L’inauguration à Kairouan d’une nouvelle station de production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque marque une avancée majeure dans notre politique énergétique. Présidé par la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, ce projet s’inscrit dans une dynamique nationale visant à accélérer la transition vers des sources d’énergie propres, durables et locales. Dans un contexte international caractérisé par la hausse des prix de l’énergie et l’instabilité des marchés, l’investissement dans le solaire apparaît désormais comme une priorité stratégique pour la Tunisie.
Dotée d’une capacité de production de 120 MW par an, cette station permettra de couvrir environ 0,5% de la demande nationale en électricité. Si cette part peut sembler limitée, elle représente en réalité une contribution significative à l’effort de diversification du mix énergétique. Surtout, la production locale d’électricité solaire permettra de réduire la facture d’importation de gaz naturel d’environ 15 millions de dollars par an, un gain financier important pour un pays confronté à des contraintes budgétaires persistantes et à un déficit énergétique structurel.
Réduire la dépendance énergétique et renforcer la souveraineté nationale
La Tunisie dépend encore largement des énergies fossiles importées pour assurer son approvisionnement en électricité, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix internationaux et aux tensions géopolitiques. Cette dépendance pèse lourdement sur les finances publiques et sur la balance commerciale. Dans ce contexte, le développement de l’énergie solaire constitue une réponse concrète à la nécessité de renforcer la souveraineté énergétique du pays.
En exploitant un potentiel solaire parmi les plus élevés de la région, la Tunisie dispose d’un avantage comparatif majeur. Les investissements dans les infrastructures photovoltaïques permettent non seulement de sécuriser une partie de l’approvisionnement énergétique, mais aussi de stabiliser les coûts de production à long terme. Contrairement aux énergies fossiles, le solaire offre une visibilité accrue sur les coûts, réduisant ainsi l’exposition du pays aux chocs externes.
Par ailleurs, l’augmentation de la part des énergies renouvelables contribue à alléger la pression sur la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), confrontée à des défis financiers et opérationnels importants. En diversifiant ses sources de production, la STEG pourra améliorer sa résilience et optimiser la gestion du réseau électrique national.
Un investissement structurant pour une croissance durable
Le coût global de la station solaire de Kairouan s’élève à 250 millions de dinars tunisiens, financés par la Société financière internationale (SFI), affiliée à la Banque mondiale, et par la Banque africaine de développement (BAD). Ce soutien international témoigne de la crédibilité du projet et de la confiance des bailleurs de fonds dans la stratégie énergétique tunisienne. Il reflète également l’importance accordée aux énergies renouvelables comme levier de développement durable dans les pays émergents.
Au-delà de la production d’électricité, ce type d’investissement a des retombées économiques positives, notamment en matière de création d’emplois, de dynamisation des régions intérieures et de développement des compétences locales. L’implantation de la station dans la zone industrielle de Kairouan renforce l’attractivité économique de la région et contribue à une meilleure répartition territoriale des investissements.
Sur le plan environnemental, l’énergie solaire joue un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et dans la lutte contre le changement climatique. Dans un pays particulièrement exposé aux impacts climatiques, l’orientation vers des sources d’énergie propres devient un impératif autant écologique qu’économique.
L’annonce par la ministre de l’Industrie du lancement prochain de projets similaires confirme la volonté des autorités de faire de l’énergie solaire un pilier du modèle énergétique national. La station de Kairouan s’impose ainsi comme un symbole fort d’une transition énergétique en marche, porteuse de stabilité, d’indépendance et de perspectives durables pour les générations futures.
Leila SELMI
