Après trois semaines de tension entre les deux parties, le ciel donne l’impression de se dégager pour laisser place à un nouveau compromis. C’est que la Chambre syndicale vient d’annoncer son intention de renouer le contact avec la CNAM pour mettre fin au conflit à propos du régime du tiers payant, au profit des assurés. De bon augure…
Verra-t-on, très bientôt, les deux protagonistes aller dans le même sens et faire preuve de sagesse et de sens de la responsabilité envers les citoyens ? On l’espère bien puisque le gel des négociations va bientôt laisser place à un dialogue qui doit prendre en considération, en premier lieu, l’intérêt des assurés de la CNAM.
En effet, la Chambre syndicale tunisienne des propriétaires de pharmacies privées vient d’annoncer, dans un communiqué publié le 22 décembre, que son bureau national se rendra à une nouvelle réunion avec la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), sans conditions préalables, dans l’intérêt national et celui du citoyen, afin de parvenir à des solutions mettant fin à la crise contractuelle entre les deux parties.
Dans ce même communiqué, la Chambre réaffirme, tout de même, son attachement à trois revendications essentielles : garantir la disponibilité effective et continue des médicaments pour assurer le droit du citoyen aux soins, préserver la pérennité du secteur pharmaceutique à travers l’application intégrale du sixième avenant de la convention contractuelle avec la CNAM et, enfin, assurer la viabilité de la Caisse nationale d’assurance maladie, loin des politiques conjoncturelles et des solutions de fortune qui ne reposent pas sur des bases solides et des garanties assurées.
Et bien que tendant la main vers la direction de la CNAM, la Chambre estime toujours que «tous les fondements de la confiance ont été définitivement anéantis», accusant la CNAM d’avoir volontairement omis d’enregistrer comptablement les factures émises par les pharmaciens durant le mois écoulé, dans une tentative de dissimuler l’ampleur réelle des dettes, avant la réunion prévue entre les deux parties. Elle n’a pas manqué de préciser qu’elle n’accepte pas le fait que les pharmaciens doivent supporter le coût de la crise avec la CNAM, tenant l’ensemble des parties concernées pour responsables des conséquences de ce processus et de toute répercussion sur le système de santé et le droit du citoyen à l’accès aux médicaments.
Des revendications légitimes
Il faut rappeler que les pharmacies privées ont mis en application, dès le 8 décembre 2025, la décision du Syndicat Tunisien des Propriétaires de Pharmacies Privées (STPPT) de suspendre la délivrance des médicaments via le système du tiers payant pour les affiliés de la CNAM. Il a justifié cette mesure par l’accumulation des dettes de la CNAM envers les pharmacies, l’absence de cadre juridique clair et l’urgence de sauver une chaîne de distribution des médicaments au bord de l’effondrement. Il a réclamé, notamment, un règlement rapide des créances, des réformes réglementaires et un financement exceptionnel pour la CNAM dans la loi de Finances 2026.
Face à cette réaction de la part des pharmacies privées, la CNAM a annoncé, rappelons le, des mesures exceptionnelles pour ne pas léser ses adhérents et il a été décidé de permettre aux assurés sociaux inscrits dans le régime de soins privés de se faire rembourser les frais des médicaments achetés dans les pharmacies privées. Ainsi, les assurés sociaux qui n’ont pas pu obtenir leurs médicaments selon le système du tiers payant doivent présenter, à titre provisoire, le temps de dépasser cette crise, une fiche de remboursement de soins renseignée avec précision par l’assuré et par le pharmacien. Celle-ci doit inclure l’ordonnance médicale, la facture de paiement, ainsi que les vignettes des médicaments.
Vers des négociations plus responsables
Aujourd’hui, la raison semble l’emporter de nouveau avec deux parties prenantes conscientes de trouver, rapidement, une solution globale et définitive à ce problème. Car, il ne s’agit pas d’un secteur ordinaire qui peut supporter les arrêts et les coupures. Le passage par la CNAM est vital pour un grand nombre de citoyens qui n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments au comptant et d’autres qui ne disposent pas de temps pour aller verser, à chaque fois, les ordonnances et les vignettes, aux bureaux de la CNAM qui connaissent souvent un flux important d’adhérents.
Cette fois-ci, il va falloir se mettre d’accord de manière claire et définitive sur une formule pratique et surtout applicable, qui tienne compte de la réelle situation financière de la Caisse nationale d’assurance maladie et de la nécessité de rembourser, dans des délais courts, les pharmacies privées concernées.
De sa part, l’Etat va devoir réserver des fonds pour aider à sortir de cette crise le plus vite possible car la situation actuelle ne peut plus continuer dans un secteur qui touche directement la santé du citoyen qui demeure le principal objectif à atteindre, sachant que la suspension de la délivrance des médicaments sous le régime du tiers payant aura un impact direct sur les citoyens, notamment ceux souffrant de maladies chroniques.
De même, il faut saluer à sa juste valeur ce geste de la Chambre syndicale tunisienne des propriétaires de pharmacies privées et cette main tendue qui va permettre de sortir de l’impasse et de voir la relation entre les deux parties concernées s’améliorer et aller dans le bon sens.
Kamel ZAIEM
