La galerie d’art Aïn abrite depuis le 14 mai et jusqu’au 03 juin une exposition collective d’arts plastiques intitulée « Rencontre ». Une pléiade de peintres tunisiens chevronnés et confirmés, mais aussi d’autres nouveaux talents prometteurs participent à cette « Rencontre » avec une panoplie d’oeuvres d’art qui varient aussi bien en matières et en techniques qu’en thématiques. En effet, peintures à huile, aquarelles, sculptures, photographies décorent les cimaises de la galerie et donnent lieu à une fête de couleurs et de lumières. « J’ai tenu à rassembler dans cette rencontre, nous a confié Mohamed El Ayeb, maitre de céans, trois pionniers issus de l’Ecole des Beaux-arts de Tunis, les artistes Mokhtar Hnène, Bady Chouchène et Zohra Larguèche auxquels se rejoignent d’autres plus jeunes, Rached Chtioui, Lotfi Dridi et Sabra Ben Fraj. » Le grand sculpteur Hechmi Marzouk y participe également avec l’artiste-photographe Mohamed El Ayeb.
Mokhtar Hnèn s’illustre toujours par sa peinture figurative qui a trait à trait à la Médina, son architecture, ses habitants et ses traditions. Sortant de ce cadre et plus loin de la ville, il nous présente un tableau où l’on peut voir un berger et ses moutons qui paissent tranquillement dans une prairie verte. Toutes ces œuvres reflètent une extrême vitalité et témoignent d’une sensibilité fine de l’artiste qui a pu ressortir l’aspect authentique des choses et des hommes avec beaucoup de rigueur, de tact et de réalisme. Jouant sur la clarté, la lumière et les ombres, il fait dégager un magnifique flamboiement de couleurs.
Zohra Larguèche nous propose à voir sept tableaux faits à l’aquarelle, traitant de la Médina. Cette artiste passe pour l’artiste est l’une des rares artistes en Tunisie à s’intéresser à l’Aquarelle. L’on sait que cette technique constitue un art scriptural majeur, considéré comme la plus délicate des peintures à l’eau. Les passionnés de la peinture savent mieux que quiconque que ce n’est pas facile de mettre sur un papier des touches de couleurs qui, grâce à la magie de l’eau, créent une scène, une vue ou un univers très proche de la réalité. Le visiteur reconnait chez elle son attachement à la ville antique, à ses murs, ses ruelles, ses portes et fenêtres, ses habitants et leurs métiers, tous ces éléments qu’elle a su peindre minutieusement sans épargner aucun détail.
Bady Chouchène est l‘autre artiste qui s’intéresse à la Médina, sauf qu’il adopte un style semi abstrait, à la différence de son collègue Hnèn dont les travaux sont de style figuratif. Chouchène nous présente six œuvres, toutes peintes à l’huile. Les six œuvres qu’il expose montrent des scènes de la vie quotidienne et traditionnelle dans les villes et les villages de Tunisie, surtout de la Chebba dont il est originaire. Etant toujours fidèle à son style artistique marqué par sa touche expressive et gestuelle et à sa palette chromatique très variée.
Hechmi Marzouk, considéré comme le meilleur sculpteur contemporain en Tunisie, nous propose des sculptures en bronze, mais aussi deux dessins, si bien qu’on peut le définir comme étant sculpteur et dessinateur à la fois. Les sculptures en bronze qu’il expose sont certes immobiles, mais donnent l’air de vivacité, d’ardeur, de force et d’éclat, tant les formes sont pures et raffinées et surtout soigneusement ouvrées.
Mohamed El Ayeb a mis la main dans la pâte en proposant deux tableaux plus proches à la peinture qu’à la photographie, à savoir « Poupée d’argile » qui porte tous ces éléments traditionnels et très particuliers qui nous rappellent les poupées d’argile fabriquée à Sejnane, et « Echappatoire » où l’on peut voir, sinon imaginer, à travers le bleu de la mer qui devient de plus en plus sombre et obscure, les péripéties vécues par les immigrés clandestins dont la fin est tragique.
Rached Chtioui, quant à lui, il nous présente trois tableaux en acrylique dont un diptyque où on remarque un mariage entre le figuratif et l’abstrait. En effet, la cohabitation entre ces deux styles va à merveille. Si l’abstraction réside dans les lignes et les formes géométriques qui servent de fond à la toile, la figuration se voit à travers la présence des différents corps humains qui semblent plus expressifs.
Lotfi Dridi participe à cette « Rencontre » artistique avec l’unique tableau intitulé « Rafraf », peinture sur toile, où l’on peut voir ce splendide paysage maritime qui représente une vue pittoresque de la mer : un appel à tous pour visiter cette belle petite ville côtière.
Quant à Sabra Ben Fraj, enseignante à l’Institut des beaux-arts de Sousse, elle expose son unique tableau divisé en quatre parties, intitulé « Parva astrée », présentées sous forme circulaire où chaque cercle représente une saison de l’année à travers les rêves d’une petite fille que l’artiste a bien su illustrer. On a l’impression d’être devant une œuvre qui fait allusion à la mythologie et qui prête à diverses interprétations.
Hechmi KHALLADI