Le baryton-basse Montasser Bazzez, la soprano Nesrine Mahbouli, le pianiste Bassem Makni et le violoncelliste Mohamed Amine Ben Smida ont présenté à Dar Sebastian à Hammamet, dans le cadre de la manifestation Décembre des arts, un registre sans frontières : Bizet, Verdi, Massenet, Gounod et Mozart. Un voyage intitulé « Les parfums de l’opéra » à travers les époques et les styles, porté par une franche complicité musicale et humaine.
Le récital débute par « Elégie » de Jules Massenet, véritable hymne à la musique, dans lequel le baryton-basse Montasser Bazzez dévoile ses graves vibrants et ses aigus lumineux. Il impose d’emblée une interprétation nuancée. La petite taille de la salle, qui place les spectateurs les plus éloignés à quelques mètres seulement de l’artiste, lui permet parfois de murmurer son chant, lui conférant une délicatesse qu’il brise aussitôt de forts puissants. Il enchaîne par des extraits de Bizet en interprétant « La jolie fille de Berth, la flamme de l’amour ». Il ne laissait personne indifférent lorsqu’il chantait Verdi « Macbeth, come dal ciel précipita » et « Simon Boccanegra, A te l’estremo addio ».
L’artiste soprano Nesrine Mahbouli capte l’intérêt de son auditoire par une grande présence scénique. Elle vibre de toute sa personne, dans les expressions du visage, les mouvements des mains, faisant vivre les personnages et les paroles des morceaux qu’elle interprète. Il y a dans sa prestation beaucoup d’authenticité en interprétant des airs de Fauré « Au bord de l’eau » ainsi que de Bizet « Carmen près des remparts ». Sa voix coule comme du miel. Elle se découvre profondément grave et puissante. Un univers où chaque syllabe se déguste, chaque son s’apprivoise. Très à l’aise, elle conclut son passage avec des airs de Puccini, Verdi et Donizetti.
Quel bonheur de goûter aussi le jeu du duo Montasser Bazzez et Nesrine Mahbouli, leurs improvisations et leurs notes. Un vrai régal. Ils nous ont donné de véritables moments de bonheur. Ils comblaient l’assistance, entre autres lorsqu’ils interprétaient Gounod-Faust, « vous qui faites l’endormie » et Mozart « Don Giovanni, la ci darem la mano ».
Impossible de ne pas succomber, non plus, au charme colossal et limpide du pianiste Bassam Makni, ses improvisations et ses notes. Il adore les sons de cet instrument qui peuvent sortir comme du velours, très nuancés, mélancoliques ou mystérieux. De son côté, le violoncelliste Mohamed Amine Ben Smida a révélé une fois de plus ses dons d’excellent musicien, ponctuant avec harmonie chaque morceau. La complicité évidente des deux musiciens est réjouissante. Ils s’amusaient ensemble autant que la salle qui les écoutait. Un spectacle beau, bien conçu et salué par des applaudissements nourris.
Kamel Bouaouina