Tous les yeux sont braqués , aujourd’hui, sur les photos et les vidéos de la grève générale dans les institutions publiques et au niveau des différents gouvernorats . Depuis plusieurs jours, les négociations entre la centrale syndicale et le gouvernement et le « bras de fer » entre les deux parties « domine » la une des journaux en même temps qu’elle a polarisé les débats, sur les plateaux. La grève générale d’aujourd’hui a crée une polémique, non seulement dans les médias classiques (Radios/télévision…) mais également sur les réseaux sociaux.
On parle, partout, de la « participation massive » à la grève, de son succès , des réactions des partis politiques et des politiciens qui soutiennent ce pas. Mais il faut, également, penser aux répercussions économiques que cette grève va causer surtout en prenant en considération la situation socio-économique compliquée que le vit pays.
Pour cela , le « Temps news » a contacté, le 16 juin 2022, l’expert économique Ridha Chkondali pour avoir plus de détails sur cet axe et pour analyser la grève d’un point de vue économique.
Ce dernier nous a expliqué que » La grève d’aujourd’hui est le droit légitime de l’UGTT mais que, certainement, elle aura des répercussions sur l’économie tunisienne. Des répercussions qu’on ne peut pas imputer à l’UGTT car ils n’ont aucun rapport avec l’objectif de leur grève »
« On peut parler de quatre répercussions principales. En effet, Le produit intérieur brut va en pâtir. En effet le PIB durant une année vaut 125 milliards donc la grève générale d’un jour va causer plus de 300 millions dinars de pertes « , selon la même source.
Le produit intérieur brut réel de la Tunisie, corrigé des variations saisonnières et effet de calendrier, a affiché une croissance de 2,4% en glissement annuel au premier trimestre 2022 (janvier-mars). Par rapport au trimestre précédent l’économie a progressé de 0,7%, comparable à celui enregistré un trimestre auparavant, converti en taux de croissance annualisé, ce dernier taux est en ligne avec le régime de croissance de l’économie durant les années récentes, lit-on dans le rapport « la croissance économique au premier trimestre 2022 » rendu public le 16 mai 2022.
« La deuxième répercussion concerne les ressources fiscales et plus précisément les salaires du mois de juin qui vont être, également, « touchés » par la grève générale », a expliqué Chkondali. Et d’ajouter que « cette grève présente une contrainte qui empêche d’attirer les investisseurs étrangers »
Concertations avec le FMI!
Pour la quatrième et dernière répercussion, Chkondali a parlé des concertations avec le FMI .
Dans le même contexte, L’Agence de notation « Fitch Ratings » a estimé que le gouvernement tunisien et l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pourraient parvenir à un consensus sur un ensemble de réformes économiques de manière à débloquer le financement du FMI et à soutenir la position de financement extérieur du pays.
Selon Fitch Ratings, les tensions sur la future structure constitutionnelle entravent la conclusion d’un tel accord et augmentent les risques par rapport à la conclusion d’un programme de réformes entre la Tunisie et du FMI d’ici la fin du troisième trimestre de 2022.
La position de l’UGTT en relation avec les concertations avec le FMI a été évoquée, maintes fois.
La plus récente est le 16 juin 2022 dans une déclaration sur les ondes de « Mosaïque FM ».
Le chef de la Centrale syndicale a appelé le gouvernement à présenter le document officiel qu’il lui a soumis, avec tous ses détails. « Si vous voulez négocier tant mieux, sinon, nous ne reculerons pas », a averti Noureddine Taboubi.
« Ils veulent qu’on signe l’accord sur les réformes avec le FMI, pour que nos revendications soient acceptées », a ajouté Taboubi.
« Le gouvernement a échoué dans ses négociations internes. Logiquement, il échouera dans ses concertations avec le FMI », a indiqué Sami Tahri, secrétaire général adjoint et porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), lors de son intervention sur les ondes de « Mosaïque FM »le 15 juin 2022.
Selon la même source, le gouvernement doit prendre en considération la situation des Tunisiens, « avant d’aller mener des négociations avec des parties étrangères ».
« L’UGTT est visée parce qu’elle s’oppose au programme que le gouvernement compte présenter au FMI, ainsi qu’au dialogue national », a précisé Tahri
L’échec des négociations entre le gouvernement et l’UGTT aura des répercussions, non seulement sur le plan économique, mais sur la situation générale du pays. Il y a deux hypothèses : la situation peut se compliquer plus les prochains jours, ou le problème soit résolu . La balle est, donc, dans le camp de l’Etat maintenant et les prochaines heures seront, certainement, les plus longues tant que les deux parties n’auront pas abouti à un accord.
Ghada DHAOUADI