Le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) a tenu dimanche son 6ème congrès électif à El Menzah 6 sous le slogan « Le pouvoir judiciaire : réalités et aspirations ». Alors que la magistrature tunisienne est en ébullition depuis l’instauration de l’état d’exception le 25 juillet dernier et surtout après la dissolution du conseil supérieur de la magistrature et son remplacement par un organe provisoire dont les membres sont en partie nommés par le président de la République, les candidats au nouveau comité directeur de ce syndicat créé en 2011 ne se sont pas bousculés au portillon de la salle où se tenait le congrès.
Onze candidats seulement ont brigué les neuf sièges du comité directeur. Tous se sont présentés aux élections pour la première fois à l’exception d’un seul candidat, en l’occurrence, le vice-président sortant du syndicat, Aymen Chtiba. Au final, un nouveau comité directeur composé de neuf membres, dont huit nouveaux visages, a été élu, selon les résultats des élections annoncés tard dans la soirée du dimanche à lundi.
Sans surprise, le vice-président sortant Aymen Chtiba a raflé le plus grand nombre des suffrages exprimés, ce qui lui a permis de succéder à Amira Amri à la tête du syndicat. Viennent ensuite Farouk Guermazi (vice-président), Yosri Soltani (secrétaire général), Maryem Rezgui (secrétaire général adjoint), Houssem Ben Okkez (coordinateur général), Saber Brahem (trésorier), Sameh Belmabrouk (membre), Serrya Jelali (membre) et Hajer Meddeb (membre).
Absences remarquées
Le congrès a été marqué par la présence de représentants de certains autres syndicats des magistrats dont l’Union des magistrats administratifs, l’association des magistrates tunisiennes et l’Union des magistrats de la Cour des comptes. Les dirigeants de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), la plus importante organisation syndicale des juges, et l’Association tunisienne des jeunes magistrats (ATJM) ont cependant brillé par leur absence. Une rivalité oppose en effet le syndicat des magistrats tunisiens et l’Association des magistrats tunisiens. Fondé en 1990 et considération comme le représentant historique des juges tunisiens, cette dernière se démarque par sa grande combativité avant et après la révolution. L’AMT, dont le Bureau exécutif a été la cible d’un coup de force fomenté par le régime de Ben Ali, reproche au syndicat des magistrats tunisiens sa « proximité » supposée du ministère de la justice et ses « positions molles » en ce qui concerne l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Lors du dernier bras de fer qui oppose le pouvoir aux magistrats autour de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le syndicat des magistrats tunisiens s’est contenté d’appeler à la « préservation du CSM en tant qu’acquis garant de l’indépendance de la magistrature », tout en appelant à « une réforme participative et globale du système judiciaire ». Il n’a lancé, ni mot d’ordre de grève, ni appels à des sit-in de protestation. A contrario, les autres syndicats des magistrats se sont montrés très combatifs. L’Association des magistrats tunisiens, et l’Association tunisienne des jeunes magistrats se sont dressées vent debout contre la dissolution du CSM, alternant grèves bien suivies et sit-in, tout en, appelant les magistrats désignés ès-qualités dans le conseil supérieur de la magistrature provisoire ainsi que les juges retraités à ne pas reconnaitre et à boycotter ce nouvel organe créé par décret présidentiel.
Walid KHEFIFI