Il y a une logique, aux antipodes de toutes les logiques. Qui perdure. Lors même que cela ne marche pas. Dans tous les sens. Qui tendrait à vouloir ignorer Israël, lorsque c’est la Palestine, que l’on prétende vouloir soutenir, qui se coltine à chaque fois, tous les dommages « collatéraux », en étant isolée à chaque fois un peu plus sur la carte du monde. Lorsque l’intention affirmée des pays arabes, pour une bonne partie du moins, afficherait plutôt le contraire. A savoir que, pour se montrer solidaires avec la Palestine, il convient de tourner le dos à Israël. En refusant de normaliser avec lui. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Car, en feignant de méconnaître la réalité de la situation : la « realpolitik » en question, et le rapport des forces. Et en s’en tenant à de vieux slogans éculés, qui dénotent tout au plus d’une solidarité stérile, la Palestine continue à être livrée à son sort. De plus en plus seule ; de plus en plus isolée. Pendant ce temps, Israël qui a toutes les cartes en main, creuse son sillon. Pas doucement, mais sûrement. Sans avoir, en face d’elle, de réel interlocuteur à sa taille, qui saurait lui-aussi, avancer dans son « jeu » en maîtrisant ses cartes.
Il n’y a rien à dire sur la « normalisation » du Maroc avec Israël. « L’entité israélienne », si vous voulez. Il n’y a rien à dire, parce que, contre l’intelligence, opposer la vaine vanité abrupte et obtuse, des postures rigides, qui ne font rien avancer, mais bloquent, au contraire, toute tentative d’installer, fut-ce une velléité de paix dans la « Région », en refusant de s’asseoir avec son « ennemi », autour de la même table pour discuter, relève de l’aveuglement pur et dur. Et n’aide pas du tout, mais alors pas du tout, la Palestine, à recouvrir ses droits, et encore moins ses terres spoliées. Parce que, s’asseoir, entre amis, autour de la même table, ça peut être une partie de plaisir. Sans plus d’enjeux puisque chacun s’accorde, avec son voisin, sur l’essentiel. Ce n’est pas une question de vie ou de mort. Pas une question de survie en somme. C’est là toute la différence. Et elle n’est pas minime.
Que notre ministre de la Défense : Imed Memmiche, ait été « épinglé » parce qu’il aurait eu en face de lui, lors d’une réunion avec l’OTAN, un représentant du bureau militaire israélien, et qu’il soit, dans cette même logique de négation, presque accusé de « haute trahison » pour avoir « normalisé », ce faisant, avec Israël, relève de l’hérésie et rien d’autre. Le ministre était dans son rôle, et les absents ont toujours tort ; est-il utile de le rappeler ?
Est-ce qu’il vaudrait mieux, s’isoler aussi, du reste du monde, avec lequel, on ne serait pas d’accord, sous prétexte de défendre un pays frère ?
Le pays frère en question n’en demande pas tant. Les choses ont changé ; Les rapports de force, s’il en est, sont en train de basculer. Et la géopolitique, en train d’accomplir son « mea-culpa » parce que, avec l’Ukraine, elle a pris la mesure de sa grande « déconnade ». Et l’exigence de revoir ses classiques. Ce que nous devrions faire, pour en revenir à la fameuse « normalisation » en question. Qui ne veut rien dire. Il est important de penser, de croire, que ce sont les Hommes qui fondent les politiques de leurs pays. Il est important de parier, et peu importe la difficulté de la situation, sur la part, la meilleure qui existe en l’Homme. Celle avec laquelle, il est toujours possible de dialoguer. Oui. Et maintenir, dur comme fer, que ce sont les Hommes, qui fondent, font, ou refont, en les inversant ou les changeant bien des fois, les politiques de leurs pays. Le croire, c’est se donner la chance, d’avancer de concert, vers la paix. Tourner le dos à ce désir de paix, à cette impérieuse exigence de paix et de justice en ce monde, en persistant à garder la même posture, sur les grands Dossiers, et la Palestine en est un, et de taille, c’est la condamner à mourir, jour après jour, de dépérissement, en n’ayant pas eu la clairvoyance, au moment qu’il faut, à l’heure qu’il faut, de troquer ses lunettes contre d’autres lunettes, qui pourraient aider à y voir plus clair. Après avoir changé son « fusil » d’épaule. Notre « Défense » n’a rien à se reprocher. Et le Maroc, on ne vous apprend rien, est souverain. Comme nous le revendiquons pour nous-mêmes…
Samia HARRAR