Par Raouf KHALSI
D’après Plutarque, cette phrase laconique est extraite du rapport de Jules César au Sénat romain, après une rapide victoire en Asie Mineure. Cette boutade, toujours d’après Plutarque, est la preuve du mépris que portait César au Sénat patricien qui incarnait le groupe le plus puissant de la République romaine (cf Wikipédia).
C’est qu’il y a quelque chose de « romain » et de « guerrier » chez Kais Saied. On ne saurait dire s’il s’est abreuvé auprès de SU TZU, auteur du grand ouvrage sur « L’Art de la guerre ». Ce qui est certain, c’est qu’il est dans une logique guerrière. Pas vraiment enclin de s’inspirer de l’orthodoxie bourguibienne de la politique des étapes, il engrange des batailles tous azimuts sur tous les fronts.
Son sacerdoce ? La lutte contre un système ayant pourri la vie d’un peuple, devenu un peuple de miséreux ; en même temps, le démantèlement de la piovra islamiste. Voilà donc, qu’il est dans sa bulle, dans l’idéologie dont on ne connaîtra la véritable coloration qu’avec la publication du projet de la nouvelle constitution. Sadok Belaïd en a néanmoins donné un avant-goût : une constitution pour les quarante ans à venir. C’est quand même une bataille ardue qui s’annonce. Et, à l’évidence, le dialogue national en sera la lame de fond, même en l’absence d’une composante fondamentale du métabolisme socioéconomique et, même, politique qu’est l’UGTT.
Démantèlement de presque toutes les instances constitutionnelles ; limogeage de 57 magistrats pour en finir avec les gros bonnets suspectés d’avoir été à la solde des islamistes et de leurs satellites ; société civile marginalisée et, tout près, vaste opération, grande lessive plutôt, dans le corps des gouverneurs. Les opposants de Saied chuchotent que le Président déblaye le terrain pour la réussite du référendum. Du côté du ministère de l’Intérieur, on affirme que les électrons libres (trop libres et travaillant sur certains agendas) devaient être mis à l’écart. Versions qui s’entrechoquent, c’est tout à fait logique.
Ce qui est néanmoins établi aujourd’hui, c’est que Saied n’en démord pas. Parce qu’il est dans la contorsion d’une idée fixe : refaire la Tunisie. La refaire, néanmoins, à son image, à l’image de son propre sens de l’ascèse, ou la refaire à l’image des Tunisiens eux-mêmes ?
Le référendum le dira. D’ici là, les batailles ne s’arrêteront pas. Et, le tout, comme dans la psychologie d’un César méprisant le Sénat romain, un Saied qui n’aura de paix que lorsque l’épouvantail islamiste aura été déraciné.
La guerre totale en somme. Et la guerre ne se gagne pas sans quelques « injustices » …Mais, encore une fois, lui seul pourrait les éviter.