Par Slim BEN YOUSSEF
On reconnaît la Palestine comme on blanchit un crime : sans justice, sans scrupule, avec un sang-froid de bourreau poli. À l’ONU, les mains se lèvent : France, Royaume-Uni, Canada, Belgique, Portugal… La liste s’allonge ; Australie, Andorre, Luxembourg, Malte, Saint-Marin. Mais sur les quais, les cargaisons d’armes appareillent pour l’entité sioniste. Génocide inédit, Nakba perpétuelle, colonies illégales, occupation brutale : l’État soi-disant « reconnu » est un État affamé, assiégé, désossé, massacré.
Les ruines calcinées, les charniers béants, les familles déracinées composent sa carte d’identité. Les historiens jugeront s’il y eut jamais une chance de créer un État palestinien sur un territoire conçu comme une colonie sioniste, rejeton anachronique de l’empire occidental, pensé comme atout stratégique plutôt qu’entité souveraine.
Les accords d’Oslo ? Une parenthèse vite refermée. Même les cyniques y voyaient un horizon. Il n’a jamais existé.
Et l’on exige aujourd’hui des Palestiniens qu’ils abdiquent leur résistance pour légitimer leur survie. L’État « promis » est un État confisqué : un cachet diplomatique sur une prison à ciel ouvert, une fiction cartographiée par l’occupant.
Mascarade immonde : un État reconnu sans liberté est déjà un État nié.
La semaine dernière, l’ONU a nommé l’indicible : un génocide à Gaza. Les preuves brûlent : appels publics au massacre, colonies voraces, hôpitaux consumés, enfants ensevelis. Tout est visible, tout se répète en direct. Le « droit international » ? Une carcasse exhibée sur les écrans.
L’Occident, tenu par la « loi » de prévenir un génocide, choisit l’escamotage. Un vote à l’ONU pour alibi, une reconnaissance de rideau. Derrière : contrats d’armement, cargaisons d’arsenaux, budgets militaires engraissés par le génocide. On offre des applaudissements à la Palestine, on nourrit de bombes son bourreau.
La farce est complète : on proclame l’ombre d’un État et on détruit les conditions de son existence. La Palestine s’inscrit à l’encre des chancelleries pour mieux disparaître de la géographie.
La vérité ? La Palestine n’a pas besoin d’être reconnue — elle a besoin d’être libérée.
