Un malheur n’arrive jamais seul. En pleine crise budgétaire et de liquidité, l’ devra subir de plein fouet la maldonne de l’or noir. Après la décision de Poutine de reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes ukrainiens, les deux références du pétrole (le baril de la mer du Nord et le baril de West Texas Intermediate) ont flambé hier pour frôler les 100 dollars. Une mauvaise nouvelle pour les pays importateurs de pétrole dont la Tunisie qui tablait dans la LF 2022 sur une évolution moyenne de 75 dollars des cours du baril. L’augmentation de 1 dollar USA des cours du pétrole coûte au budget de l’Etat 140 millions de dinars par an.
Le président Russe, Vladimir Poutine a annoncé lundi qu’il reconnaissait l’indépendance des territoires séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine. Les tambours de la guerre battent de plus en plus fort après les annonces du Kremlin et les réactions se sont multipliées hier tant sur le plan géopolitique qu’économique. Les Occidentaux ont, à l’unanimité, condamné cette décision et des sanctions économiques ont été très vite infligées. Londres a annoncé des sanctions visant des banques et des milliardaires Russes. L’Allemagne a suspendu l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2. Le chef de la diplomatie de l’Union Européenne Josep Borrell a annoncé que l’UE décidera de premières sanctions contre Moscou mardi.
Envolée des prix des matières premières
D’autres sanctions sont prévues dans les jours qui viennent en cas d’escalade.
Sur les marchés internationaux, le choc a été double hier. Le prix du baril de de la mer du Nord pour livraison en avril prenait 3,77% à 98,97 dollars, après avoir atteint 99,50 dollars le baril quelques minutes plus tôt. À New York, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en mars, grimpait de 4,86% à 95,50 dollars, enregistrant ainsi de nouveaux records depuis 7 ans.
Les prix des matières premières se sont envolés hier. La tonne d’aluminium a atteint 3.380 dollars sur le marché londonien, presque un record jamais enregistré depuis 2008. Idem pour le nickel où la tonne s’échangeait hier à 24.925 dollars, « un prix que le « métal du diable » n’avait plus atteint depuis août 2011 », estime les experts internationaux.
Un mardi noir sur les places financières internationales
Toujours au cours de ce mardi noir, les Bourses mondiales ont chuté à l’ouverture des séances. La Bourse de Moscou a plongé de 8 à 11%, les bourses européennes se sont ouvertes en forte baisse également avant de se redresser à la mi-séance et la Bourse de Tokyo a ouvert mardi en baisse de 2%.
En Tunisie, la Bourse de Tunis, le Tunindex a clôturé la séance en légère baisse de 0.32%. Vers 11 : 06 le Tunindex a atteint son niveau le plus bas de la journée, soit 7122.46 points avant de se redresser à 7129.42 points.
En dehors de l’effet de choc immédiat, la flambée des prix de l’or noir et par ricochet des matières premières aura une répercussion directe sur les dépenses budgétaires. Avec une hypothèse de 75 dollars le baril prévue par la LF 2022, l’écart se creuse entre les prévisions et la réalité du marché. Un facteur exogène qui viendra alourdir la facture. Si une hausse de 1 dollar par baril coûte au budget de l’Etat 140 millions de dinars, un écart de 25 dollars coûterait 3500 millions de dinars, de quoi avoir du plomb dans l’aile. La facture énergétique risque d’être très lourde.
La hausse du prix de pétrole aura également des répercussions sur la balance commerciale surtout que le déficit énergétique constitue plus de 35% du déficit total, mais aussi sur le taux de change et les avoirs nets en devises. Des avoirs qui sont déjà en nette baisse atteignant selon les indicateurs de la BCT 23469,6 MD, l’équivalent de 131 jours d’importation le 21/02/2022 contre 22042.9 MD une année auparavant l’équivalent de 156 jours d d’importation.
Yosr GUERFEL AKKARI