Par Raouf KHALSI
Il est de bon temps, le 13 Août de chaque année, de faire l’apologie de Bourguiba, véritable libérateur de la Femme tunisienne. Tahar Haddad, avant lui, avait dû affronter les réactions épidermiques des archéos, empêtrés qu’ils étaient dans les fixismes charaïques.
C’est que Bourguiba a osé. Ce fut même sa carte de visite (il était président du Conseil dans le régime beylical) et c’est ainsi qu’il a lancé un défi dans des accents sereins à l’Occident. La Tunisie a même précédé la France dans le droit à l’avortement. En 1956, le jour où le leader faisait voter « ce cataclysme », le monde arabe est resté éberlué.
En fait, si l’on doit parler d’exception tunisienne, de véritable exception tunisienne, c’est au regard du Code du Statut personnel. Parce qu’on sait face à quel désenchantement est allée la Révolution du Jasmin et ce qu’il en est du fameux Printemps arabe. Pire : il y eut même un effet boomerang : les obscurantistes ont pris d’assaut le pays. Les Salafistes, bras « armé » de la mouvance islamiste glorifiait les vertus du Jihad Ennikah, tandis que le « président provisoire », chantre raté du droit-de-l’hommisme avalisait toutes les iniquités rétrogrades de ses alliés au pouvoir.
Les femmes tunisiennes se sont néanmoins dressées en chœur, refusant toute forme d’aliénation et tout retour en arrière.
Sans doute, existe-t-il un fossé abyssal entre celles qui ont réussi leur émancipation, tant pour des mérites propres qu’au milieu socioculturel ambiant, et celles qui plient sous la malédiction de la précarisation et de l’esclavagisme au travail. Cela fait que le tableau de la condition féminine en Tunisie est contrasté.
Quelque part, les mécanismes juridiques protégeant les femmes sont devenus obsolètes. Il existe aussi une certaine conspiration du silence autour de ce que subissent beaucoup de femmes et le regard oblique et réducteur posé sur les mères célibataires.
Il n’empêche : stoïques, les femmes tunisiennes réagissent toujours pour peu qu’on essaie de toucher à leurs acquis. Parce qu’en plus, elles sont en droit d’en réclamer davantage, et plus que jamais après les mirages du Colibe…
Maintenant on se pose cette question : quelle posture dévolue aux femmes tunisiennes au regard des interprétations dont on pourrait draper l’article 5 de la constitution de Saied…
Les fondements de l’islam, de la « Oumma musulmane » ? D’accord. Mais sous quel angle ?