette condition que les citoyens pourront retrouver toute leur place dans le projet national et que l’État social, longtemps annoncé, deviendra enfin une réalité vécue et non plus un simple engagement programmatique.
Ahmed NEMLAGHI
