Deux femmes et trois enfants sont arrêtées hier lors d’une tentative de migration non règlementaire à partir des côtes du gouvernorat de la Mahdia, à Malloulech plus précisément. 19 autres personnes sont arrêtées dans le cadre de la même opération sécuritaire. Les services de la Garde nationale parlent d’arrestation de 24 personnes dont 2 Tunisiens et 20 autres de nationalité syrienne. Quelques jours avant, Mustapha Abdelkabir, président de l’observatoire tunisien pour les droits de l’homme, parle 13 cadavres rejetés par la mer aux côtes de Mahrès et la Skhira au gouvernorat de Sfax.
Les informations recueillies confirment la découverte de 3 cadavres à la Skhira et 10 autres à Mahres. Abdelkabir évoque une hausse du nombre des cadavres à cause du naufrage d’une embarcation en provenance des côtes libyennes. Il précise que les migrants sont majoritairement en provenances des pays africains. Ces cadavres s’ajoutent à d’autres déjà entassés à la morgue de l’hôpital Habib Bourguiba à Sfax. Les autorités régionales refusent leurs enterrements pour la simple raison que leurs religions sont inconnues. Ils ne peuvent pas être enterrés dans des cimetières réservés aux musulmans, d’après le nouveau gouverneur de Sfax. Ce dernier propose l’enterrement dans un nouveau cimetière. Drôle de proposition.
7250 personnes interceptées
Deux semaines avant, le même appareil sécuritaire annonçait le sauvetage de 263 migrants après le naufrage de leurs embarcations. Parmi eux, figurent 75 personnes en provenance des pays africains et 188 Tunisiens. Ces opérations ne concernent que la zone Sud-Est du pays. Car, en majorité, le nombre des opérations de migration interceptées dépasse les 300 depuis mai jusqu’aujourd’hui. Les données recueillies du forum Tunisiens pour les droits économique et sociaux (FTDES) font apparaître que le nombre des embarcations « empêchées » dépasse les 172 seulement pour le mois de mai. Pour les 20 premiers jours de juin, les opérations d’interceptions dépassent 130 opérations selon les données collectées. Depuis le début de l’année en cours, les personnes empêchées de débarquer en Italie dépassent en nombre 7250. C’est 30% de plus en comparaison avec la même période de 2021 et 300% d’augmentation en référence aux 5 premiers mois de 2020. En tout cas, ces données confirment la tendance haussière en terme de départs et d’arrivées des embarcations traversant la Méditerranée centrale vers l’Italie. De telle sorte que les Tunisiens représentent 11% de l’ensemble des migrants débarquant sur les côtes Italiennes. La répartition des arrivées par nationalité, fait apparaitre que les Tunisiens occupent le deuxième rang en terme d’arrivées avec 2200 personnes. Les Tunisiens sont seulement devancés par les Égyptiens et les Bengalis. Pour le mois de mai, le nombre d’arrivées atteint 947 personnes, soit 40% du total des arrivées depuis le début de l’année. C’est également une augmentation de 57% par rapport à mai 2021. « Ces indicateurs montrent qu’une vague de migration à la hausse s’est amorcée, malgré le nombre de traversées interceptées et cette vague pourrait connaître son apogée au cours du prochain mois de juillet en raison de plusieurs facteurs», indique-t-on dans le rapport du FTDES. Le même rapport indique que les mineurs représentent au moins 15% du total des arrivées tunisiennes sur les côtes avec 354 mineurs (accompagnés soit-ils ou non) alors que le nombre des femmes arrivées est de l’ordre de 77% soit 4% environ du total des arrivées. Les femmes et même les mineurs fuient le pays.
Sfax, fief des « Harraga »
Les opérations interceptées depuis Sfax ont représenté 49,7% du nombre total d’opérations de migration non-règlementaire, avec le gouvernorat de Nabeul en deuxième position avec 13,6%, et le gouvernorat de Sousse a connu une augmentation du nombre de passages interceptés qui s’est élevé à 10,05%. Les migrants Tunisiens ont représenté 31,12% du nombre total de migrants empêchés de traverser le territoire tunisien, tandis que le reste des nationalités ont représenté 68,87%. Source FTDES
A noter que, depuis le début de l’année en cours, le nombre des migrants morts ou portées disparus en pleine Méditerranée centrale est environ de 400 personnes dont 123 signalées en mai denier.
Zied Dabbar