Les obligations libellées en dollars de la Tunisie reviennent à des niveaux d’avant 25 juillet 2021 pour dépasser, hier, les 80 cent. Un premier signe positif après l’annonce d’un accord préliminaire avec le gouvernement tunisien. Les marchés rétablissent leur confiance dans la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements extérieurs. Une réaction qui intervient moins de 48 heures après l’annonce de la fin des négociations techniques avec le FMI autour d’un programme de financement fixé à 1.472 milliards en DTS, équivalent à 1,9 milliard de dollars. Il sied de préciser que le nouveau programme s’étalera sur quatre ans. Toutefois, faut-il s’attendre à sa validation par le conseil d’administration du FMI lors d’une réunion programmée pour le mois de décembre.
Trêve économique ?
Dans le même contexte, l’analyste financier Nader Haddad vient de publier un post Facebook, où il estime l’impact de cet accord, tant attendu avec le FMI, sur l’image de marque de la Tunisie à l’échelle internationale : « La réaction normale au rendement des obligations va diminuer et le prix de l’obligation va remonter pour revenir à ses niveaux normaux, c’est-à-dire à plus de 80 cent pour un dollar, ce qui va réduire le coût de couverture de la dette tunisienne, par conséquent les CDS (Credit default swap) vont descendre en dessous de 800 points de base ».
Par ailleurs, tous les économistes sont unanimes que cette étape est cruciale en vue d’ouvrir de nouvelles perspectives de financements étrangers auprès d’autres bailleurs de fonds internationaux.
Parmi les principaux objectifs de ce nouveau programme, l’amélioration de l’équité fiscale, le lancement d’un programme global de réforme des entreprises publiques, en commençant par la promulgation d’une nouvelle loi sur les entreprises publiques et l’accélération des réformes structurelles afin de renforcer la concurrence et créer des conditions de concurrence transparentes.
La Tunisie ne pourra pas sortir sur le marché international
Dans le même sillage, l’analyste financier, Moez Hdidane vient de déclarer à la TAP que « Le nouveau crédit, qui sera accordé à la Tunisie (probablement à partir de janvier 2023) ne pourra pas à lui seul combler les besoins de financement de la Tunisie, mais le FMI suggère que cet accord incitera la communauté internationale à contribuer au succès du programme des autorités tunisiennes par le déblocage rapide de financements supplémentaires ».
L’expert a précisé que la Tunisie peut, désormais, compter sur des financements urgents de bailleurs de fonds dans le cadre de la coopération bilatérale mais ne pourra toujours pas sortir sur le marché financier international ».
Moins de 500 millions de dollars /an en faveur des caisses de l’Etat si et seulement si …
Walid Ben Salah, Président de l’OECT, a fait savoir que le FMI déboursera à la Tunisie moins de 500 millions de dollars annuellement si et seulement si, le gouvernement tunisien respecte les conditions de l’accord. Il a indiqué que « les 500 millions de dollars par an, c’est à peu près l’équivalent des échéances à rembourser au FMI, lui-même, au cours des prochaines années au titre des anciens emprunts ».
Au fait, l’expert comptable Anis Wahabi souligne que les autorités tunisiennes devraient annoncer un agenda clair pour la mise en place des réformes structurelles douloureuses mais nécessaires pour le pays. « La partie technique est achevée. Maintenant, le côté politique et diplomatique devra jouer et assumer son rôle. Les efforts déployés par l’équipe gouvernementale créent une certaine « trêve » économique tout en empêchant une nouvelle dégringolade du dinar et une stabilité de la notation souveraine de la Tunisie, qui menaçait de s’effondrer davantage ».
Le FMI a précisé que la détérioration de l’environnement mondial et les prix internationaux élevés des matières premières pèsent lourdement sur l’économie tunisienne, rajoutant aux faiblesses structurelles sous-jacentes dans un contexte socio-économique difficile. Et d’ajouter : « La croissance ralentira probablement à court terme, tandis que la hausse des cours internationaux des matières premières exercera des pressions sur l’inflation ainsi que sur les soldes extérieurs et budgétaires. Le nouvel accord du FEP soutiendra le programme de réforme économique des autorités pour rétablir la stabilité extérieure et budgétaire de la Tunisie ».
Le budget 2023 semble être très difficile. Une cure d’austérité pointe-t-elle à l’horizon ?
Khouloud AMRAOUI