Un homme désespéré a braqué une banque mardi dans l’Est du Liban, exigeant de transférer de l’argent à son fils étudiant en Ukraine, avant d’être arrêté, tandis que deux incidents similaires se produisaient dans d’autres régions. Les banques avaient rouvert fin septembre avec des mesures de sécurité draconiennes après avoir fermé pendant une semaine en raison d’une série de braquages commis par des clients voulant retirer leurs économies bloquées dans ce pays ravagé par une crise économique inédite. Ali Sahili, un retraité des Forces de sécurité intérieure (FSI), a fait irruption dans une banque de Chtaura (45 km à l’est de Beyrouth), exigeant de transférer de l’argent à son fils, expulsé de son logement faute d’avoir payé son loyer, selon un groupe de soutien aux épargnants.
L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, a retenu des personnes en otages dans l’établissement, a précisé Hassan Mughnié, un porte-parole de l’association « Le cri des épargnants ». Selon lui, Ali Sahili, qui possède plus de 24.000 dollars sur son compte en banque, avait supplié en vain à plusieurs reprises l’établissement d’effectuer un virement à son fils, pour qu’il puisse payer ses frais universitaires et son loyer. Dans une déclaration à une chaîne de télévision locale, le policier à la retraite a indiqué avoir même tenté de vendre un rein pour venir en aide à son fils. Les FSI ont arrêté Ali Sahili après qu’une personne dans la banque est parvenue à le désarmer, a indiqué son frère à un média local, le retraité ayant échoué à obtenir son argent. Depuis trois ans, les banques imposent des restrictions draconiennes, empêchant les clients de retirer leurs économies, en particulier en dollars, ou d’effectuer des virements vers l’étranger.
Depuis le début en 2019 de la crise économique, les parents des Libanais étudiant à l’étranger manifestent régulièrement pour obtenir le droit de transférer de l’argent à leurs enfants. A Tyr, dans le sud du pays, un homme a également fait irruption dans une banque mardi, exigeant de récupérer son argent, selon « Le cri des épargnants ». Il s’est rendu aux forces de l’ordre après que la banque lui a remis son épargne en livres libanaises, rapporte l’AFP. Et à Tripoli, dans le nord, deuxième ville du Liban, un groupe d’employés d’une compagnie d’électricité locale ont fait irruption dans une banque pour réclamer le versement de leurs salaires, selon l’Agence nationale d’information. Depuis une série de braquages spectaculaires le 16 septembre, les banques ont pris des mesures de sécurité extrêmes, laissant passer les clients au compte-goutte et les fouillant pour tenter d’éviter que de tels incidents se reproduisent.