Le rideau est tombé dimanche sur la Consultation nationale lancée en ligne le 15 janvier dernier et ouverte au public invité à s’exprimer sur les différentes réformes annoncées par le président de la République le 13 décembre 2021 et sur sa vision de la chose publique.
La plateforme créée à cet effet a enregistré 534915 participants, 2 mois et 5 jours après son lancement effectif, répartis entre 366210 hommes et 168705 femmes, selon le portail de la Consultation. La tranche d’âge comprise entre 30 et 39 ans se classe au premier rang en termes de taux de participation (25,6%), alors que les moins de 20 ans se classent derniers avec 2,3 %.
Sur les six axes présentés par la Consultation, la question politique arrive en tête des préoccupations (19,7%), tandis que le volet culturel et éducatif arrive en queue de classement avec un taux de 15,3%. Les taux d’interaction avec les autres axes sont assez proches : questions économiques 17,2 %, affaires sociales 16,5 %, qualité de vie 15,5 %, développement durable 15,7 %.
S’agissant de la répartition géographique, le gouvernorat de Tunis est en tête avec 54124 participants, tandis que le taux de participation le plus faible a été enregistré à Tataouine avec 5051 participants. Quant à la participation des Tunisiens à l’étranger, la France se classe première avec 3340 participants.
Le président de la République Kaïs Saïed a déclaré, dans un discours prononcé hier soir à l’occasion de la fête de l’indépendance, que cette Consultation est « le premier épisode du dialogue national », considérant qu’elle est réussie » malgré toutes les tentatives de sabotage et les obstacles qui ont été placés devant le peuple pour l’empêcher d’exprimer sa volonté. »
Il a rappelé les étapes et échéances à venir, notamment l’organisation d’un référendum le 25 juillet prochain après avoir sondé les opinions sur le nouveau système politique, suivi d’élections le 17 décembre 2022.
Les résultats de la Consultation nationale seront synthétisés afin de concrétiser les propositions exprimées dans des textes juridiques élaborés par un comité, avait déclaré le Chef de l’Etat le 13 décembre dernier lors de l’annonce du calendrier des échéances politiques qui commencent justement par l’organisation d’une consultation populaire électronique.
Lors de son entretien avec la Cheffe du gouvernement, le 17 mars, le président Saïed a expliqué cela par un « sabotage de la part de parties malveillantes qui craignent que la véritable volonté populaire émerge et exprime les réelles aspirations du peuple à un avenir qui rompt définitivement avec le passé et ouvre une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie. »
Les campagnes de communication et de sensibilisation ont récemment été intensifiées, sous la supervision des responsables régionaux et avec la participation de plusieurs associations de la société civile, pour expliquer les axes de la Consultation et inciter les citoyens à y participer. Des actions ont également été entreprises pour surmonter les difficultés techniques et améliorer le flux de l’Internet et la connectivité.
Les opposants à cette Consultation sont principalement composés de partis et d’acteurs politiques opposés à Kaïs Saïed et au processus du 25 juillet, comme le Mouvement Ennahdha, la Coordination des partis démocrates, la coalition Citoyens contre le coup d’Etat et le Parti destourien libre, qui mettent en doute sa crédibilité et pointent un » instrument de Saïed pour mettre en œuvre un projet politique personnel et unilatéral. »
L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a , quant à elle, exprimé dans un communiqué publié le 4 janvier, ses réserves sur cette Consultation électronique demandée par le président de la République pour recueillir les propositions des Tunisiens sur les réformes à venir, estimant qu’elle « ne remplace pas un véritable dialogue » et tend à « imposer un fait accompli pour atteindre un objectif prédéterminé et exclure délibérément les partis et organisations qui ne sont pas impliqués dans les préjudices portés aux intérêts du pays ». Le Secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a déclaré, lors d’un meeting, jeudi, à Kébili, que la Consultation nationale « ne peut être un substitut à un dialogue national qui débouche sur des résultats aptes à sauver le pays. »