Le Temps News : Qu’est ce qui préoccupe les enfants avant leur premier jour d’école ?
Melek Sassi Boughzala : Ce qui peut préoccuper un enfant c’est un ensemble de mauvaises expériences antérieures avec l’école, une mauvaise expérience vécue par un frère peut être. L’inconnu peut le préoccuper aussi ; une nouvelle maîtresse, une nouvelle école, de nouveaux copains. Se séparer de ses parents est préoccupant aussi pour un enfant, surtout dans certaines situations particulières comme un parent malade, un deuil récent, un nouveau bébé dans la famille, un couple instable etc.
Mais pour les tout petits, ils ont du mal à se projeter dans le futur et ils ne vont donc pas vraiment être préoccupés par tout ça. C’est le parent qui va l’être plus que l’enfant et tant mieux en quelque sorte ! Un parent bien préparé va pouvoir accompagner son enfant en l’aidant à imaginer l’expérience de la rentrée et le préparer au mieux à ce changement afin d’éviter le choc le jour J ! Le parent va donc construire une image mentale avec son enfant, une image la plus proche possible de la réalité afin que l’enfant ne soit pas complètement dépaysé à la rentrée.
Une période d’adaptation est-elle indispensable pour l’enfant et le parent ?
Absolument ! C’est l’un des critères que j’évoque dans ma formation « Sacrée Rentrée ». Tout le monde ne le fait pas mais de plus en plus de structures d’accueil et de parents font une adaptation c’est-à-dire une rentrée progressive, sur plusieurs étapes. Par exemple 2h par jour pendant quelques jours pour les tout petits, puis quelques demi-journées avant de laisser bébé une journée entière. 2h le premier jour, une demi-journée le lendemain, un 3ème jour sans goûter avant une 4ème journée entière pour les plus grands ! Il y a tant de formules possibles que d’enfants, de parents et de structures. Si la structure d’accueil que vous avez choisie ne propose pas d’adaptation je vous invite à la provoquer et à emmener votre entre chaque jour un peu plus que le jour d’avant dans la mesure du possible! Les structures vont finir par suivre le mouvement !
Les parents doivent-ils pleurer devant leurs enfants ? Doivent-ils faire confiance à l’enseignant ?
Pleurer de joie ? Pourquoi pas (rire) Plus sérieusement, voir son parent pleurer devant l’école peut être insécurisant pour l’enfant ! L’idée n’est pas du tout de cacher ses émotions mais de les partager de manière cohérente et sécurisante avec l’enfant. Si cette rentrée nous dépasse et nous donne des larmes, trop de larmes, il vaut mieux consulter. Notre enfant a le droit de nous entendre exprimer ce qui nous tracasse, ce qui nous réjouit, mais il n’est pas notre psy ou coach ! Et justement par rapport à votre question sur la confiance envers l’enseignant et si on le connaît et on lui fait vraiment confiance tant mieux, partageons le avec plaisir avec l’enfant, si on ne connaît pas du tout la maîtresse il vaut mieux dire à l’enfant que l’on fait confiance à l’école et qu’on invite à découvrir la maîtresse ensemble et voir ce qu’il aime chez elle, ce qu’il aime moins peut être. Mais lui dire qu’elle est super gentille alors qu’on ne l’a jamais rencontré ce n’est pas très cohérent pour l’enfant ! Un enfant à besoin de pouvoir faire confiance à son parent, il n’a pas besoin d’un parent qui le rassure quitte à lui mentir !
Lorsqu’un enfant fait sa rentrée, plusieurs angoisses ou appréhensions peuvent exister. Comment les parents peuvent-ils aider leurs enfants à trouver leur place parmi leurs nombreux camarades de classe ? Doivent-ils parler à leurs enfants après leur journée d’école ?
Attention ici à un point très important. A qui appartiennent ces angoisses ? Plutôt au parent ou à l’enfant ? Ça changera tout dans l’approche et dans les outils d’accompagnement à mettre en place pour l’enfant et pour toute la famille d’ailleurs. La place dans le collectif se travaille avant tout à la maison, via la place de l’enfant dans sa famille. C’est un travail quotidien et qui s’apprend et non pas un travail à faire la veille de la rentrée. C’est un travail de prévention, de suivi et de réparation si besoin. D’où l’importance en effet d’une communication après la journée d’école aussi. Il ne s’agit pas de demander à l’enfant comment c’était sa journée ! C’est trop vague pour un enfant. Privilégiez les questions fermées comme ‘Tu peux me dire 3 choses que tu as aimé aujourd’hui ? 3 choses que tu as moins apprécié ?’. Énormément de techniques, de jeux, d’astuces pour faire parler son enfant après l’école que vous retrouverez dans ma formation Sacrée rentrée (Instagram Melek Sassi Boughzala)
Que faire si l’enfant ne veut plus aller à l’école après sa première journée ?
Après le premier jour d’école, il y a une confrontation dans la tête de l’enfant entre l’image mentale de l’école construite avec le parent, et la réalité vécue par l’enfant lui-même, d’où l’importance que cette image soit la plus objective possible ! Dans ce cas la clé est cet art d’échanger avec son enfant après l’école via un accueil de son ressenti, des questions fermées, le jeu et des outils adaptés à ses difficultés.
Bon nombre de parents craignent que leurs enfants souffrent comme ils ont souffert durant leur propre scolarité. Comment peuvent-ils gérer leurs appréhensions ?
C’est déjà une bonne chose que le parent soit conscient que ce malaise lui appartient, appartient à son histoire ! Ce n’est pas toujours le cas et la prise de conscience sur laquelle on travaille pendant les consultations aident énormément les familles. Dans certains cas la prise de conscience est suffisante et pour d’autres cas un accompagnement spécifique au parent est recommandé.
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA