La fréquence des visites des Tunisiens au restaurant a diminué, probablement en réponse à l’augmentation du coût de la vie. En Tunisie, aller au restaurant demeure un petit plaisir auquel deux Tunisiens sur trois s’adonnent au minimum une fois par mois. Le pouvoir d’achat a, à l’évidence, un impact sur nos habitudes de consommation : les Tunisiens dînent moins souvent au restaurant qu’il y a cinq ans. La raison principale ? Leur budget serré les pousse à surveiller de près leurs dépenses.
Mais comment choisissent-ils leurs restaurants ? Le type de cuisine, le prix et l’emplacement sont les principaux critères. On va au resto comme ça nous chante, et surtout, avec qui ça nous chante. Les sorties se transforment à la fois en moments de partage et d’expression personnelle. Il est vrai que les Tunisiens sont devenus exigeants et pour se démarquer dans ce marché compétitif, les restaurateurs doivent comprendre et s’adapter à ces mutations.
Le secteur compte actuellement 380 restaurants touristiques totalisant 38 000 sièges et un chiffre d’affaires de plus de 380 millions de dinars, avec une capacité de création d’emploi de 100 000 postes directs et indirects. Mais la fréquence des sorties au resto a beaucoup chuté. Sont pointées du doigt l’inflation galopante et la hausse des prix de la restauration. Résultat, on observe une véritable baisse de fréquentation des restaurants. Ce déclin contraste avec la croissance du secteur de la restauration rapide et la flambée des prix des denrées alimentaires.
Avec leur pouvoir d’achat sous pression, les consommateurs se tournent moins vers les restaurants traditionnels et davantage vers les fast-foods, qui sont moins chers. Oui, si le plaisir de manger au restaurant reste ancré dans les mœurs, il est aujourd’hui plus réfléchi, plus rare et plus coûteux. Pour les restaurateurs, l’enjeu est désormais de s’adapter à ces nouvelles attentes, en misant sur la qualité et l’expérience, tout en restant attentifs aux pressions budgétaires qui pèsent sur leurs clients. Quant à celles et ceux qui continuent à les fréquenter, le budget moyen par personne demeure conséquent. Comptez environ 100 à 150 dinars par repas. Malgré le resserrement du budget, les goûts des Tunisiens, eux, demeurent inchangés. C’est d’abord la cuisine tunisienne et la gastronomie européenne qui dominent les assiettes. Une constante de ce côté-là donc depuis plusieurs années.
Ce qui change en revanche, c’est l’approche beaucoup plus réfléchie des Tunisiens lorsqu’ils sortent dîner. En effet, puisque le nombre de sorties au restaurant a diminué surtout en hiver, la qualité de l’expérience prend d’autant plus d’importance. La moitié des convives commande deux plats (entrée, plat et dessert), tandis qu’un quart se contente d’un plat unique. Un autre quart opte pour un repas complet avec trois ou quatre plats. Les Tunisiens sortent moins souvent, mais dépensent davantage en moyenne lorsqu’ils sortent. En effet, l’addition grimpe tandis que les visites se raréfient. Autrement dit, les consommateurs compensent la raréfaction de leurs sorties par une quête de qualité : ils sont prêts à payer le prix uniquement si l’expérience en vaut la peine.
La qualité des services, priorité des clients
La qualité est bien sûr l’affaire de tous, du directeur du resto jusqu’au plus jeune apprenti, en passant par le plongeur. C’est un travail constant, permanent, récurrent, presque minute après minute, de bien faire et de vérifier que les choses sont bien faites. La gestion de la qualité est le processus qui consiste à s’assurer que les produits et services répondent ou dépassent les attentes des clients. La qualité est au cœur de la réputation d’un restaurant. Elle englobe non seulement la présentation esthétique des plats mais également la fraîcheur des ingrédients, la constance des recettes et l’expérience globale du client. Des plats magnifiquement présentés et savoureux créent une impression durable et incitent les clients à revenir. Une approche axée sur la qualité permet également de fidéliser une clientèle exigeante. Et également de maintenir une image positive dans un marché compétitif.
Dans l’univers compétitif de la restauration, réussir à combiner qualité des produits et rentabilité financière est un défi majeur pour tout propriétaire ou gestionnaire d’établissement. Face à des attentes toujours plus élevées de la part des clients et à une concurrence accrue, il est essentiel de développer des stratégies efficaces qui optimisent à la fois l’expérience culinaire et la viabilité économique. Le personnel joue un rôle crucial dans la garantie de la qualité et de la rentabilité. Former régulièrement les employés sur les pratiques de préparation des aliments et sur l’importance de la gestion des coûts peut améliorer l’efficacité opérationnelle et par la suite, réduire les erreurs coûteuses. Favoriser une communication ouverte et une collaboration entre les équipes de cuisine et également de service permet de résoudre rapidement les problèmes potentiels et d’améliorer l’expérience client de manière cohérente. En priorisant la qualité des produits, en optimisant les coûts, en ajustant le menu de manière intelligente, en formant et en communiquant efficacement avec le personnel, les restaurateurs peuvent non seulement survivre mais aussi prospérer dans un environnement dynamique et exigeant.
Innover et s’adapter aux mutations
Nos restaurants doivent cependant évoluer, impulsés par des innovations culinaires, des concepts audacieux et une clientèle de plus en plus exigeante à la recherche d’expériences uniques. Innover dans le secteur de la restauration demande vision et créativité. Que ce soit par des concepts audacieux, des menus éco-responsables ou des expériences immersives, les possibilités sont infinies. En adoptant et en adaptant ces tendances, chaque restaurateur peut transformer son établissement pour répondre aux attentes changeantes des consommateurs d’aujourd’hui.
Nos restaurants doivent privilégier des repas sains, équilibrés, préparés avec des ingrédients frais, biologiques et souvent locaux. Beaucoup de Tunisiens sont désormais intéressés par des repas bio aux restaurants qui doivent adopter cette démarche éthique valorisant les produits locaux et de saison, soutenant ainsi une alimentation saine et durable. Cette tendance pousse les restaurateurs à diversifier leur carte pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Ces tendances illustrent la dynamique actuelle du secteur de la restauration. En les intégrant, les restaurateurs peuvent non seulement se démarquer, mais aussi répondre aux attentes croissantes de leurs clients. Adapter les tendances globales aux attentes locales est crucial pour le succès. Un restaurant doit prendre en compte la culture gastronomique locale tout en ajoutant une touche unique pour se démarquer.
L’originalité est un atout majeur dans un marché saturé. Avec l’avancée rapide des technologies, les restaurants peuvent intégrer des solutions innovantes pour améliorer l’expérience client et l’efficacité opérationnelle. Des technologies comme la reconnaissance faciale, la blockchain et les chatbots peuvent offrir des expériences personnalisées tout en rationalisant les processus.
Les restaurants ne se contentent plus de nous nourrir, ils nous plongent dans une expérience sensorielle totale. Désormais, l’univers proposé par le restaurant compte (presque) autant que ce qu’il y a dans l’assiette. Tout est pensé pour vous immerger : les lumières, la musique, les matériaux… Bref, le restaurant d’aujourd’hui est un vrai laboratoire : menus originaux, expériences gustatives uniques, ambiance immersive… Les chefs cuisiniers peuvent se libérer des codes, prendre des risques et surprendre les convives avec des menus originaux et des plats innovants ou audacieux, et plus de créativité. Simplicité, authenticité et durabilité : la tendance food de 2025 revient aux sources. Fini l’accumulation, on mise sur l’essentiel avec des produits locaux, de saison, respectueux de l’environnement.
Pour une révision du système de classement des restaurants touristiques
La classification des restaurants est le fait d’attribuer des étoiles pour les évaluer. Les étoiles sont liées exclusivement à la cuisine. L’environnement et le service ont donc une classification séparée et sont attribués en fourchette. Ainsi, les étoiles sont attribuées aux meilleurs restaurants. La révision du système de classement des restaurants touristiques est l’un des chantiers essentiels qui mobilise l’administration et la profession. Elle a pour ambition de développer de nouveaux concepts de restauration et de valoriser le patrimoine culinaire tunisien et d’en faire un levier d’attractivité touristique.
Les normes actuelles de classification des hôtels sont devenues obsolètes et ne correspondent plus aux standards internationaux. D’ailleurs, il convient de rappeler que la dernière mise à jour de ces critères remonte à une vingtaine d’années, soit en 2005. Entretemps, beaucoup de choses ont changé et de nouveaux chapitres font désormais partie de l’ensemble des règles déterminant le niveau et la qualité des services rendus par les restaurants. D’ailleurs, la Fédération Tunisienne des Restaurants Touristiques ne cesse d’appeler à améliorer et développer la législation relative au secteur afin de s’adapter à la nouvelle ère et aux évolutions du secteur touristique au niveau mondial, tout en insistant sur la nécessité d’accélérer le processus de révision du classement en parfaite concertation avec les partenaires de l’administration du tourisme et promouvoir d’autres concepts de restauration, d’autres produits et d’autres filières de l’art culinaire qui s’appuient sur l’attente du client et plus encore, de côtoyer les évolutions des tendances de la demande aussi bien nationale qu’internationale. L’adoption de technologies avancées est devenue indispensable pour optimiser les opérations et améliorer la rentabilité en restauration.
Les logiciels de gestion spécialisés offrent une visibilité en temps réel sur les coûts, les marges bénéficiaires et les tendances de consommation, permettant ainsi aux gestionnaires de prendre des décisions stratégiques éclairées. Des outils comme Koust, conçu spécifiquement pour l’industrie de la restauration, permettent de surveiller les achats, d’analyser la rentabilité des plats et d’optimiser la gestion des stocks à travers plusieurs sites, facilitant ainsi une gestion centralisée et efficace.
Kamel BOUAOUINA
