Par Wahid SMAOUI
Il paraît que dans nos contrées, dans le domaine du foot pour circonscrire notre sphère d’investigation, la déférence est hissée au rang de culture, d’état d’esprit aussi calleux que cuirassé, d’indécrottable mentalité, de philosophie même. Concise illustration : pour le compte de la CAN 2013, la Tunisie, sous la conduite de notre fameux Sami Trabelsi, connu comme l’un des loups blancs du dessus de panier de nos émérites techniciens, s’est imposée sur un coup de génie de Youssef Msakni dans le temps additionnel aux dépens de l’Algérie. Au match suivant, contre la Côte d’Ivoire, au lieu de poursuivre sur la même lancée sur fond d’esprit conquérant, notre notoire barreur technique a tellement craint les éléphants qu’il a choisi une attitude défensivement suicidaire.
Au bout du compte, un cinglant (0-3) ayant sonné notre glas dès la phase de poules. Comme on peut avoir souvenance d’un autre technicien, un certain FBB pour ne pas le nommer, plastronnant présentement dans l’un de nos illustres plateaux foot, à la tête du Stade Tunisien alors, et qui croisait le fer avec l’EST qui, certes, faisait figure de croquemitaine, mais qui était d’autant plus prenable ce jour-là, qu’elle était réduite à 10 depuis les toutes premières minutes du match. Mais personnifiant le nec plus ultra de la poltronnerie, il n’a rien changé, comme le dictait la nouvelle donne à exploiter sciemment, à ses options de départ, ultra-défensives, se faisant honteusement corriger, crûment taper sur les doigts. Et les exemples sont légion.
Pour revenir à notre «Trabelsi national », il a irréfutablement incarné la couardise dans ce qu’elle a de plus nauséeux. Outre des choix on ne peut plus bancals, au premier rang desquels le « parachutage » de Ben Romdhane au poste d’excentré droit et par ricochet, le glissement de Valéry comme troisième axial aux côtés du tandem Talbi-Bronn, ce qui a dommageablement influé sur la coutumière cohésion des deux défenseurs centraux. Il s’est ensuivi une reculade-débandade des trois lignes, un bloc tellement bas que la banqueroute faisait entrevoir des linéaments à faire glacer le sang dans les veines. Qui dit «grand mur de feu» dit en principe rideau de fer infranchissable, en place et lieu de quoi nous eûmes droit à un «ouvrage d’art» poreux, à un caparaçon spongieux, à un bouclier fongeux, à des espaces périlleusement concédés, libéralement accordés et ce, pour faute d’agressivité, de pression offensive, de pugnacité. Une non-stratégie, qui est en fait, en elle-même, une ligne de conduite mais froussarde et capitularde, qui s’est distendue quelque 70’ durant, avec une embellie-éclair en fin de première période.
La torgnole de (0-3) que les Nigérians nous ont flanquée aurait pu être autrement pimentée sans deux salutaires rebonds : le repli instinctif des «Green Eagles» qui ont niaisement cru le match plié et se seraient dit entre eux tête en l’air «emballez, c’est pesé» puis la «providentielle» blessure de Ben Romdhane qui a, ultimo, convaincu notre songe-creux d’entraîneur à condescendre à incorporer Tounekti. Sans quoi, le torrentueux ailier gauche du Celtic Glasgow aurait continué d’user ses fonds de culotte sur le banc de la guérite, Sami Trabelsi devant sûrement se croire plus bénédictin que le coach français du légendaire club écossais, Wilfried Nancy, qui considère le gamin Sebastian comme l’une de ses indéboulonnables pièces maîtresses. Cela dit, place cet après-midi à la Tanzanie, contre laquelle la victoire est un devoir national renchéri et accompli en guise d’expiation.
Au risque de paraître un peu tortionnaire sur les bords, on témoignera d’une indéfectible assertion : qu’il aligne d’entrée le porteur, ironie du sort, de ses mêmes initiales (ST), ou qu’il le fasse languir et croupir sur le banc comme il l’a fait jusque-là d’après son intime conviction, notre batelier technique a partie (personnelle) perdue d’avance, sera sans rémission dans les choux. Dans le premier cas, il aurait, «tout à son honneur», maigre consolation, trahi son ignorance, dans le second cas, bonnet blanc et blanc bonnet, il aurait avoué son impéritie, sa myopie footballistique et… intellectuelle. Pourquoi cette dernière ? Allusion à sa balourdise communicationnelle consistant en l’«art» de dire une chose et en un tournemain son contraire ou de feindre d’ignorer une vérité et de se prendre subséquemment les pieds dans le tapis. A propos de la Tanzanie, attention, «il n’est pire eau que l’eau qui dort», celle qui fait apprendre que le sommeil est le frère jumeau de la «mort».
