Le Conseil provisoire de la magistrature, au niveau de l’ordre judiciaire provisoire, lance l’appel à candidature pour l’ISIE. Les candidats intéressés doivent présenter leurs demandes au plus tard le 4 mai 2022. D’après le texte du décret 22, le conseil judiciaire provisoire doit proposer un seul candidat alors que deux autres (magistrats financier et administratif) doivent être proposés par le Conseil provisoire. En tout cas, les magistrats proposés doivent avoir au moins dix ans d’ancienneté pour être éligibles.
Entretemps, tractations autour du décret 22 se poursuivent et se ressemblent, souvent. La majorité des partis formant l’actuel échiquier politique s’oppose à tout changement de la composition de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Ennahda et ses alliés refusent la dissolution de l’ancien conseil de l’instance. Toute une coalition est créée pour contrer les mesures telle qu’annoncées depuis Carthage. Ladite coalition regroupe les islamistes, les fidèles de Nabil Karoui impliqués dans des affaires de blanchiment d’argent ainsi que les frères Chebbi. Une autre alliance, annoncée déjà, regroupe des partis (Attayar, Al jomhouri et Attakatol) refuse également tout changement de la composition de l’ISIE. Une partie de la gauche, le parti des travailleurs, annonce le boycott des prochaines élections.
Front du refus composite
Le scénario est également envisagé auprès du « mouvement du peuple » c’est-à-dire « Achâab ». Le parti envisage une possibilité de boycotter le prochain référendum ainsi que les élections du 17 décembre 2022, en cas où le parti constate des dérives graves. Le parti réitère par contre son soutien à Kaïs Saïed. Moncef Marzouki, va plus loin cette fois-ci en évoquant l’échec des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Ce qui signifie, à son sens, la faillite du pays et la fin du « coup d’État. Les propos de l’ancien président provisoire de la Tunisie, sont avancés sur les colonnes d’un média financé par l’Emirat de Qatar. Marzouki essaie la démarcation puisqu’il n’est pas apprécié du côté de l’initiative du « front de salut national ». Le FMI est même évoqué par Rached Ghannouchi qui opte cette fois-ci pour un média de droite en France. Pour lui, le FMI rejette tout nouvel accord à la Tunisie pour des raisons purement politiques. À l’étranger Ghannouchi se présente toujours comme président du parlement.
À l’international, c’est l’Administration américaine qui « s’inquiète » principalement après l’amendement de la composition de l’ISIE. Comme étayé dans notre édition d’hier, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, fait part de ses l’inquiétudes face à la décision unilatérale du président. Quant à l’Europe, aucune réaction officielle n’est avancée.
Le positif et le négatif
Cette lecture du décret diffère par rapport des autres interprétations avancées par les partis politiques, Farouk Bouaskar, vice-président de l’ISIE précise que les modalités de nomination des membres de l’ISIE n’ont pas de lien avec leur indépendance. Pour lui, l’indépendance des membres est une « affaire personnelle ». Bouaskar, qui plaidait déjà pour une réforme de l’ISIE veut préserver son poste au sein de l’instance contrairement Nabil Baffoun. L’ancien président de l’ISIE a déjà annoncé la couleur au lendemain du 25 juillet 2021. Pour lui, les mesures annoncées par Saïed représentent un coup d’État. Il rejette même le calendrier électoral annoncé depuis Carthage pour se rattraper après. Avant la publication du décret 22, il appelle le président à une rencontre avec les membres de l’ISIE pour discuter les préparatifs du référendum du 25 juillet ainsi que les élections législatives du 17 décembre. En tout cas, les candidatures au conseil de l’ISIE ont démarré au niveau du conseil provisoire de la magistrature. Les propositions doivent être acheminées à Carthage d’ici une semaine.
Zied DABBAR