L’Union tunisienne pour l’agriculture et la pêche (UTAP) a appelé, jeudi à une augmentation de pas moins de 600 millimes/litre, du prix du lait à la production, estimé actuellement à 1140 millimes/ le litre, un prix disproportionné par rapport au coût de production qui dépasse les 1650 millimes/litre. L’Union a mis aussi en garde contre le manque et la dégradation de la qualité des fourrages, ce qui nuit à la production de lait, rappelant que les prix élevés des fourrages a aggravé les difficultés auxquelles font face les éleveurs. Par ailleurs, L’UTAP estime que le ministère de l’Agriculture est responsable de la détérioration du système de production en Tunisie, réclamant une subvention des principaux intrants nécessaires à l’alimentation du bétail notamment le tourteau de soja et le maïs, respectivement de 25 et 35%. L’organisation agricole a ajouté, dans un communiqué, qu’elle tient toujours à poursuivre les négociations avec la partie gouvernementale dans ce sens, réitérant « qu’elle n’est pas tenue à respecter n’importe qu’elle initiative qui ne prend pas en considération les revendications des éleveurs ».
1, 6 de litres de lait par jour
Rappelons que, l’utilisation de fourrages de qualité représente un élément clé pour améliorer les résultats en termes de production, de santé et de bien-être des bovins. Chaque fourrage se distingue de par sa composition nutritionnelle, soit le contenu en glucides (fibre et sucres), protéines et autres constituants présents dans une moindre mesure, mais néanmoins importants pour l’organisme, comme les minéraux et les vitamines. Il y a quelques jours, le membre du bureau exécutif de l’Utap, chargé de la production animale, Limam Bargougui a indiqué que la Tunisie consommait 1,6 million de litres de lait par jour. Les 12.000 producteurs de lait présents en Tunisie approvisionnent le marché national par 1,3 million de litres de lait par jour. L’écart de 300 mille litres est couvert par le stock stratégique. Il a assuré que le mécanisme d’élevage passe par de grandes difficultés à cause de la pénurie de fourrage. Selon lui, cette crise a causé une hausse du coût de production des produits d’origines animale comme le lait, la viande rouge et blanche et les œufs.
Bargougui a expliqué que l’Utap considére que la Tunisie était un pays agricole et que l’Etat devait intervenir afin de développer le secteur agricole et limiter l’impact de la hausse des prix sur la production agricole. Tout en rappelant que la Tunisie avait atteint dans le passé l’autosuffisance dans une grande partie de ses besoins. Bargougui a expliqué que le prix de certains engrais vendus en bidon était passé de 100 dinars à 300 dinars en trois ans. D’autres produits nécessaires à la production font l’objet de spéculation. Le problème est que le producteur ne bénéficie pas du soutien de l’Etat. Bargougui a insisté sur la défaillance des mécanismes et méthodes de production actuellement utilisés. Il a rappelé que 95% des fourrages nécessaires à la production de volailles étaient importés de l’étranger. Les fourrages représentent, selon lui, entre 60 et 80% du coût total de production. S’ajoute à ce problème, une forte baisse de la productivité des élevages car plusieurs éleveurs ont vendu leurs troupeaux. Les éleveurs de volailles refusent d’acheter de nouveaux poussins pour continuer leurs activités, a-t-il ajouté.
Hausse démesurée des prix des fourrages
Evoquant la pénurie de lait en Tunisie, Bargougui a rappelé que le maintien des prix de vente, inflige plus de pertes aux producteurs. En revanche, il a assuré que l’augmentation des prix de vente n’aura aucun impact sur le consommateur et que les Tunisiens étaient prêts à accepter une hausse de 0,3 dinar par brique de lait. Quant à la production de volailles, Limam Bargougui a expliqué que la hausse des prix des fourrages était la cause principale des perturbations au niveau de ce secteur. Il a, aussi, évoqué le stockage d’œufs afin de répondre aux besoins des Tunisiens durant le mois de Ramadan. Ceci pourrait ne pas avoir lieu en raison de la baisse de la production. Il a estimé que les éleveurs travaillaient sous la menace. Ces derniers ne reçoivent pas les quantités de fourrages nécessaires ce qui conduit à une hausse du taux de mortalité des élevages et une dégradation de la qualité des produits.
Selon l’UTAP, la sortie de la crise était tributaire de l’adoption de nouvelles stratégies axées sur la diversification des fourrages afin de répondre aux besoins des producteurs tunisiens. La baisse de la production du lait est malheureusement due à plusieurs facteurs, principalement la cessation d’activité de plusieurs éleveurs et la recrudescence de la contrebande. Cette crise perdure depuis quelques mois et risque de s’exacerber encore plus dans les prochains jours. Un secteur qui risque la dégringolade à cause du laisser-aller et du manque d’engagement des autorités concernées.
Leila SELMI