Après moult atermoiements et autres tergiversations, le général Hiver s’est finalement décidé à s’installer de plein droit sous nos cieux. Et comme pour se dédouaner de son retard, le baromètre affiche désormais des chiffres rivalisant dans certaines régions avec ceux enregistrés dans les contrées étrangères. De facto, chacun d’opter et d’avoir recours selon ses possibilités à une méthode adéquate pour se prémunir de la vague mordante de froid.
Diversité des moyens de chauffage
L’on a tous en mémoire le bon vieux braséro « Kanoun » rempli de pièces de charbon surmontées par l’indétronable « saliha » (une boite de tomate dépourvue de ses deux couvercles) dans le dessein d’attiser la combustion en créant un courant d’air parmi les morceaux de houille. Avec recommandation expresse de nos aïeux de ne le faire entrer dans la chambre qu’une fois tout le charbon devenu rougeâtre.
Les réchauds à gaz, à pétrole, électriques, cheminée, firent leur apparition ultérieurement avec de céder la place, chez les ménages nantis, au chauffage central.
Données physiologiques sommaires
Sans entrer dans les détails complexes, disons simplement que l’oxygène inspiré se lie au niveau des poumons à une molécule l’Hémoglobine principale composante du globule rouge : l’oxyhémoglobine ( Hbo2). Les globules rouges dans le sang ayant pour mission de véhiculer l’oxygène vers les différents tissus de l’organisme. En retour, cette hémoglobine une fois déchargée, se conjugue au dioxyde de carbone ( Co2) pour former la Carbamino-hémoglobine ( Hbco2). Direction les poumons pour y décharger le( Co2) et se charger de nouveau d’oxygène.
Mécanisme de l’intoxication
Le monoxyde de carbone (CO) est très toxique pour l’organisme. Sa dangerosité réside dans le fait que c’est un gaz incolore (aucune couleur), indolore (ne faisant pas souffrir) et insipide (indécelable au goût) donc complètement indétectable. Il résulte d’une combustion incomplète et peut également émaner d’un chauffe-eau mal réglé. Pis encore, il peut s’insinuer dans l’eau chaude lors d’une prise d’un bain ou d’une douche rapide donnant la Carboxyhémoglobine (Hbco). Le monoxyde de carbone (CO) remplace donc d’autorité l’oxygène(O2) au sein de l’hémoglobine avec une affinité vis-à-vis de cette dernière de l’ordre de 230 fois plus puissante ; Entendre, il faudrait 230 molécules d’oxygène pour déloger une molécule de monoxyde de carbone de son transporteur hémoglobinique. Les symptômes allant des maux de tête (céphalée) pour une concentration avoisinant les (10 à 20 % de Hbco) au coma voire la mort pour une (Hbco) supérieure à 50-70% dans le sang !
L’astériognosie
Le plus cruel dans l’affaire, cette intoxication se fait d’une façon insidieuse sans attirer l’attention, sans le moindre signal d’alarme. Le gaz étant, comme cité précédemment incolore, insipide et indolore ! A tous les coups, les médecins et /ou les agents de la protection civile appelés à la rescousse découvrent le sujet inerte, le teint rosâtre et …recroquevillé dans l’angle opposé de la porte ou de la fenêtre ; En voulant quitter tardivement la pièce, il s’est dirigé vers la direction inverse tout en ayant l’intention de se soustraire au milieu toxique…mortel. C’est la perte classique du sens de l’orientation propre à l’intoxication au (CO) : l’astériognosie.
Gestes salvateurs à faire
Vérifier la bonne et totale combustion du charbon du braséro (aucune pièce de charbon encore noire n’est tolérée) ; Toutes les sorties des réchauds à gaz ou à pétrole et des chauffe-bains doivent être fonctionnelles et non obturées ; ramoner les cheminées ; Surtout ne point installer les chauffe-bains dans les salles de bains, salles d’eau ou cuisines ; penser à les placer à l’air libre et pas dans milieu clos. En présence d’une intoxication, ouvrir toutes les fenêtres, portes, sas, et extraire illico-presto le sujet de cette ambiance suffocante sans tenter d’abord de l’habiller d’abord ; La pudeur passe aux oubliettes dans pareilles urgences et on y pensera un jour de pluie… Et puis chopper éventuellement une bronchopneumonie est nettement mieux que de gagner un billet d’aller simple vers un monde dit meilleur…Appeler les secours avec le transfert vers un centre médical spécialisé pour le dosage de la Carboxyhémoglobine (Hbco) et l’oxygénation massive du patient. A souligner que dans des cas graves, on a recours au caisson hyperbare ou de décompression (chambre hyperbare) où l’intoxiqué (e) inhale de l’oxygène à 100% ou est soumis(e) à un mélange suroxygéné. Ce traitement permet au sang d’apporter massivement de l’oxygène dans l’organisme là où il faut.
Mais le meilleur moyen d’éviter toutes ces complications pouvant être des fois léthales, étant la prévention et les mesures de sécurité connues de tous et à suivre rigoureusement.
Mohamed Sahbi RAMMAH
