Par Raouf KHALSI
Des nerfs à fleur de peau et une tension s’étant déjà répercutée sur le métabolisme social : c’est cela le danger de la surenchère qui commence per des relents politiques, passe par les tiraillements institutionnels pour, enfin, engendrer la plus classique et la plus irréductible des guerres froides : la guerre des égos !
A l’heure où le pays vit la pire crise économique jamais vécue depuis 1964, voilà que deux citadelles (Carthage et La rue Mohamed Ali) sont dans des positions antithétiques.
Le dégel tant espéré ne se meut toujours pas. Et, quand bien même Saied aurait félicité Taboubi pour sa reconduction, il y aurait à y déceler quelque chose en sourdine, les germes d’une mésentente cordiale, au début, et qui se traduit aujourd’hui par une franche rupture de dialogue.
Saied ne peut pas indéfiniment adopter cette position ostensible vis-à-vis d’une centrale syndicale, peut-être bien en proie à des tiraillements internes, mais qui représente toujours une redoutable force de frappe. Et, surtout, lorsqu’elle troque l’éthique du syndicalisme contre ces poisons de l’outrance que sont les épanchements corporatistes.
Voilà, donc, ressurgir le spectre des débrayages, au nom d’accords sectoriels non respectés par les gouvernements précédents (aujourd’hui, c’est la Fonction publique). Chacun dans son rôle, dit-on. Soit. Sans doute. Mais il arrive un moment dans la vie des nations, où l’exemple venant d’en haut dicte la retenue, la pondération, le retour aux fondamentaux de la solidarité nationale, au sens du sacrifice alors que le gouvernement Bouden, décrié, injustement tourné en dérision, est en butte aux contraintes socioéconomiques, à l’inextricable dossier du FMI et à une crise alimentaire d’une cynique acuité.
A ses heures, en pleine déconfiture mondiale, Roosevelt a sensibilisé les Américains quant aux jours noirs qui les attendaient. C’est lui, en effet, l’auteur de la fameuse formule : « Les mesures douloureuses ». Au final, entre prohibitions, rééquilibrages macroéconomiques, dévaluation de Sa Majesté le dollar aussi, l’Amérique s’en est sortie, instituant la Taylorisaton et la standardisation : en un mot, en redonnant toute sa dimension à la valeur-travail.
Comment a fait De Gaulle pour remettre à flots un pays à genoux après la deuxième guerre mondiale, jusqu’à réussir l’impossible pari des « Trente Glorieuses » ? La même inspiration. Le même procédé. Le même appel à la solidarité nationale.
Pour cela, le rassembleur de la Nation doit s’assumer. Communiquer. Réunir autour de lui ceux qui veulent du bien à ce pays et à ce peuple. L’heure n’est plus à la vindicte. Et, de son côté, le patron de la centrale syndicale serait inspiré de dépasser cette guerre des égos. Entre autres, cesser de regarder Najla Bouden d’en haut. Ce n’est pas Olfa Hamdi…
Et, alors, la planche de salut, c’est le Dialogue.