La deuxième édition des Journées de l’investissement à Médenine s’est ouverte samedi dernier, sous le slogan évocateur : «Médenine, un portail pour l’investissement intelligent». Cet événement économique d’envergure s’inscrit dans une dynamique nationale visant à renforcer l’investissement privé, attirer les investisseurs et porteurs de projets et valoriser les atouts économiques et stratégiques de la région.
Conçue comme une plateforme stratégique d’échanges et de réflexion, cette édition ambitionne de positionner Médenine comme une destination d’investissement prometteuse, en capitalisant sur ses avantages comparatifs, sa position géographique et son potentiel humain. Elle vise également à créer un cadre propice à la rencontre entre opérateurs économiques, investisseurs, institutions publiques et acteurs du développement local. Le président du Conseil national des régions et des districts (CNRD), Imed Derbali, qui a présidé cette édition, a déclaré dans son discours d’ouverture que «les journées de l’investissement à Médenine représentent une plateforme stratégique pour mettre en évidence le grand potentiel du gouvernorat, y compris la diversité des ressources naturelles, les compétences humaines qualifiées et une situation géographique stratégique, qui ouvre de larges horizons pour le commerce et l’innovation. En Tunisie, cette prise de conscience s’est progressivement traduite par une volonté affirmée d’inscrire le pays dans la dynamique de l’ère numérique, en adaptant ses politiques publiques, son cadre réglementaire et ses infrastructures aux exigences d’un monde de plus en plus digitalisé.
Economie numérique, vecteur central de développement
L’économie numérique apparaît aujourd’hui comme un vecteur central de transformation. Elle touche aussi bien les services publics que les secteurs productifs traditionnels, à travers la digitalisation des procédures administratives, le développement des plateformes électroniques, l’essor des fintechs, de l’e-commerce et des solutions fondées sur l’intelligence artificielle. Ces évolutions visent non seulement à améliorer l’efficacité et la transparence, mais aussi à réduire les coûts, lutter contre la bureaucratie et favoriser l’inclusion économique. Sur le plan institutionnel, les autorités tunisiennes ont multiplié les initiatives pour accompagner cette transition. Le renforcement de l’administration numérique, la modernisation des systèmes d’information publics et l’interconnexion des bases de données constituent des priorités affichées. L’objectif est double : améliorer la qualité du service rendu au citoyen et instaurer une gouvernance plus rationnelle, fondée sur les données, la traçabilité et la redevabilité. Le développement technologique est également perçu comme un levier stratégique pour l’emploi, notamment en faveur des jeunes diplômés. Les secteurs des technologies de l’information et de la communication, des startups innovantes et de l’ingénierie numérique offrent des perspectives de création de valeur à forte intensité de compétences. Dans ce cadre, l’encouragement à l’entrepreneuriat technologique, le soutien aux PME innovantes et la promotion de l’investissement dans les technologies émergentes occupent une place centrale.
Rôle pivot des régions et justice régionale
Imed Derbali a souligné par ailleurs que la nouvelle voie de réforme dont témoigne la Tunisie donne aux régions et aux districts un rôle pivot en tant que partenaire clé dans la formulation des politiques de développement, et rend l’investissement intelligent une véritable passerelle pour parvenir à un développement équilibré et global, basé sur la justice régionale et une répartition équitable des richesses. En effet, plusieurs régions sont restées longtemps marginalisées et laissées pour compte. C’est pour cela que de tels événements représentent une opportunité importante afin de prendre en compte toutes les données et initiatives sur lesquelles on peut s’appuyer dans la préparation des futurs plans de développement, en particulier le plan de développement 2026-2030 destiné à remédier à toutes les situations d’iniquité et d’injustice sociale. Présent à cet évènement, Brahim Bouderbala, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a déclaré à la cérémonie de clôture que «le Parlement entend jouer un rôle moteur dans l’adoption de textes favorables à l’investissement et à la croissance. Il a, dans ce sens, appelé à renforcer la confiance en soi et en la patrie, considérant cet élément comme une condition essentielle à la réussite des parcours politique, économique et social.
Renforcer la coordination et l’intégration entre tous
Toutefois, cette transition numérique n’est pas sans défis. Elle suppose des investissements conséquents dans les infrastructures, la cybersécurité et la formation des ressources humaines. Elle implique également une adaptation du cadre juridique afin de protéger les données personnelles, sécuriser les transactions électroniques et garantir un usage éthique des technologies, notamment de l’intelligence artificielle. Imed Derbali a ajouté que ces objectifs ambitieux ne peuvent être atteints qu’en renforçant la coordination et l’intégration entre tous les acteurs locaux, régionaux et nationaux, et en adoptant une volonté politique claire et solidaire de transformer les défis en opportunités. À l’heure où l’économie mondiale se redessine autour de la donnée, de l’intelligence artificielle et de la transformation numérique, la Tunisie n’a plus le luxe de considérer l’innovation technologique comme un simple choix stratégique, elle en fait désormais une nécessité nationale. Le développement technologique apparaît comme un levier central pour relancer la croissance, moderniser l’administration, renforcer la compétitivité des entreprises et offrir de nouvelles perspectives à une jeunesse hautement qualifiée.
Réduire les fractures numériques
Toutefois, cette transition ne saurait être uniquement technologique. Elle exige une vision politique claire, un cadre réglementaire adapté, des investissements ciblés et surtout une gouvernance capable d’accompagner le changement, de protéger les données, de réduire les fractures numériques et de garantir que l’innovation serve l’intérêt général. La digitalisation ne doit pas creuser les inégalités, mais au contraire contribuer à l’inclusion sociale, territoriale et économique. En misant sur l’innovation, la recherche, les startups, la formation et la souveraineté numérique, la Tunisie peut transformer ses contraintes en opportunités et s’inscrire durablement dans l’économie du savoir. Le défi est de taille, mais il constitue aussi une chance historique : bâtir un modèle de développement plus agile, plus équitable et résolument tourné vers l’avenir. Dans un contexte marqué par de fortes contraintes économiques et financières, l’innovation ne relève plus d’un simple choix stratégique, mais s’impose comme une nécessité impérieuse. Pour la Tunisie, se mettre au diapason des exigences de l’ère numérique implique de repenser en profondeur son modèle de développement, de mieux valoriser son capital humain et de faire du progrès technologique un levier au service de la justice sociale, de la transparence et de la souveraineté nationale.
Promotion de l’investissement intelligent
Cette dynamique d’innovation doit toutefois s’adapter aux spécificités régionales, notamment celles du gouvernorat de Médenine, ainsi qu’aux réalités de l’économie nationale. En intégrant les potentialités locales, les compétences disponibles et les priorités de développement territorial, l’innovation devient un facteur d’inclusion et de création de valeur durable. C’est dans cette perspective que la promotion de l’investissement intelligent contribue à instaurer un climat des affaires plus attractif, à renforcer la confiance des investisseurs et à améliorer la compétitivité de la Tunisie, tant au niveau régional qu’international. En misant sur la technologie, la créativité et l’intelligence économique, le pays se dote ainsi des outils nécessaires pour relever les défis actuels et inscrire son développement dans une trajectoire plus équitable et résiliente.
Ahmed NEMLAGHI