Qui dit investissement, dit inévitablement création de richesse et croissance. Mais, la réalité est une autre paire de manches. Depuis plus d’une décennie, le moteur de l’investissement n’a pas pu remonter la pente. Plusieurs facteurs ont empêché un bon décollage de l’investissement à savoir la corruption, la bureaucratie et la lenteur de l’administration… A ce propos et après une absence de 3 ans due à la pandémie, la FIPA organise le TIF 2022 (Tunisia Investment Forum) qui s’étale sur deux jours, 23 et 24 juin 2022. L’événement est placée sous la tutelle du ministère de l’Economie et de la Planification et en coopération avec le Groupe de la Banque mondiale. L’objectif, c’est de rétablir à la Tunisie son positionnement international en matière d’investissement. Le coup d’envoi du Forum de l’investissement en Tunisie « TIF 2022 » a été donné, hier soir, marqué par la présence de Mme Najla Bouden, Cheffe du gouvernement, M.Samir Saied, Ministre de l’Economie et de la Planification, M.Samir Majoul, Président de l’UTICA et M. Ferid Belhaj, Vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Sous le thème « Tunisie, réformes et valeurs compétitives », le Forum aura pour objectif de mettre en lumière les dernières avancées de l’environnement des affaires et de présenter, à travers les témoignages d’opérateurs, les activités prioritaires qui font de la Tunisie une base innovante pour entreprises internationales.
Lors de son allocution, la Cheffe du gouvernement a déclaré que « malgré les avancées qui ont été réalisées au cours de la dernière période, les indicateurs de l’investissement demeurent en deçà du potentiel de la Tunisie et de ce qu’on aspire ».
Mme Bouden a précisé que les retards accusés dans la réalisation des réformes nécessaires, la complexité des procédures administratives, le manque d’efficacité de la logistique, l’instabilité fiscale expliquent la dégradation des indicateurs de l’investissement en Tunisie.
Evoquant les réformes récemment annoncées par le gouvernement afin de dynamiser l’investissement, Bouden a souligné que le gouvernement a pris un ensemble de mesures nécessaires qui vise à regagner la confiance des investisseurs et des acteurs économiques. Ces mesures d’articulent autour de 4 axes à savoir : l’appui à la liquidité financière et la facilitation de l’accès au financement afin de préserver l’emploi, la redynamisation de l’investissement privé en particulier dans le domaine des énergies renouvelables mais aussi le soutien aux startups et le PPP. Le 3ème axe est lié à l’amélioration du cadre réglementaire et le 4ème axe vise à booster les exportations.
De son côté, M.Samir Majoul, Président de l’UTICA, a appelé, lors de son intervention, à changer de logiciels, c’est-à-dire une économie dont laquelle il faudra aller plus vite et plus fort. Et d’ajouter : « Il est nécessaire aussi d’avoir une administration numérisée et partenaire de l’entreprise ».
« L’Etat doit être porteur d’action et non pas un entrepreneur »
Pour M. Ferid Belhaj, Vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, le plus important, c’est que l’investisseur tunisien ou étranger se sent chez lui lorsqu’il vient à la Tunisie.
Et de poursuivre : « Le groupe de la BM et d’autres partenaires de la Tunisie s’alignent derrière toute trajectoire qui permet d’aller vers une ouverture de l’économie, vers plus d’engagement du secteur privé et vers moins de contraintes par rapport à l’investisseur. Les atouts de la Tunisie ne sont pas toujours bien exploités. L’appareil de l’Etat dans l’économie est à revoir. L’Etat doit jouer son rôle de régulateur. Il doit être porteur d’action et non pas un entrepreneur. Il faut avoir plus d’ouverture sur l’investissement, sur le secteur privé et sur la croissance et la création d’emploi ».
L’année 2021 a vu la création de 502 opérations d’investissement d’une valeur de plus de 1300 millions de dinars contre 517 opérations d’investissement en 2020. Au cours du premier trimestre 2022, les investissements directs étrangers (IDE) réalisés en Tunisie ont évolué de 73%. Ils s’élèvent à 596 millions de dinars contre 344,6 millions de dinars à la même période une année auparavant, soit une augmentation de 18% par rapport à 2020 et une baisse de 2% par rapport à 2019. Le défi est grand !
Khouloud AMRAOUI