Une semaine nous sépare de la rentrée scolaire. Le citoyen lambda ne se soucie pas de l’envolée des prix et des longues listes des fournitures scolaires uniquement mais ils s’inquiètent aussi à cause de la pénurie de certains produits de base notamment le sucre et le lait.
Rupture de stock !
Une rupture de stock est signalée dans tous les dépôts de la République depuis hier, a annoncé le secrétaire général du bureau fédéral du tourisme, du commerce et des industries de l’agroalimentaire, Souhail Boukhris, dans une déclaration accordée à « Mosaïque FM » ce jeudi 8 septembre 2022. Et d’ajouter que la Tunisie a signé un accord pour l’importation de 20 mille tonnes de sucre de l’Algérie par lot de deux mille tonnes. Il a assuré que jusqu’à ce jour, aucun lot n’est arrivé en Tunisie. Selon la même source, 30 mille tonnes importés d’Inde doivent arriver au port de Bizerte le 18 septembre. Les usines de boissons gazeuses ont suspendu la production durant trois jours à la fin du mois d’août et les usines de fabrication de biscuits pour une durée de dix jours à cause de la pénurie de sucre enregistrée depuis la fin du mois de juin, a ajouté Boukhris.
Les citoyens ne se plaignent pas seulement de la rupture du stock du sucre mais ils se soucient, également, des quantités limitées du lait. Des photos prises dans des grandes surfaces circulent depuis des heures dans les réseaux sociaux, ils montrent les rayons vides dans les supermarchés et des affiches qui appellent les consommateur à ne pas dépasser l’achat d’un pack du lait. Le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Noureddine Ben Ayed, a déclaré, lors d’une séance de travail, tenue le mercredi 7 septembre 2022, portant sur les préparatifs de la saison des grandes agricultures, que le secteur laitier agonise. Il a appelé le gouvernement à réagir pour le sauver. Selon la même source, « le secteur laitier agonise et la solution réside dans la réduction du prix des fourrages, d’autant plus qu’il représente 80% du coût de la production et de revoir le prix du lait à la hausse, avec 800 millimes au moins »
Augmentation du taux de l’inflation à 8.6% au mois d’août
L’inflation a confirmé sa tendance haussière, au mois d’août 2022, en augmentant encore une fois pour atteindre le taux de 8,6% après 8,2% en juillet, 8,1% en juin et 7,8% en mai, selon la note sur l’Indice des prix à la consommation pour le mois d’août 2022, publiée le 5 septembre 2022 par l’Institut national de la statistique. Cette progression est expliquée essentiellement par l’accélération du rythme des hausses des prix des produits alimentaires (11,9% contre 11% en juillet), des prix du groupe meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer (11,3% contre 10,6% en juillet) et des prix des produits et services d’enseignement (10% contre 9,8% en juillet).
En aout 2022, les prix de l’alimentation ont enregistré une hausse de 11,9% sur un an. Cette hausse provient principalement de l’augmentation des prix des œufs de 28,3%, des volailles de 22,1%, des huiles alimentaires de 21,4%, des fruits frais de 18,4%, des légumes frais de 15,8% et des dérivées des céréales de 12,7%.
Les prix des produits libres (non encadrés) ont évolué de 9,8% sur un an. Les prix des produits encadrés augmentent quant à eux de 5%. Les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 14,1% contre 0,5% pour les produits alimentaires à prix encadrés, lit-on encore dans le rapport de l’INS. Au mois d’aout 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4% après 1% au mois de juillet et 0,7% au mois de juin. Cette augmentation est principalement liée à la hausse des prix des produits alimentaires et boissons de 1,4% et des prix des produits et services d’enseignement de 1,3%.
Check-up de la Banque mondiale
Avec un taux de croissance prévu de 2,7% en 2022, l’économie tunisienne semble sur une trajectoire de croissance légèrement inférieure à celle qui était précédemment prévue, estime la Banque mondiale (BM), dans un bulletin de conjoncture spécifique à l’économie tunisienne rendu public, mercredi 7 septembre 2022.
Ce taux sera réalisé, si le rythme de croissance continue, soit 0,8 points de croissance trimestrielle comme c’était le cas, en moyenne entre le deuxième trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022.
Toutefois, si la tendance de reprise pré-guerre se poursuit (1 ,27 point de croissance entre le deuxième trimestre 2021 et le premier trimestre 2022), l’économie pourra réaliser un taux de croissance de 3,1 %.
Selon le rapport, ce scenario optimiste est, toutefois, moins probable que le premier dans la mesure où l’effet rebond du second semestre de 2021 risque de s’estomper en raison des conséquences de la guerre russo-ukrainienne.
D’après la BM, si la baisse de la demande européenne se confirme et les conséquences des restrictions budgétaires se font sentir à court terme (baisse de la consommation, baisse de l’investissement public), la tendance positive risque de s’inverser et un scenario pessimiste peut conduire à une croissance en 2022 de 2,4%.
Pénurie de produits de base, augmentation du taux de l’inflation à 8.6% et des perspectives de croissance jugées « très incertaines » par la Banque mondiale ; tous ces indicateurs inquiètent certains experts économiques qui estiment que les prochains jours seront les plus difficiles pour le citoyen lambda. D’autres experts essaient, en revanche, de rassurer les Tunisiens et précisent que cette crise économique n’est pas, exclusivement inhérente à la Tunisie. Elle concerne de facto le monde entier, et ce, à cause de la crise russo-ukrainienne.
Ghada DHAOUADI