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2 290 km de littoral, 190 km de plages menacées et seulement 10% protégés
«Plusieurs facteurs ont fortement contribué à la dégradation du littoral et à l’aggravation du phénomène de l’érosion marine. Dans le cadre de la lutte contre ces défis, le ministère de l’Équipement et de l’Habitat a réalisé une étude visant l’élaboration d’un schéma directeur pour la protection du littoral contre l’érosion marine», a révélé le chef de cabinet du ministre de l’Équipement et de l’Habitat, Kaïs Ben Dhiaf.
Lors d’une journée d’information consacrée à la présentation des «résultats de l’étude d’élaboration du schéma directeur de protection du littoral contre l’érosion marine», le chef de cabinet a précisé que cette étude a pour objectifs de mieux connaître le littoral tunisien, d’évaluer et de diagnostiquer la situation actuelle à travers l’analyse des projets déjà réalisés dans le domaine de la protection du littoral contre l’érosion marine, d’identifier les zones menacées par l’érosion, d’élaborer un plan d’action pour la période 2025-2035, ainsi que de définir une stratégie de protection du littoral à l’horizon 2050.
Le littoral tunisien, long de près de 2 600 kilomètres, constitue, par son étendue, sa diversité écologique et son rôle central dans le développement économique national, un patrimoine naturel et stratégique de première importance.
«Notre pays occupe une position géographique stratégique grâce à son ouverture sur la mer Méditerranée, sur ses façades nord et est, sa proximité avec l’Europe et les principales routes maritimes, ainsi que ses connexions terrestres, aériennes et maritimes avec l’Afrique. Cette situation a favorisé une exploitation intensive du littoral par de nombreuses activités économiques, avec la présence de sept ports commerciaux, 42 ports de pêche et sept ports de plaisance», a réaffirmé Kaïs Ben Dhiaf.
Dans la continuité, il a mis en lumière que le littoral abrite également trois centrales de production d’électricité, assurant environ 60% des besoins nationaux, quatre stations de dessalement de l’eau de mer d’une capacité totale de 450 000 m³ par jour, trois grandes unités de transformation du phosphate (Sfax, Skhira et Gabès), ainsi qu’environ 36 projets d’aquaculture.
«À cela s’ajoute le fait que 95% des investissements touristiques sont concentrés sur le littoral», a-t-il ajouté.
Protection du littoral : un budget jugé insuffisant
S’agissant des ressources financières dédiées à la protection du littoral en 2026, le ministre de l’Environnement, Habib Abid, a souligné, lors des discussions sur le budget de l’État pour l’année 2026, la faiblesse du budget alloué à l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL). «Le ministère œuvre à mobiliser les ressources nécessaires dans le cadre d’une convention de 240 millions de dinars destinée à l’aménagement du littoral», a-t-il affirmé.
Il a précisé que des mesures ont été mises en place pour assurer l’entretien périodique des plages, créer des réserves marines et côtières, ainsi que pour achever les projets de protection des plages contre l’érosion marine.
Le ministre a également indiqué que la réhabilitation du littoral et sa protection contre l’érosion figurent parmi les principales priorités du ministère de l’Environnement pour l’année 2026.
2 290 km de côtes, 190 km de plages menacées
La Quatrième Communication Nationale de la Tunisie, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, indique que, sur un linéaire total de 2 290 km de littoral (continental, lagunaire et insulaire), la Tunisie ne dispose que de 570 km de plages sableuses propices à la baignade. Le document souligne ainsi que le pays a déjà perdu plus de 90 km de plages en raison de l’érosion ou de la construction d’ouvrages de défense artificiels. Sur les 570 km de plages existantes, 190 km sont en état de dégradation nette et risquent de disparaître.
Au-delà de la perte progressive de plages, le littoral est exposé à une série de menaces, allant de l’érosion marine et de l’élévation du niveau de la mer aux impacts directs des activités humaines telles que l’urbanisation côtière, le tourisme intensif et les infrastructures portuaires.
Dans ce contexte, le programme de protection du littoral contre l’érosion marine revêt une importance capitale. Le directeur technique de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral, Mohamed Ali Turki, a souligné que ce phénomène constitue désormais une menace pour une grande partie des côtes tunisiennes.
APAL : 10% des côtes menacées ont été protégées, un objectif de 15% pour 2030
Lors d’une séance d’audition, tenue en juin 2025 au Conseil National des Régions et des Districts (CNRD), il a précisé qu’à ce jour, environ 10% des côtes menacées ont été protégées, avec pour objectif d’atteindre 15% à l’horizon 2030. «La protection du littoral nécessite des investissements élevés et une maintenance continue, une part importante de ces projets étant financée par des dons et des financements internationaux», a-t-il expliqué.
Bien que les ressources financières constituent un élément clé pour la protection du littoral, celui-ci représente aujourd’hui un enjeu stratégique majeur et ce, sur les plans environnemental, économique et social. Soumis à une pression croissante due à l’érosion marine, aux changements climatiques et à l’intensification des activités humaines, le littoral tunisien a besoin d’être urgemment préservé, ce qui constitue une priorité nationale.
Nouha MAINSI
