Ainsi donc, le président de la République a signé le décret relatif à l’amendement de la loi organique portant création à l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Le décret introduit principalement des changements au niveau de la composition de l’ISIE. En l’absence du parlement, c’est le président qui nomme les 7 membres de l’Instance. Le décret en question permet à Kaïs Saïed de nommer directement 3 membres dont figure le prochain président de l’instance. Trois autres membres doivent être proposés par le Conseil provisoire de la magistrature alors que le centre national de l’informatique proposera le dernier membre. En tout cas, ces membres prêteront serment devant Kaïs Saïed très prochainement. La nouvelle équipe n’a que trois mois pour préparer le référendum et cinq autres pour organiser les élections législatives anticipées en décembre 2022. Et, avant même l’annonce de sa nouvelle composition, la « nouvelle » ISIE se trouve attaquée par la majorité des partis de l’actuel échiquier politique. Nabil Baffoun, ancien président de l’instance évoque un déséquilibre des forces. Pour lui, Kaïs Saïed est devenu juge et parti et il rejoint Rached Ghannouchi qui met en cause la crédibilité des prochaines élections. À gauche comme à droite, nombre de partis refusent le nouveau décret relatif à l’ISIE. À vrai dire, les critiques adressés à Saïed ne font pas défaut. À commencer par le parti des travailleurs, qui dénonce le décret et explique à travers un communiqué que les prochaines élections ne seront ni transparentes ni crédibles. Pour Mabrouk Korchid, le changement de la composition de l’ISIE est considéré comme une balle tirée sur la démocratie. Des partis comme Attayar, considèrent, à travers les déclarations de ses responsables, que le changement de la composition de l’ISIE en situation d’Etat d’exception n’est pas signe de démocratie. En tout cas, les réactions des partis politiques n’y changent rien puisque les organisations nationales, dont figure principalement l’UGTT, n’émettent aucunes réserves à propos le nouveau décret de l’ISIE. Pour la ligue Tunisienne des droits de l’Homme et l’ordre des avocats, le décret ne pose pas de problème.
Qui sera président de l’Instance ?
C’est la question qui dérange. Comment garantir l’indépendance de la prochaine instance chargée des élections en Tunisie ? Saïed a essayé d’y répondre lors du dernier diner d’iftar avec les représentants diplomatiques des États arabes et islamiques en Tunisie. En présence des membres du gouvernement Najla Bouden, il évoque que la position unique au sein de l’État n’est pas contradictoire avec la démocratie. Façon de dire que même la concentration des pouvoir à Carthage, ne signifie pas l’absence de la démocratie. Sauf qu’il demeure critiqué par la majorité des figures politiques actuelles. Il est surtout accusé de mettre en place une commission électorale spécialement « taillée » pour falsifier les élections. À Carthage, on préfère silence garder, face aux accusations. Sauf que les réponses peuvent être apportée à travers la nouvelle composition de l’ISIE. A cet égard, on apprend que trois noms figurent parmi les prochains candidats à la présidence de l’instance. D’après le nouveau décret, Saïed désignera trois personnes parmi les membres des anciennes instances. Dans la liste, figure Chafik Sarsar, ancien président du conseil de l’ISIE. Le prochain président de l’instance serait choisi parmi les anciens membres de la même instance. En tout cas, les pronostics et les tractations autour de la nouvelle équipe dirigeante de l’ISIE vont bientôt reprendre. Celles relatives au dialogue national, se sont du moins bloquées. Le président de la République poursuit pourtant ses rencontres avec des organisations nationales. Sa dernière qui date depuis quatre jours était programmée avec le président du comité directeur du Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Les réactions politiques contre les amendements introduits à l’ISIE bloquent à priori l’amorçage du dialogue national.
Zied DABBAR