Selon des spécialistes, l’intelligence artificielle (IA) pourrait générer jusqu’à 14% du PIB mondial à l’horizon 2030, soit près de 15.700 milliards de dollars. Ce chiffre astronomique révèle la profondeur de la révolution en cours. En effet, d’après les projections, 80% des Objectifs de Développement Durable (ODD) pourraient être réalisés grâce à l’IA, notamment dans la santé, l’éducation et l’environnement.
Pourtant, la Tunisie reste loin du compte : en 2024, l’indice de préparation à l’IA établi par Oxford Insights (Government AI Readiness Index) positionne des pays comme Singapour, les États-Unis et la France parmi les leaders mondiaux, tout en révélant les défis des nations en développement, notamment en Afrique. La Tunisie est actuellement classée au 92e rang sur 188 pays.
Toujours selon les spécialistes tunisiens dans le secteur de l’IA, le problème n’est pas l’absence d’engagement, c’est plutôt le manque de stratégie. Pourtant, les compétences en la matière et les infrastructures numériques ne manquent pas. En éducation, il existe un grand retard à combler et notre école est appelée aujourd’hui à jouer son rôle dans le domaine de l’IA, qui ne cesse d’envahir tous les systèmes éducatifs à travers le monde.
Rôle et impact de l’IA sur l’éducation
L’on sait déjà que l’IA, cette technologie innovante, permet de minimiser l’erreur et d’améliorer l’expérience des utilisateurs dans divers domaines, notamment celui de l’éducation. Désormais, le rôle de nos écoles consiste à initier et éduquer les élèves à se servir des outils de l’IA pour les préparer à demain. Qu’elle soit positive ou négative, elle s’impose aujourd’hui comme un fait social qui bouscule l’école. Il est vrai que bon nombre d’enseignants se montrent un peu réticents et se disent même inquiets face à cette nouvelle technologie. Dès lors, une formation à l’IA pour ces enseignants s’avère obligatoire et il est grand temps pour le ministère de l’Education de s’en charger à travers des séances de recyclage consacrées à l’initiation des techniques de l’IA.
En effet, dès le cycle primaire, l’école doit être capable d’aider très tôt à apprendre aux élèves à se servir de l’IA, à la mettre au service de leurs apprentissages, à les accompagner dans l’usage de ses différentes techniques. C’est là une mission fondamentale de l’école. Il est vrai qu’aujourd’hui, on trouve chez nous des élèves et des étudiants qui ont déjà intégré le monde de l’IA et ils en font usage dans leur formation et leurs études. Cependant, ce qu’on attend de notre école, c’est de généraliser cet usage dans tous les niveaux scolaires.
L’IA, un fait accompli
L’IA est arrivée dans l’enseignement, on n’a pas d’autre choix que de faire avec. On ne doit pas avoir peur de cette technologie, ni chez les enseignants ni chez les élèves. Il s’agit simplement de montrer aux élèves que l’IA n’est pas de la magie et qu’elle ne doit pas être utilisée comme un gadget pour obtenir un résultat rapide. Ce qui compte le plus, c’est d’instaurer une transparence entre élèves et enseignants sur les usages. Cependant, l’esprit critique reste au centre, l’IA n’est pas plus puissante que l’imagination des élèves. Ce qui intéresse l’enseignant, selon les spécialistes en IA, ce n’est pas le résultat mais comment l’élève y arrive. Les erreurs, les étapes, les reprises sont au cœur des apprentissages. Face à des outils qui proposent des réponses immédiates, l’école doit valoriser le temps long et le cheminement intellectuel. L’IA sera donc utilisée pour compléter les recherches documentaires avant d’engager un travail personnel, renforçant l’autonomie des élèves.
Il est évident que le rôle de l’enseignant est primordial dans l’apprentissage de cette nouvelle technologie aux élèves, sans jamais s’éloigner de ses tâches principales, à savoir la médiation, l’éducation à l’esprit critique, la réflexivité face à la puissance et l’attirance de ce nouvel outil. Bref, éduquer à l’IA dans nos écoles n’est pas seulement un enjeu scolaire, c’est une nécessité sociale pour éviter que ne se creusent les inégalités culturelles. Ce nouvel outil n’est donc pas à négliger ou à bannir, mais il s’agit de permettre aux élèves de l’utiliser de manière éclairée, critique, créative. C’est un défi pour les élèves, mais aussi pour les enseignants, appelés à guider, accompagner, questionner et donner du sens à ces nouvelles pratiques qui transforment en profondeur le rapport au savoir.
Hechmi KHALLADI
